Vanguard News Network
Pieville
VNN Media
VNN Digital Library
VNN Broadcasts

Old April 29th, 2011 #21
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Les raisons profondes d’une occultation


La décision des juges de Nuremberg est très rarement mentionnée avec exactitude. La plupart du temps, on se contente de dire que la Gestapo a été déclarée organisation criminelle, sans autre précision, comme si cette déclaration était valable pour la période juin 1933-septembre 1939. Par exemple, dans son ouvrage intitulé : Le Procès de Nuremberg, Arkadi Poltorak déclare qu’il ne faut pas sous-estimer :

la portée politique et juridique du verdict de Nuremberg, qui a déclaré criminelles des organisations de l’Allemagne hitlérienne comme le sommet du parti nazi (NSDAP), les SS, le SD, la GESTAPO[77].

Jean-Marc Varaut, pour sa part, évoque bien une restriction dans la condamnation, mais il la décrit ainsi :

[…] le tribunal exclut des groupements déclarés criminels — Gestapo, SS, SD et le corps des chefs du parti nazi […] — les personnes dont l’adhésion a été forcée et « celles qui ne savaient pas » que l’organisation servaient à commettre les actes déclarés criminels par l’article 6 du statut[78].

Sous un apparent souci d’exactitude, lui aussi cache soigneusement le fait que la Gestapo a été déclarée « organisation criminelle » seulement à partir du 1er septembre 1939.

Pourquoi cette occultation ? Parce que cette décision infirme une nouvelle fois la thèse selon laquelle les nationaux-socialistes auraient plongé l’Allemagne dans la terreur dès février 1933, interdisant au peuple allemand de revenir en arrière une fois qu’il aurait vu son erreur.
Certes, Hitler fut à la tête d’un régime totalitaire qui voulait travailler sans être gêné par les institutions et l’opposition ; certes, il frappa durement les meneurs communistes ; certes, le régime interna préventivement des personnes soupçonnées d’être des ennemis politiques.

Mais comme d’habitude, on présente tous ces faits hors contexte. On « oublie » de décrire la situation politique de l’Allemagne en 1932 : la totale paralysie des institutions à cause de querelles de partis, la division du peuple victime de la lutte des classes, l’échec du parlementarisme, l’impossibilité de mener une œuvre de longue haleine. On « oublie » aussi de pointer du doigt le danger bolcheviste qui menaçait toujours davantage à mesure que s’aggravait la crise…

En résumé, on « oublie » de dire qu’à cette époque, le salut de l’Allemagne nécessitait un traitement de choc. Il n’était plus question de replâtrer les murs, il fallait tout reconstruire sur des bases nouvelles, c’est-à-dire balayer Weimar, faire cesser les querelles politiciennes, unifier le peuple, écraser le front rouge et prendre les mesures nécessaires pour pouvoir mener une œuvre de redressement sur plusieurs années.

C’est ce qu’a réalisé Adolf Hitler. Dès le 1er février 1933, il annonça :

Paysans, ouvriers et bourgeois doivent tous ensemble fournir les éléments d’un nouvel empire.

Le gouvernement national considère comme son premier et suprême de voir de restaurer l’unité d’esprit et la volonté de notre nation […]. S’élevant au-dessus des professions et des classes, il redonnera à notre peuple la conscience de son unité nationale et politique et des devoirs qui en découlent […].

Nous, les hommes de ce gouvernement, nous sentons que notre responsabilité devant l’histoire allemande nous force à rétablir un organisme national ordonné et par conséquent à surmonter la folie de la lutte des classes.

Nous n’envisageons pas une seule profession, mais toute la nation allemande, les millions de paysans, de bourgeois et d’ouvriers qui tous ensemble, devant les détresses actuelles, vaincront ou tomberont[79].

A l’époque, cette déclaration fut raillée par la presse violemment hostile au national-socialisme. Dans sa livraison du 2 février, la Vossische Zeitung lança :

Cet appel verbeux et ampoulé est un produit et une preuve de l’embarras de Hitler. On ne parle pas ainsi lorsqu’on sait ce que l’on veut[80].

De son côté, le Vorwärts écrivit :

Certains ont cru qu’Adolf Hitler c’est le tournant, que dès qu’il serait chancelier tout irait mieux. Le voici devant eux, les mains vides, sans programme, sans mesure visible, et pour consoler, une promesse à échoir dans quatre ans. Quatre ans, quatre hivers. Quatre ans : cela veut dire : Ils ne savent rien, ils ne peuvent rien faire, ils ne servent à rien ! [Id.]

Mais à la vérité, en parlant ainsi, Hitler répondait au choix du peuple allemand. La presse plus objective ne put d’ailleurs contester qu’il avait derrière lui une grande partie du peuple. Le Lokal-Anzeiger (édition du 31 janvier au matin) constata : « Le nouveau cabinet à de grandes forces qui le suivent ». Plus nette encore, la Deutsche Zeitung souligna :

[…] jamais, depuis le crime de novembre [1918], un gouvernement n’a été en fonction qui ait joui, même approximativement, d’une autorité aussi grande, et qui ait eu en même temps des racines aussi profondes dans le peuple que le gouvernement nommé hier par Hindenburg[81].

En 1933, l’immense majorité du peuple allemand se souciait fort peu de la Constitution, des droits démocratiques ou des libertés individuelles. Car quand on vit dans un taudis sans le sou et avec le ventre vide, on se moque bien d’être « libre » (au sens révolutionnaire du mot). Ce que l’on réclame, c’est une société en ordre, une société qui offre un véritable avenir à ses enfants. Voilà pourquoi les premiers actes d’assainissement de la société entrepris par les nationaux-socialistes (y compris l’internement des principaux meneurs bolcheviste et l’ouverture du camp de Dachau) ne provoquèrent pas une révolution, bien au contraire.

Aux élections du 5 mars 1933 pour le renouvellement du Reichstag, la plupart des partis enregistrèrent des résultats stables par rapport au mois de novembre 1932. Et si les communistes perdirent 1,1 million de voix, les nationaux-socialistes, eux, en gagnèrent… 5,5 millions, passant de 11,7 à 17,2 millions de suffrages, loin devant les socialistes (7,2 millions).

A ceux qui invoqueront une prétendue « terreur » exercée en Allemagne sur les citoyens, je rappellerai qu’à ces élections, les Allemands de l’étranger purent voter hors des frontières. Or, ces votes furent dans leur immense majorité très favorables à la NSDAP. Le 6 mars 1933, le Bayerischer Kurier insista sur le fait qu’en Allemagne du sud, l’important succès de la liste soutenue par Hitler avait été dû « à l’appoint des voix d’Allemands habitant les pays étrangers limitrophes »[82]. Mais il n’y avait pas que les pays limitrophes. En Espagne, par exemple, les Allemands de la colonie de Barcelone allèrent aux urnes sur le vapeur Helle. Sur les 746 qui s’y rendirent, 508 votèrent pour la liste nationale-socialiste, soit 68 %. Or, en Allemagne, cette liste recueillit 44 % des suffrages. Si, vraiment, un climat de « terreur » avait existé à l’intérieur des frontières afin d’influencer le résultat du vote, non seulement la liste soutenue par Hitler aurait dû obtenir 80 % dans le Reich (et non pas 44 %), mais aussi, elle aurait dû réaliser des scores minables à l’étranger…

Ajoutons enfin qu’à ces élections, le « Front Noir Blanc Rouge », officiellement allié à Hitler, gagna 150 000 voix environ, recueillant 3,1 millions de suffrages. En tout, donc, 20,4 millions de citoyens s’étaient reportés sur les partis de la vraie droite, soit près de 52 % des votants contre 41 % quatre mois plus tôt.

De façon évidente, les résultats des élections du 5 mars vinrent démontrer que la majorité du peuple allemand acceptait les mesures prises par le nouveau gouvernement, y compris les mesures d’exception contre les communistes. Là encore, d’ailleurs, la presse de l’époque ne put le contester. Dans son édition du 6 mars au soir, la Berliner Börsen-Zeitung écrivit :

La majorité du peuple allemand s’est prononcée pour le gouvernement Hitler-Papen et elle a donné son consentement à ce que ce gouvernement continue à marcher dans la voie où il s’était engagé dans les premières semaines de son existence, en prenant un certain nombre de mesures décisives pour lutter contre le marxisme[83].

De son côté, la Kreuz-Zeitung souligna :

La démocratie est battue par ses propres armes. Le peuple allemand a confirmé et continué d’en bas la révolution que M. von Papen avait commencé d’en haut. Ainsi la route de l’avenir se trouve tracée. Le gouvernement national ne fera pas à Weimar de droite […]. Il construira un État allemand original et vigoureux [Id.].

Même son de cloche à la Deutsche Tageszeitung qui affirma :

Une conséquence décisive de ce 5 mars, c’est que l’on peut enfin se déshabituer de penser d’une façon parlementaire. Le temps où l’on additionnait anxieusement les couvre-chefs des représentants du peuple, dans le vestiaire parlementaire, pour savoir si, dans chaque cas particulier, on obtiendrait péniblement une majorité ou si l’on ne l’obtiendrait pas, appartient définitivement au passé [Id.].

Citons enfin le journal protestant du Centre la Kölnische Zeitung qui souhaita bonne chance au nouveau gouvernement en déclarant :

Le temps des élections à perpétuité est passé et l’on peut souhaiter que le gouvernement réussisse à entamer l’œuvre de redressement national de l’Allemagne dans les quatre années dont il dispose [Id.].

Toutes ces citation démontrent que la révolution nationale-socialiste fut populaire et le resta, même après l’adoption des premières mesures « anti-démocratiques ». Car le peuple allemand savait que ces mesures étaient dictées non pas contre la masse, mais contre des individus qui, incapables de dépasser leurs préjugés idéologiques ou philosophiques, risquaient de gêner l’œuvre de rétablissement promise.

Dans ce climat, la Gestapo fut un simple outil de protection de l’État contre des minorités agissantes. Elle n’eut ni à mettre en place un réseau national de surveillance, ni à envoyer des centaines de milliers d’individus dans des camps, ni à faire régner la terreur, pour la bonne et simple raison que l’immense majorité du peuple marchait volontairement derrière Hitler. D’où le fait qu’à Nuremberg, les juges renoncèrent à déclarer criminelle cette police avant 1939. C’était impossible, tant l’évidence criait contre les arguments fallacieux du Ministère public.

Tout cela, il faut cependant le cacher aux masses. Voilà pourquoi soixante ans après le verdict de Nuremberg, nos bateleurs publics continuent à occulter le fait qu’au terme du procès de Nuremberg, la Gestapo n’a pas été déclarée « organisation criminelle » pour la période du allant de 1933 à septembre 1939.




[1] Voy. F. Lebrun et V. Zanghellini, Histoire, terminales (éd. Belin, 1983), p. 13, col. B.

[2] Voy. J.-M. Lambin, histoire/géographie, 3e (éd. Hachette, 1989), p. 72.

[3] Voy. « Le train pour la mémoire et l’égalité, du 12 au 21 février 1999 » (plaquette éditée à l’initiative de la coordination PACA de SOS Racisme, 1999), p. 12.

[4] TMI, I, 28. Voy. également l’appendice B de l’acte d’accusation ; TMI, I, 85.

[5] Voy. Notre combat, n° 13, 15 décembre 1939, numéro intitulé : « La Gestapo : ses origines, ses chefs, son organisation », p. 1.

[6] Voy. le Bulletin périodique de la presse allemande, n° 407, 30 décembre 1931, pp. 24-25. Le papier avait été rédigé par un magistrat national-socialiste, le substitut Best ; il portait plusieurs signatures, dont celle du secrétaire du chef de la circonscription, Stavinoga. Notons toutefois qu’aucun haut dignitaire de la NSDAP ne l’avait paraphé. Immédiatement après sa découverte, H. Göring fit une démarche auprès du ministre de l’Intérieur pour lui dire que le Parti était respectueux de la légalité, qu’il n’avait pas été mis au courant de ce projet élaboré à Boxheim et qu’il le réprouvait.

[7] Pour toutes ces informations, voy. le Bulletin périodique…, n° 411, 15 avril 1932, pp. 14-15.

[8] « l’interdiction des SS [lire : SA] constituait une injustice manifeste de la part du Gouvernement Brüning. On avait interdit […] les SA, mais les formations en uniforme des socialistes et des communistes, à savoir le “Front rouge” et la “Bannière du Reich” n’avaient pas été interdites » (TMI, XVI, 259). Les sections d’assaut seront à nouveau autorisées par décret-loi le 17 juin 1932. Mais les gouvernements bavarois et badois maintiendront l’interdiction.

[9] Cette loi a été produite à Nuremberg sous la cote Gestapo-n° 7. Voy. TMI, XXI, 538.

[10] Voy. Notre Combat, déjà cité, p. 1.

[11] « TÉMOIN HOFFMANN. — Tout fonctionnaire qui entrait en service était apprécié du point de vue politique, et tout fonctionnaire qui obtenait de l’avancement subissait à nouveau cette appréciation » (TMI, XX, 183).

[12] « Dr MERKEL. — Tout ce personnel était-il volontaire ou non ? TÉMOIN HOFMANN. — Il s’agissait pour la plupart d’entre eux de fonctionnaires qui étaient entrés dans la Police avant 1933 et avaient été versés dans la Police d’État. Autant que je puisse m’en souvenir, il y avait tout au plus 10 % ou 15 % de volontaires qui fussent entrés après 1933 dans nos services » (TMI, XX, 173).

[13] « Dr MERKEL. — Est-ce que des gens venant du Parti, des SS ou des SA ont été utilisés ? TÉMOIN BEST. — Dans de faibles proportions seulement, étant donné que le service, dans ces services de police, n’était pas bien rétribué et n’était pas, par conséquent, très recherché » (TMI, XX, 139).

[14] TMI, XXI, 535. Pendant les années de guerre, des Waffen SS blessés qui ne pouvaient plus servir sur le front furent affectés à la Gestapo (TMI, XII, 55) ; je suppose qu’ils le furent également à des rangs inférieurs.

[15] Voy. le Bulletin périodique…, n° 421, 2 mars 1933, p. 17, col. A.

[16] « Dr MERKEL. — Est-ce que les fonctionnaires en service étaient éduqués du point de vue politique et subissaient une influence ? TÉMOIN BEST. — Non. Un plan de Himmler prévoyait, aux environs de 1939, que le service principal des races et de la colonisation des SS devait procéder à une formation idéologique de tous les services qui dépendaient de Himmler ; mais tant que j’ai été dans ce service, c’est-à-dire jusqu’en 1940, cela n’a pas été réalisé » (TMI, XX, 145).

[17] « Ils [les membres de la Gestapo] furent largement recrutés parmi les membres des SS et formés dans les écoles de SS et d[u] SD » (voy. l’acte d’accusation à Nuremberg, TMI, I, 85).

[18] « Mais, quant à l’incorporation, même à cette époque [après 1934], de ces éléments SS, ils devaient, quelles que fussent les circonstances, passer un examen. Ils devenaient fonctionnaires et le restaient » (déposition de H. Göring à Nuremberg, TMI, IX, 440).

[19] « Le motif de cette assimilation était le suivant : dans la Gestapo, le fonctionnariat professionnel avait été introduit et maintenu. Mais, en général, le Parti ne tenait pas particulièrement compte du passé politique ou non politique des fonctionnaires. Pour renforcer leur autorité lors de l’exécution de leurs tâches et précisément vis-à-vis des nationaux-socialistes, ils devaient porter l’uniforme […] » (TMI, XXI, 535).

[20] Voy. Schoenere Zukunft, 28 septembre 1930, article intitulé : « Zum Ausgang der deutschen Reichstagwahlen » (A propos des élections allemandes au Reichstag). Rappelons que ces élections avaient amené 107 nationaux-socialistes dans cette assemblée, contre 12 auparavant.

[21] En février 1931, le chômage avait atteint un sommet avec 4 972 000 demandeurs d’emploi. Depuis, le nombre avait décru pour arriver à 3 962 000 en juin 1931. Au 15 juillet, il atteint son niveau le plus bas : 3 956 000. Mais à partir de cette date, il remonta. Au 31 août 1931, on compterait 4 195 000 chômeurs (Voy. le Bulletin périodique…, n° 404, 28 septembre 1931, p. 24, col. A).

[22] Pour toutes ces informations et ces citations, voy. le Bulletin périodique…, n° 401, 17 juin 1931, pp. 12-15.

[23] Voy. le Bulletin périodique…, n° 404, 28 septembre 1931, p. 24, col. A.

[24] Voy. le Bulletin périodique…, n° 403, 20 août 1931, p. 18, col. A.

[25] Voy. la Documentation catholique, n° 595, 16 janvier 1932, col. 145.

[26] Voy. le Bulletin périodique…, n° 408, 25 janvier 1932, p. 8, col. A.

[27] « Il s’agissait, permettez-moi de caractériser la chose par ces mots, d’une suprême mobilisation de nos dernières réserves d’énergie » (TMI, XVI, 267).

[28] Voy. le Bulletin périodique…, n° 420, 30 janvier 1933, p. 17, col. B.

[29] Voy. la déclaration de Walter Funk à Nuremberg ; TMI, XIII, 89.

[30] Voy. le Bulletin périodique…, n° 420, 30 janvier 1933, p. 19, col. A.

[31] Voy. le Bulletin périodique…, n° 420, 30 janvier 1933, p. 19, col. B.

[32] Dixit les Münchner Neueste Nachrichten, livraison du 2 février 1933, cité dans le Bulletin périodique…, n° 421, 2 mars 1933, p. 18, col. A.

[33] Voy. Schoenere Zukunft, 5 octobre 1930, article intitulé : « Was nun in Berlin ? » (Que se passe-t-il à Berlin ?).

[34] Voy. la Documentation catholique, n° 558, 21 mars 1931, col. 704 et 705, note.

[35] Voy. la Documentation catholique, n° 596, 23 janvier 1932, col. 210-1.

[36] Voy. le Bulletin périodique…, n° 401, 17 juin 1931, p. 19. Notons que les nationaux-socialistes étaient quant à eux passés de 17 457 voix à 101 490.

[37] Voy. le Bulletin périodique…, n° 405, octobre 1931, p. 23, col. B. Les nationaux-socialistes avaient gagné 40 sièges, passant de 14 760 à 202 465 voix.

[38] Voy. le Bulletin périodique…, n° 406, 27 novembre 1931, p. 24.

[39] Voy. le Bulletin périodique…, n° 411, 25 avril 1932, p. 22. Les nationaux-socialistes avaient pour leur part gagné plus de 12 000 voix.

[40] Voy. le Bulletin périodique…, n° 412, 16 mai 1932, p. 24. Les nationaux-socialistes, quant à eux, avaient sextuplé leur nombre de voix, celui-ci passant de 203 115 à 1 270 602.

[41] Voy. le Bulletin périodique…, n° 412, 16 mai 1932, p. 21. Dans le même temps, les nationaux-socialistes avaient gagné 153 sièges, passant de 0,8 à 8 millions de voix.

[42] Ibid. p. 25. A ces élections, les nationaux-socialistes gagnèrent plus de 300 000 voix, passant de 20 432 à 328 188.

[43] Voy. le Bulletin périodique…, n° 415, 18 août 1932, p. 16.

[44] « Le centre adopte une attitude négative. Il désire un Gouvernement de majorité avec Hitler » (TMI, XVI, 269).

[45] Voy. le Bulletin périodique…, n° 415, 18 août 1932, p. 17, col. A.

[46] Voy. le Bulletin périodique…, n° 415, 18 août 1932, p. 18, col. A.

[47] Voy. Schoenere Zukunft, 28 septembre 1930, déjà cité.

[48] Voy. la « Déclaration du gouvernement national au peuple allemand », prononcée le 1er février 1933 par A. Hitler (reproduite intégralement dans la Documentation catholique, n° 656, 29 avril 1933, col. 1044).

[49] Voy. le Bulletin périodique…, n° 421, 2 mars 1933, p. 18, col. A.

[50] Voy. le Bulletin périodique…, n° 406, 27 novembre 1931, pp. 21-22.

[51] Voy. le Bulletin périodique…, n° 412, 16 mai 1932, p. 16, col. A.

[52] Voy. Adolf Hitler, Mein Kampf (Nouvelles Éditions Latine, conforme à l’édition de 1934), pp. 480-1.

[53] « Jusqu’à l’automne 1923, la Münchener Post [organe socialiste de Munich] ne nous menaça plus des “poings du prolétariat” » (A. Hitler, op. cit., p. 503).

[54] Voy. le Bulletin périodique…, n° 406, 27 novembre 1931, p. 21, col. B.

[55] Voy. la Documentation catholique, n° 624, 10 septembre 1932, col. 382.

[56] Voy. la Documentation catholique, n° 656, 29 avril 1933, col. 1040.

[57] Voy. la « Déclaration du gouvernement national… », déjà citée.

[58] Voy. le Bulletin périodique…, n° 421, 2 mars 1933, p. 23, col. B.

[59] L’incendie du Reichstag fut-il un attentat communiste ou, comme on le dit aujourd’hui, une provocation des nationaux-socialistes ? Faute d’avoir étudié en profondeur la question, je réserve ma réponse. Dans un camp comme dans l’autre, des arguments qui paraissent sérieux sont avancés…

[60] Voy. la déposition d’E. Kaltenbrunner, TMI, XI, 317. Certes, ces proportions varièrent, surtout pendant la guerre. En 1944, ainsi, les fonctionnaires d’exécution représentaient 40 à 45 % du personnel régulier (TMI, XXI, 534) ; mais à l’époque, la Gestapo ne comprenait plus que 30 000 personnes environ (TMI, IV, 355). Il y avait donc tout au plus 13 500 membres de l’exécutif, soit moins qu’avant la guerre.

[61] « Sur la proposition du Ministère public, le Tribunal n’englobe pas dans cette définition les personnes employées par la Gestapo uniquement à un travail de bureau, de sténographie, à titre de concierge ou à d’autres emplois similaires, en dehors des fonctions officielles » (jugement du 1er octobre 1946 ; TMI, I, 283).

[62] « En dehors de la police politique au sens étroit, il y avait la police du contre-espionnage, la police des frontières. » (déposition de K. Best à Nuremberg, TMI, XX, 143). Voy. également le doc. Gestapo-18 qui traite de la Police frontalière comme une branche de la Gestapo (TMI, XLII, 293-295).

[63] « j’avais fait installer un appareil technique qui […] surveillait les conversations des étrangers importants […]. Cet appareil surveillait de même les conversations téléphoniques faites à l’intérieur de l’Allemagne […] par des personnes qui, pour des raisons quelconques de nature politique ou ayant affaire avec la Police, devaient être surveillées» (déclaration d’H. Göring à Nuremberg, TMI, IX, 471).

[64] « Les dénonciations qui touchaient à certaines déclarations sur le plan politique parvenaient toujours à la police politique de l’extérieur. On ne les recherchait pas, car dans 90 % des cas, on ne pouvait rien entreprendre avec elles » (déclaration de K. Best à Nuremberg ; TMI, XX, 141).

[65] TMI, XXI, 549. Voy également les déclarations d’H. Göring : «[L’arrestation de protection] n’avait rien de nouveau et ce n’était pas une invention nationale-socialiste. De semblables mesures d’arrestation étaient pratiquées auparavant dans l’ancien Reich, en partie contre les communistes et en partie contre nous, les nationaux-socialistes » (TMI, IX, 280).

[66] « Les prisons n’étaient pas à notre disposition dans ce but » (déclaration d’H. Göring à Nuremberg ; TMI, IX, 280-1).

[67] Voy. L. Malvy, Mon Crime (éd. Flammarion, Paris, 1921), p. 43.

[68] Voy. le Catalogue alphabétique des camps de concentration et de travaux forcés assimilés et de leurs commandos et sous-commandos ayant existé en Allemagne pendant la guerre 1940-45 (éd. par le Ministère [belge] de la Santé publique et de la Famille, 1951), p. 308.

[69] « l’Autriche en 1933 a introduit la détention de protection sous le nom de Anhaltehaft et en usa abondamment contre les communistes, les nationaux-socialistes et les sociaux démocrates» (voy. la plaidoirie de Me Merkel : TMI, XXI, 549).

[70] Voy. le document Gestapo-36 à Nuremberg ; voy. également TMI, XXI, 547.

[71] Voy. le document Gestapo-36, déjà cité.

[72] « Plus de cinq millions de réfractaires en dépit de toute la pression officielle » (voy. Albert Rivaud, Le relèvement de l’Allemagne, 1918-1938 [Librairie Armand Colin, 1939], p. 243).

[73] Voy. J. Daluces, Le Troisième Reich (éd. André Martel, 1950), p. 138.

[74] Dans son réquisitoire introductif, un des substituts du procureur général américain à Nuremberg, le commandant Frank B. Wallis, osa déclarer : « Tout acte ou déclaration hostile au parti nazi fut considéré comme trahison et puni en conséquence » (TMI, II, 202).

[75] Certes, un article dans un journal réputé pouvait être considéré comme une action contre l’État ; le 14 juillet 1933, ainsi, un communiqué de presse annonça que, suite à la parution dans le New York Times d’un article injurieux pour l’Allemagne signé de l’émigré Scheidemann, la Gestapo « avait pris la mesure de défense qui s’imposait en faisant arrêter et transporter dans un camp de concentration cinq membres de la famille de Scheidemann qui résidait en Allemagne » (voy. le Bulletin périodique…, n° 427, 10 août 1933, p. 12, col. A). A ma connaissance, toutefois, de telles initiatives restèrent exceptionnelles.

[76] Doc. Gestapo-15, voy. TMI, XX, 302.

[77] Voy. A. Poltorak, Le Procès de Nuremberg (éd. du Progrès, Moscou, 1987), p. 375.

[78] Voy. Jean-Marc Varaut, Le procès de Nuremberg (Librairie académique Perrin, 1992), p. 382.

[79] Voy. la « Déclaration du gouvernement national », déjà citée.

[80] Voy. le Bulletin périodique…, n° 421, p. 18, col. B.

[81] Voy. le Bulletin périodique…, n° 421, p. 16, col. A.

[82] Voy. le Bulletin périodique…, n° 423, p. 8, col. A.

[83] Voy. le Bulletin périodique…, n° 423, 1er avril 1933, p. 2, col. A.
 
Old April 29th, 2011 #22
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

La Gestapo : une organisation défensive


On le voit, si les nationaux-socialistes s’empressèrent de créer la Gestapo, ce n’était pas pour imposer la terreur policière sur tout le pays : c’était avant tout pour se prémunir des adversaires politiques dont l’histoire récente avait montré les méthodes violentes. A Nuremberg, Karl Hoffmann, le rappela sans ambages. A la question : « Les tendances fondamentales de la Gestapo étaient-elles défensives ou agressives ?», il répondit sans hésiter : « Elles étaient uniquement défensives et nullement agressives » (TMI, XX, 171). Se souvenant de tous les soulèvements communistes survenus à partir de 1917 en Allemagne et ailleurs, le jeune État national-socialiste voulait avant tout se protéger…

75 000 agents de la Gestapo ? Des chiffres trompeurs


Je sais qu’ici, certains répondront : « Certes, mais il est bien connu que la meilleure défense, c’est l’attaque. Pour défendre l’État nazi, la Gestapo mit en place des réseaux de mouchards qui surveillaient constamment la population et qui firent régner la terreur »;

Ce sont les fameux « milliers d’agents de la Gestapo, dirigés par Himmler » qu’évoque le manuel scolaire pour classes de 3e cité plus haut.

80 % du personnel de la Gestapo ne participait pas aux enquêtes


Il est vrai que, d’après Me Merkel lui-même, la Gestapo fut composée de « 75 000 personnes pour la période de sa plus grande expansion » (TMI, XXI, 574). Ce nombre peut certes impressionner. Mais il faut relativiser. Car sur ces 75 000 membres, les fonctionnaires d’exécution entraient dans une proportion d’environ 20 % seulement, ce qui représentait 15 000 personnes (Id.). Cet ensemble comprenait : les fonctionnaires du service supérieur (à partir du Regierungsrat et du Kriminalrat) ; les fonctionnaires du service (à partir de l’inspecteur de police) et les fonctionnaire du service intermédiaire (à partir de l’assistant de police) (TMI, XXI, 534). Les autres membres de la Gestapo se répartissaient en trois groupes : personnel administratif (20 %) ; personnel auxiliaire technique (30 %) et personnel de bureau (30 %)[60].

On aurait donc tort de considérer la Gestapo comme un groupe uniquement composé d’enquêteurs, de traqueurs et de mouchards. En temps de paix, le plus gros du personnel (80 %) ne participait nullement aux tâches policières proprement dites. Il s’agissait de sténo-dactylos, de chauffeurs (TMI, XX, 144), d’ouvriers chargés de l’installation, de l’entretien et du service des installations téléphoniques et télégraphiques, de fonctionnaires de l’administration qui veillaient aux questions de personnel et aux questions économiques telles que projets budgétaires, logement, habillement, caisses et comptabilité (TMI, XXI, 534). A Nuremberg, ces gens furent exclus de l’Accusation sur la proposition du Ministère public lui-même[61].

Seuls 9 à 10 000 enquêteurs travaillaient sur les affaires politiques


Ajoutons à cela que les enquêteurs ne s’occupaient pas tous d’affaires politiques, car dès le début la Gestapo engloba la police du contre-espionnage et la police des frontières[62]. Les fonctionnaires du contre-espionnage enquêtaient « sur les cas de haute trahison qui, après examen, étaient dévolus sans exception aux tribunaux » (Id.). Il s’agissait d’un groupe très stable et très isolé des autres services, afin d’éviter toute fuite (TMI, XXI, 574). Quant à la police frontalière, elle :

exerçait le contrôle des passeports à la frontière, contrôlait aussi ce que l’on appelait la petite circulation le long de la frontière. Elle prêtait assistance à la police étrangère en recevant les personnes refoulées, etc. Cette police a également contribué à la lutte internationale contre les stupéfiants et procédé également à des enquêtes criminelles le long de la frontière, qui concernaient des personnes et également certains domaines [TMI, XX, 143].

Ensemble, le contre-espionnage et la surveillance des frontières employaient 5 à 6 000 personnes. Le nombre de fonctionnaires s’occupant d’affaires politiques au sens étroit du terme se montait donc à 9 ou 10 000, soit 13 % du total (TMI, XXI, 574). Or, rappelons qu’en 1937, l’Allemagne comptait environ 72 millions d’habitants (sans compter les Autrichiens). Il y avait donc un policier politique pour 7 200 personnes.

La Gestapo n’avait pas de réseau de surveillance


Par conséquent, il est complètement faux de dire que la Gestapo aurait mis en place un réseau étroit de surveillance du peuple tout entier. A Nuremberg, K. Best fut d’ailleurs formel :

Cela ne se passait pas, comme on l’a prétendu, et comme on le dit encore, comme si la Gestapo avait entretenu tout un réseau d’agents et de mouchards pour surveiller tout le peuple. C’eut été impossible, avec les effectifs peu nombreux de la Gestapo qui étaient employés constamment par les affaires courantes [TMI, XX, 141].

Le témoin expliqua que des services de renseignement furent mis en place uniquement « dans les cas où l’on supposait l’existence de groupes organisés, comme le parti communiste par exemple, ou bien [comme] les services de renseignement de l’ennemi qui travaillaient dans un but d’espionnage » (TMI, XX, 141). Cette surveillance comprenait également des écoutes téléphoniques[63].

Hormis ces cas, la Gestapo n’avait pas de service de renseignement. Elle n’en avait pas, en particulier, qui aurait couvert tout le territoire. Ses services travaillaient uniquement sur la base de dénonciations reçues directement ou communiquées par d’autres services de police. Et neuf fois sur dix, aucune suite n’était donnée à ces dénonciations[64].

Ces explications, soit dit en passant, s’accordent parfaitement avec ce que répondit H. Göring à Robert Jackson qui lui reprochait d’avoir supprimé « toute opposition individuelle » :

Lorsque cette opposition gênait sérieusement notre travail constructif, nous ne la tolérions naturellement pas. Lorsqu’il ne s’agissait que de bavardages inoffensifs, elle n’était pas prise en considération [TMI, IX, 447].

Gestapo et camps de concentration

La loi sur la « détention de protection »


A cela, on me répondra que par une loi du 28 février 1933, les autorités nationales-socialistes posèrent les bases juridiques de la « détention de protection », qui permettrait d’envoyer de simples suspects en camp de concentration (ce qui fut le cas pour des milliers de communistes). A Nuremberg, l’Acte d’accusation déclara :

Afin de protéger leur pouvoir contre toute attaque et de semer la crainte dans le cœur du peuple allemand, les conspirateurs nazis établirent et étendirent un système de terreur à l’égard de ceux qui s’opposaient au régime et de ceux que l’on soupçonnait de s’y opposer. Ils emprisonnèrent lesdites personnes sans procédure judiciaires, les plaçant en « détention de protection » et dans des camps de concentration [TMI, I, 34.].

Peu après, le procureur américain R. Jackson, lança :

Les camps de concentration en vinrent à parsemer la carte de l’Allemagne et à se compter par vingtaines [TMI, II, 137].

Ainsi présentait-il — faussement — l’Allemagne hitlérienne comme un pays peuplé de policiers qui auraient traqué, arrêté et interné sans autre forme de procès tous les citoyens déclarés suspects.

Qu’en fut-il réellement ? S’il est indéniable que la loi du 28 février 1933 a bel et bien été promulguée, écoutons tout d’abord Maître Merkel. Dans sa plaidoirie, il rappela :

En Allemagne […] la détention de protection existait avant 1933 ; à l’époque, les communistes et les nationaux-socialistes étaient écroués par la Police[65].

Les nationaux-socialistes n’avaient donc rien inventé.

Les camps ne sont pas une invention nationale-socialiste


La seule différence résidait dans le lieu de détention : avant 1933, les citoyens appréhendés étaient mis en prison ; après 1933, ils furent envoyés dans des camps. Pourquoi dans des camps ? Tout simplement parce que, en février 1933, les prisons ne purent être mises à la disposition d’H. Göring pour interner tous les responsables communistes qu’il allait faire arrêter[66]. Par conséquent, les nationaux-socialistes reprirent la vieille idée qui consistait à enfermer des populations réputées hostiles dans des camps de concentration. A Nuremberg, H. Göring lança :

je voudrais faire remarquer que le nom de camp de concentration n’a pas été inventé par nous ; il est apparu dans la presse étrangère ; nous n’avons fait que le reprendre [TMI, IX, 281].

C’était incontestablement vrai. Lors de la guerre de Boers, la presse française désigna les camps anglais où étaient parqués les femmes et les enfants boers sous le vocable : « camps de reconcentration ».

Dans un livre publié en 1921, l’ancien ministre de l’Intérieur français Louis Malvy écrivit le plus naturellement du monde :

nous avons décidé, le 15 septembre 1914, que les Austro-Allemands [résidant en France] seraient internés dans des camps de concentration. Au début d’octobre, leur nombre était de 35 000[67].

Rappelons enfin qu’à partir de 1923 :

Le Ministère de la Justice du Reich avait instauré des camps et prisons dans l’agglomération [de Papenburg] dans l’Emsland[68].

En ouvrant des camps, les nationaux-socialistes n’ont donc pas innové : ils avaient été précédés par les Anglais, les Français et les républicains de Weimar. Notons d’ailleurs qu’à la même époque, l’Autriche « démocrate » publia une ordonnance qui autorisait la « détention préventive » (Anhaltehaft) des adversaires politiques[69]. Ceux ci furent parqués dans divers camps de concentration, dont le plus connu était celui de Kaisersteinbruch. En 1946, E. Kaltenbrunner rappela :

A cette époque [1933-1934], le Gouvernement enfermait dans des camps, non seulement les nationaux-socialistes, mais aussi les sociaux-démocrates et les communistes pour éviter tous les désordres politiques qui provenaient de réunions ou de manifestations. J’étais parmi les quelques 1 800 nationaux-socialistes qui furent alors arrêtés [TMI, XI, 242].

Les membres de la Gestapo n’avaient pas le pouvoir d’envoyer un suspect en camp


Cela dit, venons-en au principal. Sous Hitler, n’importe quel agent de la Gestapo pouvait-il envoyer un suspect dans les camps ? Absolument pas ! Certes, l’article 1er de la loi du 28 février 1933 stipulait :

La détention de protection peut être ordonnée comme mesure coercitive de la Gestapo en vue de parer à toutes les intentions hostiles au peuple et à l’État contre les personnes qui mettent en danger par leur conduite l’existence et la sécurité du peuple et de l’État[70].

Cependant, on aurait tort de croire que tout agent pouvait prendre la décision. Comme l’a rappelé Me Merkel :

Les membres de la Police d’État s’occupaient uniquement de l’enquête. Après la conclusion des enquêtes, on vérifiait si les dossiers du Ministère public devaient être soumis ou si l’ordre de détention de protection devait être proposé [TMI, XXI, 547].

Au cas où la deuxième option était choisie, le dossier était envoyé au siège central à Berlin (devenu l’Amt IV du RSHA) qui seul pouvait prendre une décision (renvoi simple devant un tribunal ou placement en détention préventive). L’article 2 de la loi du 28 février 1933 stipulait :

Le service de la Gestapo [devenu plus tard l’Amt IV du RSHA à Berlin] est exclusivement compétent pour ordonner la détention de protection. Les propositions pour ordonner la détention de protection doivent être adressées au service de la Gestapo par les services de direction de la Police d’État ou simplement par les services de la Police d’État. Chaque proposition doit être motivée en détail[71].

Cet article de loi et tous les décrets d’application qui suivirent permirent d’éviter, autant que possible, l’arbitraire. Dans sa plaidoirie, Me Merkel souligna :

les nombreux ordres du RSHA prouvent qu’on a aspiré à une procédure de détention de protection réglée et légale et que l’arbitraire devait être exclu. Le règlement strict de la procédure de détention de protection n’a sûrement pas fait naître chez les fonctionnaires de la Gestapo l’impression qu’il s’agissait là d’une mesure arbitraire et contraire à la loi. Du reste, l’application de la détention de protection a été relativement rare [TMI, XXI, 548].

La preuve par les chiffres


Afin de prouver ses assertions, l’avocat rappela qu’en 1939, dans les camps, il y avait 20 000 détenus de protection, dont la moitié environ étaient des « politiques » ; les autres étant des détenus de droit commun (criminels, voleurs, violeurs… ; Id.).

A la même époque, sur les 300 000 personnes qui se trouvaient en prison, le dixième y était pour des délits dits politiques (Id.). On arrive à un total de (10 000 + 30 000 =) 40 000 détenus « politiques » sur une population totale d’environ 80 millions de personnes, c’est-à-dire 0,05 % de la population. Comme dictature, on fait mieux…

Allons plus loin en admettant que ces chiffres aient été sous-évalués. Multiplions-les arbitrairement par deux (+ 100 %). Supposons qu’en 1939, il y aurait eu 80 000 détenus politiques en Allemagne. Comparons cette estimation aux résultats officiels de plébiscite du 19 août 1934, lorsque la population allemande fut invitée à se prononcer sur la loi du 2 août 1934 qui fusionnait les pouvoirs du président du Reich avec ceux du chancelier. A l’époque, il y eut 4 294 654 votes « non » et 872 296 bulletins blancs ou nuls. Soit 5 166 950 personnes qualifiées de « réfractaires » au régime national-socialiste[72]. Jean Daluce ajoute que d’après les « nazis eux-mêmes », « un plébiscite sans pression et sans manœuvre où le vote secret aurait été intégralement respecté pouvait donner, pour l’ensemble du pays, de 30 à 40 % de NON au lieu de 12 % »[73]. Là encore admettons. On en déduit qu’en 1934, il y aurait eu non pas cinq, mais environ quinze millions de « réfractaires » au régime hitlérien.

Par conséquent, si, vraiment, les milliers d’agents de la Gestapo (policiers, mouchards…) avaient impitoyablement traqué et envoyé dans des camps les opposants, même individuels, les personnes détenues en 1939 dans les prisons et surtout dans les camps se seraient comptées par centaines de milliers, voire par millions (et dans ce cas, il aurait effectivement fallu des vingtaines de camps de concentration). Or, nous avons vu que même faisant subir aux chiffres officiels une augmentation de 100 % (ce qui n’est pas rien) on arrive à moins de 100 000 détenus « politiques ».

Il est donc totalement faux de prétendre que, sous Hitler, le simple fait d’avoir marqué son opposition au régime ou de l’avoir critiqué lors d’une discussion dans la rue vous aurait envoyé, sur ordre de la Gestapo toute puissante, dans un camp de concentration[74] (

Au sein du IIIe Reich, on pouvait être un opposant et rester libre ; tout ce que l’on vous demandait, c’était — comme dans tous les pays — de ne pas troubler l’ordre et de ne pas attenter à la sûreté de l’État. A Nuremberg, H. Göring déclara : « chacun savait que s’il entreprenait une action contre l’État, il finirait soit dans un camp de concentration, soit serait accusé de haute trahison et traduit devant un tribunal, selon la gravité de son acte » (TMI, IX, 453).


L’ancien n° 2 du Régime parlait bien d’une « action » contre l’État ; il ne pouvait être question d’interner tous les bavards peuplant les cafés[75]

La Gestapo n’était pas au-dessus des lois


Ajoutons à cela que, comme toutes les administrations, la Gestapo n’était pas au-dessus des lois. Des recours pouvaient être introduits contre ses méthodes. En 1935, un journal administratif du Reich écrivit :

Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 30 novembre 1933 sur la Gestapo, les dispositions de la Police secrète d’État ne peuvent plus être attaquées conformément aux prescriptions de la loi sur l’administration de la Police. On ne peut le faire que par un recours par voie d’enquête[76].

On comprend donc Me Merkel qui, dans sa plaidoirie, souligna :

Ces tâches de la Gestapo étaient, quant à leur fond, les mêmes que celles de la Police politique avant 1933 et que celles de toute autre police politique à l’étranger. Ce qu’on entend par intentions mettant l’État en danger, dépend de la structure politique de chaque État [TMI, XXI, 538.].
[…] je crois pouvoir dire que les tâches et les méthodes de la Gestapo avant la guerre étaient la manifestation et l’expression d’une institution d’État existant dans tous les pays civilisés […]. Le fonctionnaire de la Gestapo remplissait son devoir comme il avait appris à le faire en sa qualité de fonctionnaire [Ibid., p. 570].

Avant 1939, de très nombreuses polices du monde entier ont collaboré avec la Gestapo


Lors des débats, l’avocat produisit deux déclarations sous serments (affidavit Gestapo n° 26 et n° 89) qui rappelaient qu’avant la guerre, de très nombreuses organisations de police étrangères avaient collaboré avec la Gestapo et que des délégations venues d’autres pays avaient effectué des stages dans ses locaux. Dans sa plaidoirie, il déclara avec bon sens :

Si les pays étrangers avaient été choqués par les buts poursuivis par la Gestapo, il n’eût pas été concevable que d’innombrables organisations de police étrangères travaillassent en collaboration directe et étroite, et non pas par l’intermédiaire de la diplomatie, avec la Gestapo allemande, et que des fonctionnaires de police étrangers eussent rendu visite à la Gestapo dans le but évident de prendre des leçons [TMI, XXI, 539-540].

Le Tribunal de Nuremberg donne raison à Me Merkel


Malgré toutes ses tentatives, l’Accusation fut incapable de détruire ces arguments. Si bien qu’au terme des débats, le Tribunal reconnut certes la Gestapo comme une organisation criminelle, mais seulement à partir du 1er septembre 1939. Dans le jugement, on lit :

Le Tribunal exclut donc, du groupe déclaré criminel, les personnes qui avaient cessé, avant le 1er septembre 1939, d’occuper les postes énumérés au paragraphe précédent[c’est-à-dire : « tous les fonctionnaires s’occupant des opérations de l’Amt IV du RSHA, ou faisant partie de l’administration de la Gestapo dans d’autres services du RSHA, ainsi que tous les fonctionnaires de la Gestapo locale, en fonction à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Allemagne, y compris les membres de la Police frontalière » ; TMI, I, 283.]

Preuve que le Tribunal ne considérait pas comme criminelles les activités de la Gestapo en temps de paix. On ne le répétera jamais assez : jusqu’en 1939, la Police secrète du Reich fut une police politique banale, comme il en existe dans tous les pays dits « civilisés ». Elle se contentait de poursuivre ceux qui mettaient activement en danger la sécurité de l’État. Sauf si l’on soupçonnait l’existence de réseaux clandestins armés ou de groupes d’espionnage, ses méthodes d’investigation étaient réduites ; sur dix dénonciations, neuf étaient jetées au panier…
 
Old April 29th, 2011 #23
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

La situation intérieure de l’Allemagne en 1932


A cette époque, le pays vivait une crise économique effroyable. Dans un article publié le 28 septembre 1930, déjà, Josef Eberle avait parlé :

d’un peuple [allemand] poussé aux limites du désespoir, d’un peuple qui s’est vidé de son sang jusqu’aux limites du possible et qui n’a plus rien à perdre[20].

Ce chapitre concernant l’effroyable crise économique allemande étant relativement connu, je n’y reviendrai pas. Je me contenterai de rappeler les faits les plus saillants survenus après la parution de l’article mentionné ci-dessus : le 29 mai 1931, alors qu’un nouveau décret-loi était en préparation pour tenter de combler les déficit financier atteignant 1 250 millions de marks, la Deutsche Tageszeitung parla de « catastrophe économique et financière menaçante ». De nouvelles compressions budgétaires étant prévues, associées à de nouveaux impôts, la Kölnische Zeitung déclara : « les sacrifices actuels touchent aux limites des possibilités […]. Avec eux, la limite des efforts pour l’assainissement intérieur est atteinte ».

La situation était telle que dans le décret-loi publié peu après, le gouvernement prenait des mesures draconiennes, parmi lesquelles : diminution de 4 à 8 % des salaires des fonctionnaires et employés de l’État, réduction de 50 % de l’allocation pour le premier enfant, augmentation des impôts existants sur le sucre, l’eau minérale et les chiffres d’affaire, création d’un « impôt de crise » sur les revenus. Commentant le texte, le Berliner Tageblatt commenta :

Un gouvernement recourt aux moyens les plus extrêmes pour parer à des dangers aigus […]. Les moyens auxquels il a recours dépassent de beaucoup de simples mesures financières. Ils atteignent bien des choses qui passaient pour établies et intangibles.

De son côté, la Leipziger Volkszeitung lança :

Ce qui est indiscutable, c’est que le pessimisme le plus noir a encore été dépassé par ce que l’on connaît des principes du décret-loi…

Mais face à la gravité du moment, la Vossische Zeitung du 7 juin conseillait : « dans la situation politique générale actuelle, le moindre mal est encore de tolérer ce décret-loi ».

A la même époque parut un rapport selon lequel, après la décrue enregistrée depuis février 1931, le nombre de chômeurs allait remonter pour atteindre probablement 4,5 millions de personnes dans le courant de l’année 1932[21].

Or, on annonçait déjà que ces malheureux seraient moins aidés. Par exemple, les ouvriers saisonniers pourraient prétendre à l’assurance chômage s’ils avaient été occupés pendant 30 semaines, contre 26 auparavant, et une allocation leur serait versée pendant 20 semaines, contre 29 auparavant. De leur côté, les ouvriers à domicile et ceux employés dans des ateliers familiaux seraient exclus du bénéfice de l’assurance. Quant à « l’allocation de crise » réservée aux chômeurs en fin de droits, si elle n’était pas diminuée, les délais pour l’obtenir étaient allongés : de 14 à 21 jours pour les chômeurs sans charge de famille, de 7 à 14 jours pour les chômeurs ayant une à trois personnes à leur charge, et de 3 à 7 jours pour les chômeurs ayant plus de quatre personnes à leur charge. D’où des familles qui allaient être totalement privées de ressources pendant parfois deux semaines.

Sans surprise, la presse accueillit avec déception ce rapport. La Berliner Volkszeitung écrivit :


Maintenant que la Commission est parvenue au terme de ses travaux, on est malheureusement obligé de constater qu’elle était inutile. Qu’a-t-on obtenu ? Les longs rapports n’ont rien changé à la misère due à la crise, les projets d’aménagement du travail et de placement restent sur le papier, même l’abréviation de la durée du travail n’a pas été abordée par le gouvernement… Là où les projets de la Commission manifestaient une tendance à réduire les droits des assurés et les prestations sociales le gouvernement Brüning les a faits siens[22].

Malgré cela, l’Allemagne s’attendait à dépenser 2 milliards de marks pour les chômeurs entre le 1er septembre 1931 et le 31 mars 1932 : 500 millions pour l’habitation et 1 200 millions pour les vivres et le charbon[23].

Le 20 juin 1931, le président von Hindenburg lança un appel désespéré au président des Etats-Unis, M. Hoover, pour qu’il sauve le pays menacé par la faillite. Peu après, le 13 juillet, l’un des plus puissants instituts bancaires d’Allemagne, la Darmstädter und Nationalbank, annonça qu’il était obligé de suspendre ses paiements. Une vague de panique s’ensuivit dans le public : les achats de devises étrangères se multiplièrent et des magasins furent pris d’assaut dans la crainte d’une disette généralisée. Afin de calmer les esprits surchauffés, le gouvernement décréta la fermeture de la Bourse et celle des banques jusqu’à nouvel ordre. Il établit également un contrôle sévère sur les achats de devises et décida une taxe de 100 marks sur tous les voyages à l’étranger. Enfin, il annonça que les salaires du mois de juillet étaient assurés et que ceux du mois d’août seraient versés en trois fois. Dans son édition du soir, la Leipziger Volkszeitung écrivit :

Ce que nous voyons en Allemagne, c’est l’écroulement catastrophique, non seulement d’une grande entreprise, mais de tout un régime[24].

Le 15, le chancelier allemand et son ministre M. Curtius partirent à Paris afin « d’entreprendre une action pour obtenir un secours de l’étranger » (Ibid., col. B). Mais cette démarche demeura vaine ; aucun secours ne pouvait être espéré dans l’immédiat : « l’Allemagne devait d’abord faire un effort elle-même » (Ibid., p. 19, col. A). Le gouvernement créa donc une nouvelle banque, la Banque d’acceptation de garantie, au capital de 200 millions, et prit des mesures pour renflouer les autres instituts en difficulté. Le 4 août, dans un discours rassurant, le chancelier Brüning annonça la reprise des paiements pour le lendemain. La crise avait été surmontée, mais elle laissait l’Allemagne encore plus faible qu’auparavant…

Le 11 août, un protocole fut signé à Londres, portant suspension des dettes de guerre et réparations.

Quatre mois plus tard, le 8 décembre, le président von Hindenburg signa la quatrième (!) « grande ordonnance de détresse » portant sur la réductions des salaires, des prix des loyers et sur des mesures touchant les assurances sociales. Le 16 décembre, les salaires des ouvriers métallurgistes dans l’industrie berlinoise baissèrent de 10 à 15 %. Le lendemain, il fut décidé que les salaires dans les mines de la Rhur baisseraient de 10 % au 1er janvier. Dans sa réponse du 1er janvier 1932 aux vœux du corps diplomatique, le président von Hindenburg déclara :

Toutes les branches de notre économie languissent, des millions de nos compatriotes, en dépit de leur capacité et de leur volonté de travail, se voient ravir les éléments fondamentaux de leur existence.
Même les parties de la population qui ne sont pas condamnées à chômer subissent l’effet de la lourde dépression matérielle et morale[25].

Une semaine après, le 9 janvier 1932, Brüning informa l’ambassadeur anglais que l’Allemagne ne pourrait plus, désormais, continuer d’effectuer ses versements au titre des réparations. Dans une déclaration à l’agence Wolff, le Chancelier expliqua :

Il est évident que la situation de l’Allemagne la met dans l’impossibilité de continuer des paiements de caractère politique[26].

Le lendemain, la Germania lança :

L’Allemagne ne refuse pas les paiements parce qu’elle ne veut pas, mais parce qu’elle ne peut pas payer […] [Ibid., p. 9, col. A.].

Deux mois plus tard, une nouvelle « ordonnance de détresse » fut publiée, afin de combler les lacunes de la précédente. Le 4 septembre, un nouveau décret-loi parut afin de ranimer l’économie moribonde. En 1946, F. von Papen déclara qu’il s’agissait d’une « suprême mobilisation de nos dernières réserves d’énergie»[27]. Quelques succès immédiats furent enregistrés (notamment une baisse du chômage ; - 123 000 chômeurs en un mois). Mais par la suite, la situation s’aggrava encore. Fin 1932, le total de la dette s’élevait à 12,26 milliards de marks, en augmentation de 11 millions par rapport au mois de mars[28]. Le nombre de chômeurs était quant à lui d’environ 5,5 millions — ce qui signifiait qu’« une famille allemande sur trois était au chômage »[29] — et d’après l’expert August Rosterg, l’ambitieux projet du gouvernement pour lutter contre ce fléau allait créer tout au plus 667 000 emplois[30]. Quant à l’agriculture, sa détresse était totale. Le 11 janvier 1933, la Ligue agraire — qui ne représentait pas la totalité du monde paysan, mais tout de même… — publia un manifeste qui commençait ainsi :

La misère de l’agriculture allemande, celle des exploitations paysannes de produits sélectionnés, a pris, avec la tolérance du gouvernement actuel, des proportions que l’on aurait pas crues possibles, même sous un gouvernement marxiste. On continue à dépouiller l’agriculture, au profit des intérêts d’argent tout-puissants de l’industrie d’exportation et de ses satellites[31].

Ce manifesta entraîna la rupture immédiate entre le gouvernement et la Ligue agraire.

Oui, vraiment, l’Allemagne se débattait dans un « amas inextricables de problèmes »[32].

Instabilité politique chronique


Cette détresse économique renforçait l’instabilité politique. Le 5 octobre 1930, Josef Eberle se lamenta que depuis 1918, pas moins de dix-sept gouvernements s’étaient succédés en Allemagne. Avec bon sens, il déclarait :

Vraiment ce qui paraît le plus important en Allemagne semble être le couronnement de la Constitution qui par des éléments d’autorité et de stabilité rendrait largement possible cette certitude dans la conduite et la politique. Cette certitude seule peut relever une nation de la débâcle et de la misère pour lui rendre son ancienne grandeur[33].

La suite n’allait cependant apporter aucune amélioration sensible. Le 13 octobre 1930 eut lieu la rentrée du Reichstag avec le premier Cabinet Brüning. Moins d’un an plus tard, le 7 octobre 1931, celui-ci démissionna. Le Chancelier fut chargé d’en former un nouveau, ce qui fut fait dans les 48 heures. Mais ce Cabinet eut une durée de vie encore moins longue que le précédent : le 30 mai 1932, le président du Reich, qui souhaitait une politique orientée plus à droite, nomma F. von Papen chancelier et le chargea de former un nouveau gouvernement. En vingt mois, ainsi, trois Cabinets s’étaient succédés.

Les idées marxistes progressent sensiblement


La détresse économique et l’instabilité politique favorisaient tout naturellement le développement des idées marxistes ou liées au marxisme. Un symptôme parmi d’autres : en Allemagne, le nombre d’adhérents du Mouvement prolétarien et libre-penseur explosait. Parti de 3 322 en 1918, il était passé à 59 829 en 1920, 261 565 en 1922, 464 728 en 1926, 581 059 en 1928 et à environ 700 000 fin 1930, après la scission du mouvement en une aile socialiste et une aile communiste[34].

Au sein des écoles (même confessionnelles), les communistes faisaient circuler des billets invitant les enfants à rejoindre le Jungspartakusbund. Pour devenir Pionnier de cette organisation, le jeune devait s’engager à soutenir inconditionnellement le parti communiste, à organiser la « lutte contre l’instituteur réactionnaire », à créer des cellules dans les classes etc. Bref, l’objectif était de former une jeunesse communiste de choc. Organisée dans un climat de pauvreté générale, cette propagande connut un tel succès que le, 14 décembre 1931, le cardinal Bertram, au nom de tout l’épiscopat prussien, pria les autorités de faire « exécuter toutes les mesures qui p[ouvaient] remédier à l’agitation »[35].

Parallèlement, les communistes ne cessaient de progresser dans les consultations populaires, même si leurs progrès étaient beaucoup moins sensibles que ceux des nationaux-socialistes. En voici quelques exemples :

- 17 mai 1931, renouvellement du Landtag d’Oldenbourg. Les rouges comptabilisèrent 19 389 voix, contre 8 470 trois ans auparavant[36] ;
- 27 septembre 1931, renouvellement du Parlement de Hambourg. Ils gagnèrent huit sièges, passant de 114 257 voix (année 1928) à 168 618[37].
- 15 novembre 1931, renouvellement du Landtag de Hesse. Ils obtinrent 106 775 voix contre 41 280 en 1927[38].
- 14 mars 1932, renouvellement du Landtag de Meckelbourg-Strelitz. Ils gagnèrent près de 8 000 voix, passant de 10 634 à 18 469[39].
- 24 avril 1932, élection en Bavière. Ils doublèrent leur nombre voix, celui-ci passant de 125 842 à 259 400[40].
- 25 avril 1932, renouvellement du Landtag de Prusse. Ils grignotèrent 9 sièges par rapport à 1928, passant de 2,2 à 2,8 millions de voix[41].
- 25 avril 1932, élection au Landtag du Wurtemberg. Ils gagnent 34 000 voix, passant de 82 525 à 116 644[42].

Le 31 juillet 1932 eurent lieu les élections générales au Reichstag. Les communistes arrivèrent en troisième position avec 5 278 094 voix, soit une progression de près de 700 000 voix par rapport à 1930. Ils venaient derrière les sociaux-démocrates qui avaient recueilli près de 8 millions de suffrages (un recul d’environ 600 000 voix par rapport à 1930) et les nationaux-socialistes forts de 13,7 millions de suffrages (un bon de 7,4 millions en deux ans). Commentant ces résultats, la Deutsche Tageszeitung déclara dans son édition du 2 août 1932 :

On doit malheureusement constater que la forte pression des communistes, phénomène dangereux pour l’État lui-même, signifie que le marxisme a dans son ensemble, repris sa marche en avant. Le pourcentage des voix marxistes est, en effet, de 36,5 % contre 34,5 % aux élections de mai 1914[43].

Une situation intérieure qui justifie l’intransigeance de Hitler


Dans cette situation de crise, qu’allaient faire Hitler et ses collaborateurs ? En 1946 à Nuremberg, F. von Papen déclara que fin 1932, même le parti du Centre voulait « un Gouvernement de majorité avec Hitler »[44]. L’ancien chancelier ne mentait pas. Une fois les résultats des élections au Reichstag publiés (le 1er août 1932), la plupart des journaux insistèrent sur le fait que les nationaux-socialistes devaient entrer au gouvernement. Dans son édition du 1er août 1932, la Deutsche Allgemeine Zeitung lança :

Le résultat des élections atteste le désir qu’a le peuple de voir les nationaux-socialistes partager les responsabilités du gouvernement. On peut ergoter sur tous les autres aspects du scrutin du 31 juillet, mais sur ce point aucun doute n’est possible[45].

De son côté, l’organe protestant la Kölnische Volkszeitung s’exprima sans ambages :

Un gouvernement qui a fait expressément appel à la volonté du peuple ne peut pas ensuite ne pas en tenir compte. […] le Centre sera obligé d’exiger que le national-socialisme ne se dérobe pas plus longtemps aux responsabilités. Quand on s’est vanté à ce point d’être un sauveur, on n’a plus le droit de se contenter de discourir. On doit partager les responsabilités du pouvoir. Il y a des moyens très simples pour y amener les nationaux-socialistes [Ibid., p. 17, col. B.]

Plus surprenant encore, ce message fut également lancé par une partie de la presse de gauche. Le 2 août 1932, la Frankfurter Zeitung déclara :

Après ces élections, on ne demandera compte de sa responsabilité à aucun autre parti qu’au national-socialisme. Et il faut prendre aujourd’hui cette expression dans son sens littéral. Les nationaux-socialistes ont le devoir impérieux de participer à la responsabilité gouvernementale. Pour le travail, il ne manque pas. Mais pour le battage, les temps sont passés [Id.].

A ces appels, les nationaux-socialistes répondirent par la plume d’Alfred Rosenberg dans le Völkischer Beobachter :

On entend déjà dire que nous devrions être obligés de partager les responsabilités du pouvoir […]. Il est pourtant bien clair que nous ne songeons nullement à accepter une « participation » quelconque, mais que nous resterons libres comme jusqu’à présent ou que nous assumerons d’une façon incontestable la direction des affaires, laissant alors aux autres le soin de nous reconnaître ou non[46].

De son côté, l’Angriff lança :

Ou bien le parti national-socialiste recevra la direction du gouvernement du Reich, ou bien, si un refus lui est opposé, il y répondra par un combat sans merci [Ibid., p. 18, col. B.].

Pourquoi cette intransigeance ? Tout simplement parce que, face à la crise effroyable qui ruinait le pays, les nationaux-socialistes étaient adversaires des demi-mesures. Comme l’a rappelé W. Funk à Nuremberg :

[En 1932] Le Gouvernement ou les gouvernements n’avaient pas d’autorité. Le système parlementaire n’avait plus aucune efficacité […].
[…] le Gouvernement lui-même n’avait ni la force ni le courage de dominer les problèmes économiques. D’ailleurs, ces problèmes ne pouvaient pas être résolus seulement par des mesures économiques ; il était nécessaire d’instaurer un gouvernement investi des pouvoirs et de l’autorité nécessaire [TMI, XIII, 88 et 89].

Les nationaux-socialistes voulaient donc un changement radical des institutions et des modes de gouvernement afin de mettre fin à l’instabilité politique et, ainsi, d’effectuer un travail de longue haleine pour relever véritablement le pays. En clair, ils voulaient tout le pouvoir pour balayer la république de Weimar, le parlementarisme, la démocratie… et ainsi se mettre sérieusement à l’ouvrage sans être gênés par l’opposition, les sempiternelles élections et les majorités changeantes du fait de la versatilité des masses.
En cela, ils ne faisaient que suivre les conseils du « modéré » J. Eberle. Dans un article paru le 28 septembre 1930, il avait écrit :

Ce que demande le peuple, ce n’est pas l’illusoire droit démocratique, c’est un secours, une aide, une vraie direction. Rappelons-nous la parole du président du Reich [de 1919 à 1925], [Friedrich] Ebert, au ministre Gessler : « Monsieur Gessler, nous serons quelque jour acculés au dilemme : l’Allemagne ou la Constitution. Ce jour-là, nous ne jetterons tout de même pas notre peuple aux chiens pour sauver la Constitution ». Si le social-démocrate Ebert a pu ainsi parler, est-ce que des politiciens chrétiens ne doivent pas, bien plus encore, trouver en eux-mêmes le courage de la même profession de foi et, au-dessus des paroles, le courage de l’action ?... Donnez au peuple d’Allemagne ce que lui offrit dans les siècles passés Rodolphe de Habsbourg après la « terrible période sans empereurs », et le peuple vous portera en triomphe sans vous demander si vous avez respecté les idées et les paragraphes de la Constitution de Weimar[47].

Hitler veut pouvoir gouverner pendant quatre ans sans être gêné


Voilà pourquoi :

- le 13 août 1932, lors de discussions avec le général von Schleicher et le chancelier von Papen, Hitler refusa catégoriquement le poste de vice-chancelier, provoquant ainsi une nouvelle crise politique ;

- après avoir finalement été appelé, comme chancelier, à former un premier gouvernement (30 janvier 1933), le Führer annonça dans sa première intervention d’homme d’État :

Le gouvernement national veut réaliser la grande œuvre de la réorganisation de l’économie nationale d’après deux grands plans quadriennaux : le premier, pour sauver le paysan allemand de façon à conserver la nourriture et par suite la vie de la nation allemande ; le second pour sauver l’ouvrier allemand par une attaque violente et massive contre le chômage.

Durant quatorze ans, les « partis novembriens » [= issus de la révolution de novembre 1918] ont ruiné la profession agricole de l’Allemagne. Durant quatorze ans, ils ont créé une armée de millions de chômeurs.

Avec une énergie de fer et avec une endurance tenace, le gouvernement national réalisera le plan suivant : dans quatre ans, le paysan allemand devra être arraché à la misère ; dans quatre ans, le chômage devra être définitivement vaincu.

Les conditions de relèvement des autres parties de l’économie se réaliseront parallèlement[48].

Hitler terminait ainsi : « Peuple allemand, donne-nous quatre ans, et juge-nous alors », ce qui annonçait clairement la volonté de rester coûte que coûte au pouvoir pendant quatre ans, sans être gêné ni par les institutions, ni par l’opposition. Le lendemain, d’ailleurs, les Hamburger Nachrichten déclarèrent :

Ceux qui ne voudront pas s’y rallier [au projet de relèvement national] ne participeront pas non plus à la reconstruction du Reich et demeureront à l’écart pendant quatre années. Mais ils ne doivent pas s’imaginer qu’ils pourront gêner l’œuvre du gouvernement[49].

Treize ans plus tard, à Nuremberg, H. Göring le confirma sans ambages. Interrogé par son avocat, il déclara le plus simplement du monde :

Il va de soi que, pour nous, si nous obtenions le pouvoir, nous étions décidés à le garder dans tous les cas et à tout prix. Nous ne voulions pas le gouvernement pour le pouvoir lui-même, mais nous voulions le gouvernement et le pouvoir pour libérer l’Allemagne et la rendre grande. Nous ne voulions plus laisser cela au seul jeu du hasard, des élections et des majorités parlementaires, mais nous voulions mener à bien cette tâche pour laquelle nous considérions que nous avions été appelés [TMI, IX, 273].

Le danger bolcheviste


Seulement, il était peu probable que l’autre force montante dans le Reich, le parti communiste, acceptât cette situation. On se souvient que, commentant les résultats des élections au Reichstag du 31 juillet 1932, la Deutsche Tageszeitung avait qualifié « la forte pression des communistes » de « phénomène dangereux pour l’État lui-même ». Le quotidien savait en effet que, fidèle à son habitude, le parti communiste se tenait prêt pour un soulèvement révolutionnaire.

Les mois précédents l’avaient encore démontré. Fin 1931, peu après des désordres sanglants survenus en Saxe, une information avait circulé selon laquelle la police avait découvert des dépôts d’armes et fermé une école rouge préparant à la guerre civile. Sans attendre, le Comité central du parti communiste avait publié un communiqué dans lequel il affirmait réprouver le terrorisme politique. Mais cette protestation n’avait convaincu personne. Le 14 novembre 1931, un quotidien « modéré » comme la Germania avait écrit :

Nous estimons que les déclarations platoniques de ce genre ne signifient pas grand chose et qu’elles ne suffisent à « légaliser » un parti politique capable d’actes de terrorisme.

Trois jours plus tard, lors d’une conférence entre les ministres de l’Intérieur des différents États, le général Grœner, avait « appelé spécialement l’attention sur les tentatives du parti communiste pour désagréger la police et l’armée »[50].

Le 19 avril 1932, des descentes furent opérées au siège de toutes les organisations communistes. Deux jours plus tard, la Police annonça dans un communiqué que ces perquisitions avaient permis de démontrer la survivance illicite d’organisations rouges de combat dissoutes depuis plusieurs années, comme le Front rouge ou le Front des jeunesses communistes (Jungfront)[51].

Le 9 juillet 1932, la Cour suprême de Leipzig condamna treize communistes à des peines allant jusqu’à huit ans de travaux forcés pour complot contre la sûreté de l’État et détention illégale d’explosifs.

Peu après, le chancelier F. von Papen reçut des informations inquiétantes sur un projet d’ « action concertée du service de police du ministère de l’Intérieur de Prusse et des communistes » (TMI, XVI, 263). Preuve que les réseaux à la solde de Moscou avaient pénétré très haut dans les rouages étatiques.

Il était donc à craindre qu’à la faveur d’événements imprévus, les rouges, forts de leurs organisations souterraines et se sachant soutenus par une partie de la population, tenteraient de renverser le nouveau régime, véhicule d’une idéologie dont ils avaient juré la mort depuis plus de dix ans.

Les rouges luttent contre les nationaux-socialistes depuis des années


Rappelons en effet que, dès le début, les troupes de choc communistes voulurent écraser le national-socialisme. Dans Mein Kampf, le chapitre VII du tome II est intitulé : « La lutte contre le front rouge ». Hitler y raconte les premières tentatives des rouges, à partir de 1919, pour étouffer un mouvement naissant dont ils avaient tout de suite flairé le danger. Il écrit notamment :

Les réunions nationales-socialistes […] n’étaient pas des réunions « paisibles ». Ici, les vagues de deux conceptions de vie s’entrechoquaient, et elles ne finissaient pas par de fades déclamations de chants patriotiques, mais par une éruption fanatique de passion raciste et nationale.
[…] nos discours n’étaient pas un bavardage impuissant de « conférenciers » bourgeois, ils étaient, par leur sujet et par leur forme, faits pour provoquer la riposte de l’adversaire. Et il y eut des adversaires dans nos réunions !

Bien souvent ils venaient en foules compactes, encadrant quelques démagogues, et leurs visages reflétaient cette conviction : « Aujourd’hui, nous allons en finir avec vous ! »
Oui, bien souvent, ils ont été amenés chez nous en véritables colonnes, nos amis du parti communiste, avec le mandat bien inculqué d’avance de casser ce soir-là toute la boutique et d’en finir avec toute cette histoire. Et combien, souvent, tout ne tint qu’à un fil, et seule l’énergie sans borne de notre bureau et la combativité brutale de notre propre police de salle purent encore une fois contrecarrer les desseins de nos adversaires.

Et ils avaient raison d’être excités contre nous.
Rien que la couleur rouge de nos affiches les attirait dans nos salles de réunion[52].

Plus loin, Hitler raconte la mémorable réunion du 4 novembre 1921, que les communistes avaient choisie pour régler définitivement son compte à l’adversaire. Plusieurs centaines d’entre eux étaient là. Sur un signal convenu, alors que la réunion se déroulait normalement, ils se ruèrent à l’assaut :

En peu de secondes, la salle fut remplie d’une masse humaine hurlante, au-dessus de laquelle, pareilles aux décharges des obusiers, volaient d’innombrables cruches ; tout autour, le craquement des pieds de chaise, l’écrasement des cruches, des hurlements, des beuglements, des cris stridents, c’était un vacarme infernal [Ibid., p. 502].

Les SA qui assuraient le service d’ordre contre-attaquèrent avec fureur. La bagarre dura vingt-cinq minutes et, après une fusillade, les adversaires furent finalement expulsés :

Vingt-cinq minutes à peu près s’étaient écoulées ; il semblait qu’un grenade eût éclaté dans la salle. On pansait beaucoup de mes partisans ; d’autres durent être emmenés en voiture, mais nous étions maîtres de la situation [Ibid., p. 503].

Bien que cette victoire ait permis de gagner un répit d’environ deux ans[53], la lutte acharnée recommença dès la fin de l’année 1923.

Dans sa livraison du 8 novembre 1931, le Völkischer Beobachter annonça que, depuis 1923, et abstraction faite du soulèvement de Munich, 91 militants nationaux-socialistes avaient été tués dans des bagarres de rue.

Quelques jours plus tard, cet organe parla de 14 morts et de plus de 200 blessés rien que pour le mois d’octobre qui venait de s’écouler
[54]. Le 17 juillet 1932, des batailles rangées entre nationaux-socialistes et communistes à Altona, à Hambourg et dans d’autres localités firent 19 morts et 285 blessés[55]. Du 1er juin au 20 juillet, 322 incidents et rixes politiques survinrent en Prusse (Berlin excepté), faisant 72 tués et 497 blessés (Ibid., col. 384) (

L’attentat « symbolique » du 30 janvier 1933


Dans la nuit du 30 au 31 janvier 1933, des rouges se rendirent coupables d’un attentat « symbolique » qui marquait leur détermination : il assassinèrent l’agent de police Zaunitz et le commandant de la 33ème compagnie d’assaut de Berlin Maïkowicz qui revenaient du « défilé de la victoire ». Les deux victimes furent inhumées le 5 février suivant ; un immense cortège suivit les cercueils, dans lequel figurait l’ex-kronprinz Wilhelm[56]. En guise de réponse, Hitler annonça dans son intervention du 1er février 1933 :

[Le gouvernement national] mènera […] une guerre impitoyable contre les tendances nihilistes dans le domaine moral, politique et culturel. L’Allemagne ne doit pas s’effondrer et ne s’effondrera pas dans le communisme anarchique[57].

Pour les nationaux-socialistes, dont le pouvoir était encore faible (beaucoup pensaient qu’ils ne tiendraient pas plus de quelques semaines…), le danger était donc réel de voir les rouges tenter un soulèvement révolutionnaire à la faveur d’une crise quelconque. Dès le 16 février, d’ailleurs, un quotidien peu suspect de fanatisme, les Hamburger Nachrichten, avait écrit :

L’agglomération de grandes masses d’hommes que l’on rencontre dans les grandes villes et dans les régions industrielles exige, au point de vue de la sûreté de l’État, des organisations de police particulièrement promptes à intervenir. La lutte contre un danger menaçant pour l’État, tel que le bolchevisme, ne peut être abandonnée aux polices locales, mais doit être placée dans une seule main[58].

Les appels étaient d’autant plus pressants qu’à l’époque, l’armée et la police allemandes étaient si faibles qu’on les savait incapables de maintenir l’ordre en cas de troubles et de guerre civile. Le 24 novembre 1932, lors d’une conversation avec F. von Papen sur les mesures à prendre en cas de soulèvement populaire, von Schleicher avait fait venir un officier de l’état-major général. D’après ce dernier :

le cas [d’une révolution] avait été examiné sur le plan pratique et sur le plan théorique, et […] il s’était avéré que la Reichwehr et la Police n’étaient pas en mesure de maintenir l’ordre dans le pays [TMI, XVI, 273].

Voilà pourquoi quelques heures seulement après l’incendie du Reichstag (le 27 février 1933[59]), les nationaux-socialistes choisirent de frapper un grand coup : du 28 février au 5 mars, ils supprimèrent toute la presse communiste, quotidienne et périodique, et firent arrêter 5 000 meneurs communistes, dont leur chef Ernst Thälmann (ce qui n’empêcha pas 4,8 millions d’Allemands de voter communiste aux élections du 5 mars).

Et voilà pourquoi H. Göring tint à disposer d’une police secrète sûre. A Nuremberg, il aborda ce sujet sans aucune gêne. Après avoir rappelé l’existence d’une police politique sous Weimar, il précisa :

J’aurais […] pu mettre de nouveaux agents dans cette police politique et lui laisser sa vieille dénomination. Mais la situation était devenue différente du fait de la prise du pouvoir car, à l’époque, comme je l’ai déjà dit, le parti communiste était extraordinairement fort. Il avait plus de 6 millions d’électeurs et possédait dans ses unités du Front rouge un instrument de pouvoir révolutionnaire au premier chef. Il était très naturel pour le parti communiste de penser que si nous restions plus longtemps au pouvoir, il finirait par perdre le sien. Le danger était là. Il faut se reporter à cette époque de tension politique, d’atmosphère de conflits créée par les partis adverses ; tous cela pouvait mener à des attaques révolutionnaires du parti communiste, d’autant plus que, même après la prise du pouvoir, les meurtres et les assassinats politiques de nationaux-socialistes et d’agents de police ne cessèrent pas. Il s’accrurent même. Et les informations que je recevais étaient telles que je redoutais au plus haut point un mouvement soudain en ce sens. Je ne pouvais donc pas lutter contre ce danger, avec l’organisme tel qu’il existait. Je n’avais pas besoin d’une police sûre seulement dans les services centraux, mais également dans les différentes branches externes. Il me fallait aussi développer cet instrument. Pour déterminer dès le début que la tâche de la police était la sécurité de l’État, je l’appelai : Police secrète d’État et je créai au même moment différentes branches dans cette police […].

Je voulais également que cette police s’occupât exclusivement de la sécurité de l’État et de la surveillance des ennemis de l’État […]. Leur mission [celle des membres de cette police] consistait en premier lieu à mettre sur pied aussi vite que possible les moyens de sécurité contre toute action de la gauche. Je savais — ce qui fut confirmé plus tard — que la Maison des communistes à Berlin, le « Liebknecht-Haus » était extrêmement fortifiée et contenait beaucoup d’armes. Nous avons également découvert à ce moment des relations entre la Représentation commerciale russe et le parti communiste allemand. Bien que j’aie d’un coup arrêté des milliers de fonctionnaires communistes [référence à l’action qui se déroula du 28 février au 5 mars 1933] afin de parer dès le début au danger immédiat, le danger lui-même n’était en aucune façon conjuré. Il fallait agir contre le réseau des associations secrètes et les tenir constamment en observation ; pour cela, il fallait qu’une police fût spécialisée.

Le parti social-démocrate […] ne me semblait pas, de loin, aussi dangereux ; mais, évidemment, il était formé d’adversaires résolus de notre nouvel État. Certains de ses fonctionnaires étaient plus radicaux que d’autres. Les radicaux étaient également surveillés. Tandis que beaucoup d’anciens ministres ou fonctionnaires sociaux-démocrates étaient simplement révoqués et obtenaient une pension de retraite, sans avoir jamais été inquiétés, il y avait d’autres fonctionnaires du parti social-démocrate qu’il fallait surveiller très étroitement. C’est ainsi que la Police secrète d’État [Gestapo] a été créée par mes soins […] [TMI, IX, 279-280].
 
Old April 29th, 2011 #24
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Vincent Reynouard : La vérité sur la Gestapo



Ce que l’on dit de la Gestapo



La GestapoGeheime Staatspolizei (Police secrète d’État) — fut créée le 26 avril 1933. Elle reste le symbole de la « terreur policière » qui aurait existé sous Hitler dès son arrivée au pouvoir et, plus tard, dans tous les pays occupés par l’Allemagne. Les manuels scolaires modernes et les différents documents distribués aux jeunes sont unanimes. La Gestapo était une organisation « nazie » qui surveillait tout le monde :

Le parti national-socialiste est devenu parti unique et les organisations nazies encadrent toute la population surveillée par la police d’État (la Gestapo)[1].

Elle avait à son service des milliers d’agents qui, à longueur de journée, traquaient, arrêtaient, torturaient et envoyaient dans les camps de concentration :

Les nazis créent un État policier et raciste ; la dénonciation est encouragée ; les S.S. et les milliers d’agents de la Gestapo, dirigés par Himmler, arrêtent, torturent et envoient dans les camps de concentration les opposants[2].

Si bien que, à partir de 1933, l’Allemagne connut une ère de chaos et de sauvagerie toujours plus grande :

L’État n’est plus qu’une façade et les multiples organes de sécurité (Gestapo, SD, SS etc.) rivalisent de zèle ce qui plonge l’Allemagne dans le chaos mais pousse également à une escalade dans la sauvagerie[3].

Au « grand » procès de Nuremberg, cette police secrète figura parmi les associations nationales-socialistes mises en bloc au banc des accusés en vertu du principe de la culpabilité collective. Les articles 9 (§1) et 10 du « Statut du Tribunal militaire international » déclaraient en effet :

Art. 9 : Lors d’un procès intenté contre tout membre d’un groupement ou d’une organisation quelconque, le Tribunal pourra déclarer (à l’occasion de tout acte dont cet individu pourrait être reconnu coupable) que le groupement, ou l’organisation à laquelle il appartenait était une organisation criminelle.
[…]
Art. 10 : Dans tous les cas où le Tribunal aura proclamé le caractère criminel d’un groupement ou d’une organisation, les autorités compétentes de chaque Signataire auront le droit de traduire tout individu devant les tribunaux nationaux, militaires ou d’occupation en raison de son affiliation à ce groupement ou à cette organisation. Dans cette hypothèse, le caractère criminel du groupement ou de l’organisation sera considéré comme établi et ne pourra plus être contesté [TMI, I, 13-14].

Ces deux articles rendirent possible la mise en accusation des associations suivantes : le Cabinet du Reich, le Corps des chefs politiques de la NSDAP, la SS, les SA, le SD, la Gestapo, l’État-Major général et Haut Commandement des Forces armées allemandes[4]. C’était le 18 octobre 1945, à l’audience d’ouverture du procès de Nuremberg. Un mois plus tard, dans son réquisitoire introductif, le procureur américain Robert Jackson déclara :

Par l’action de ces formations criminelles, les dirigeants nazis […] instituèrent la règle de la terreur. Ces organisations d’espionnage et de police furent utilisées pour traquer toute forme d’opposition et pour punir toute dissidence. Ces organisations créèrent et administrèrent bientôt des camps de concentration [TMI, II, 137].

Peu après, un de ses assistants, le commandant Frank B. Wallis, lança :

Les formations du Parti, les SA, les SS, ainsi que le SD et la Gestapo étaient les instruments maudits de la suppression de toute opposition, réelle ou en puissance [TMI, II, 202].

La Gestapo reçut comme défenseur maître Rudolf Merkel (TMI, I, 7). Aujourd’hui, les historiens rappellent qu’au terme des débats, cette police fut finalement reconnue « organisation criminelle ». C’est en partie vrai (j’y reviendrai). Mais les propos entendus lors des audiences infirment en grande partie l’histoire officielle.

Une police politique existait en Allemagne avant 1933


Très souvent, par exemple, on affirme ou on laisse accroire qu’aucune police politique n’aurait existé en Allemagne avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Dans sa livraison du 15 décembre 1939, l’hebdomadaire français Notre Combat écrivit :

La République de Weimar avait jugé inutile de créer une police politique. Le premier soin de M. Adolf Hitler, en arrivant au pouvoir, le 30 janvier 1933, fut de réparer cette erreur[5].

C’est complètement faux. Sous Weimar, une police existait, active et efficace, dont le service Ia s’occupait exclusivement des problèmes politiques. Le 3 janvier 1946, Me Merkel interrogea l’ancien chef du SD, Otto Ohlendorf. Voici ce que l’on put entendre :

Dr MERKEL. — Savez-vous si, dès avant 1933, dans le territoire qui constituait alors le Reich, existait une institution similaire de Police politique ?
TÉMOIN OHLENDORF. — Oui, elle existait. Si je me souviens bien, à la Direction générale de la Police de Berlin, et je crois que c’était le service Ia. Dans tous les cas, il y avait des organismes de Police politique.
Dr MERKEL. — Savez-vous quelque chose des activités de cette institution qui existait avant 1933 ?
TÉMOIN OHLENDORF. — Oui, elles étaient les mêmes, en principe au moins [TMI, IV, 353-4.].

Trois mois plus tard, l’ancien chef du RSHA, Ernst Kaltenbrunner, confirma. Prenant comme point de départ janvier 1933, il souligna :

Il existait auparavant déjà une Police d’État. Elle ne s’appelait pas Police d’État, mais section de la police politique [TMI, XI, 317].

Le 31 juillet 1946, enfin, un ancien membre de la Gestapo, Karl Best, expliqua qu’avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir :

dans les différents Länder de l’Allemagne, il y avait des polices politiques qui avaient été créées par les différents gouvernements régionaux [TMI, XX, 137].

Par conséquent, il est faux de croire qu’en avril 1933, A. Hitler (en la personne d’H. Göring) aurait créé ex nihilo une police politique. Sous Weimar, une telle police existait déjà, dans tous les États allemands, même si elle ne s’appelait pas Gestapo.

La police politique de Weimar combat le national-socialisme


Lors du procès, l’accusé n° 1, Hermann Göring, évoqua lui-aussi l’existence de cette police politique en Prusse avant 1933. Questionné par son avocat, il déclara :

Avant notre époque, il y avait également une police politique en Prusse. C’était le service de police Ia. Son travail consistait à surveiller et combattre le national-socialisme et pour partie également le communisme [TMI, IX, 279].

Les exemples de lutte contre le national-socialisme abondent. J’en citerai deux qui firent beaucoup de bruit à l’époque.

Le 25 novembre 1930, suite aux révélations d’un national-socialiste nouvellement élu au Landtag (le député Schäfer), des perquisitions furent opérées à Boxheim, dans la villa du Dr Wagner, conseiller de la circonscription hessoise de la NSDAP. Elles permirent la découverte d’un document qui énumérait des mesures à prendre lorsque, suite à un soulèvement communiste, les nationaux-socialistes auraient pris le pouvoir afin de rétablir l’ordre. La nouvelle fut largement commentée à l’époque[6]. Une procédure judiciaire fut engagée contre la NSDAP, qui dura près de deux ans. Finalement, le 20 octobre 1932, la Cour suprême de Leipzig rendit un arrêt de non-lieu.

Début 1932, les autorités allemandes recueillirent des « informations […] concordantes, provenant du Sleswig, du Hanovre et de la Saxe, au sujet de mouvements de troupes armées des SA » (preuve que Weimar disposait d’un réseau de renseignement efficace). En réaction, le 17 mars 1932, un vaste coup de filet fut organisé par la police politique : 170 bureaux des sections d’assaut et des sections de la NSDAP furent « visités ». De très nombreux documents et des armes furent saisis à Berlin, à Hambourg, à Oldenburg, à Pinneberg etc. D’après ces documents, les nationaux-socialistes se seraient préparés à marcher sur Berlin et à prendre le pouvoir au cas où A. Hitler serait arrivé en tête aux élections présidentielles. Les SA auraient été alertés, pourvus en vivres et en armes. Un réseau de transmission par motocyclettes aurait été établi. L’ordre de marche aurait été un télégramme disant : « Grand-mère est décédée. Max. ».

Malgré l’importance des saisies, la Tägliche Rundschau considéra cette action comme « un acte de vengeance, plutôt qu’une nécessité politique ». Dans son ensemble, d’ailleurs, la presse accueillit ces informations « avec une grande réserve », car il était difficile de savoir si ces préparatifs concernaient un coup d’État ou plutôt une contre-attaque en cas de soulèvement communiste[7]. Quoi qu’il en soit, une action en justice fut intentée devant la Haute-Cour de Leipzig. Dans les jours qui suivirent, en outre, une importante conférence eut lieu entre le général Grœner et les ministres de l’Intérieur de Prusse, de Bavière, de Wurtemberg, de Hesse et de Bade. D’après le Bayerischer Kurier :

Il aurait été décidé de renforcer la surveillance des agissements nationaux-socialistes et d’intervenir énergiquement à la moindre tentative illégale [Ibid., p. 15, col. B.].

Moins d’un mois plus tard, le 13 avril, le président Hindenburg signa un décret-loi qui supprimait les sections d’assaut, les échelons de protection, leurs états-majors ainsi que les organisations qui en dépendaient, et tout l’appareil administratif de l’armée privée des nationaux-socialistes. En 1946, Franz von Papen qualifia cette décision d’ « injustice manifeste de la part du Gouvernement Brüning », car on avait frappé uniquement les milices de la NSDAP, épargnant sans raison celles des socialistes et des communistes[8].

Ces quelques rappels démontrent que, sous Weimar, la lutte contre le national-socialisme grâce à la police politique fut une réalité. On ne saurait toutefois blâmer la république allemande d’avoir agi ainsi. La plupart du temps, en effet, elle frappait lorsque les hitlériens étaient soupçonnés d’attenter à la sûreté de l’État.

Ces précisions effectuées, revenons à notre sujet.

Les objectifs de la Gestapo étaient ceux de toutes les polices politiques du monde entier

Deux lois allemandes


Lorsque, début 1936, la centralisation de la Gestapo fut quasi effective, une nouvelle loi lui dicta sa tâche. Publiée le 10 février, le paragraphe I stipulait :

La Gestapo a la tâche de rechercher toutes les intentions qui mettent l’État en danger, et de lutter contre elles, de rassembler et d’exploiter le résultat des enquêtes, d’informer le Gouvernement, de tenir les autres autorités au courant des constatations importantes pour elles et de leur fournir des impulsions[9].

Quatre mois plus tard, le préambule du décret qui réorganisait et unifiait la police du Reich déclarait :

[La police] est là : […] 2°) Pour préserver le peuple allemand contre toutes les tentatives de destruction d’ennemis intérieurs et extérieurs[10].

Déclarations entendues à Nuremberg


Il n’y avait là rien que de très normal pour une police politique. Le 12 avril 1946, d’ailleurs, E. Kaltenbrunner souligna que la mission principale de la Gestapo avait été celle de toutes les polices du monde :

En premier lieu, la Police d’État, comme dans les autres pays, était chargée d’assurer la protection des institutions de l’État contre les ennemis de l’État à l’intérieur [TMI, XI, 317].

Quelques mois plus tard, le 31 juillet 1946, Me Merkel interrogea K. Best. Voici ce que l’on put entendre :

Dr MERKEL. — Est-ce que ces nouvelles autorités [de police] furent chargées de tâches nouvelles ?
TÉMOIN BEST. — Non, on leur donna les tâches qui avaient été données dans le passé à la police politique.
Dr MERKEL. — De quelles tâches s’agissait-il ?
TÉMOIN BEST. — D’une part, il s’agissait de poursuivre les actes punissables du point de vue politique, tout ce qui concernait les actes politiques ou de caractère politique et, d’autre part, d’assurer des mesures préventives prises par la Police contre ces actes [TMI, XX, 137].

La Gestapo n’avait pas pour mission de véhiculer l’idéologie « nazie »


En particulier, jamais la Gestapo n’eut pour mission de véhiculer l’idéologie dominante. A Nuremberg un ancien chef local de cette police secrète, Karl Hoffmann, fut catégorique :

Dr MERKEL. — Appartenait-il à la Police d’État de représenter les buts idéologiques du Parti ?
TÉMOIN HOFFMANN. — Non. Les tâches de la Police d’État consistaient simplement à parer les attaques dirigées contre l’État, dans le cadre des dispositions et des ordonnances légales [TMI, XX, 171.].

Une Police constituée avec de nombreux hommes déjà en fonction sous Weimar


De nos jours, beaucoup croient qu’une fois arrivés au pouvoir, les nationaux-socialistes se seraient empressés de « nazifier » le pays en dissolvant toutes les anciennes assemblées et en en créant de nouvelle uniquement composées de nationaux-socialistes convaincus. C’est une erreur. L’Académie allemande de Droit en est un bon exemple. Cette structure fut fondée en 1933 par Hans Frank ; sa mission consistait à préparer les lois (surtout dans le domaine économique ou social) ; comme toutes les assemblées de ce genre, son rôle était avant tout consultatif. A Nuremberg, H. Frank expliqua :

[L’Académie] était le lieu de rencontre des juristes les plus éminents d’Allemagne, aussi bien dans le domaine du Droit théorique que du Droit appliqué. Dès le début, je n’ai attaché aucune importance à la question de savoir si ces juristes appartenaient au Parti ou non. 90 % n’en faisaient pas partie [TMI, XII, 10].

Il en fut de même avec la Gestapo. Dans l’acte d’accusation rédigé au premier procès de Nuremberg, le Ministère public prétendit que les fonctionnaires et les agents de cette police nouvellement créée « furent choisis sur la base d’une adhésion inconditionnelle à l’idéologie nazie » (TMI, I, 85).

Certes, lors des audiences, K. Hoffmann concéda que, dans les années qui suivirent la prise du pouvoir, les fonctionnaires nouvellement nommés et ceux qui obtenaient un avancement étaient « appréciés au point de vue politique »[11]. Mais on aurait tort d’en déduire que la Gestapo fut peuplée avant tout de membres du Parti. Car sachant qu’elle devait être une véritable police, immédiatement active et efficace, H. Göring choisit tout d’abord des fonctionnaires connus non pour leurs sympathies nationales-socialistes, mais uniquement pour leur professionnalisme. L’immense majorité n’avait jamais appartenu à la NSDAP.

Les déclarations de Göring à Nuremberg


A Nuremberg, l’ancien n° 2 du Régime expliqua :

[Dans la Gestapo nouvellement créée] J’y pris bon nombre de fonctionnaires éloignés de la politique et uniquement pour leurs connaissances techniques ; au début, je choisis très peu de fonctionnaires du Parti, m’attachant d’abord à leur expérience professionnelle [TMI, IX, 279].

Pour la Gestapo de Prusse, H. Göring choisit comme chef un ancien haut fonctionnaire de la police de Weimar, M. Dielhs :

Le chef de cette police, que j’avais en vue, n’était pas non plus membre du Parti, mais provenait de l’ancienne police. Il s’y trouvait déjà. C’était l’ancien Oberregierungsrat et, plus tard, conseiller ministériel Dielhs. De même, les principaux chefs de la Gestapo étaient des fonctionnaires qui n’appartenaient pas au Parti [Id.].

Confirmation d’un ancien expert juridique…


H. Göring ne mentait pas. Interrogé le 18 avril 1946, un ancien expert du RSHA pour les questions juridiques touchant à la Police, Rudolf Bilfinger, déclara :

Les anciens fonctionnaires des ex-départements politiques des bureaux du Polizeipräsidium [police de Weimar] constituaient le noyau de la Gestapo. Ces départements furent à l’origine des différents services locaux de la Police, et en même temps la plupart des fonctionnaires qui y appartenaient restèrent en place. Ainsi à Berlin, par exemple, ce fut le département Ia du Polizeipräsidium [TMI, XII, 55].

… et d’un ancien chef local de la Gestapo


Venant à l’appui de ces déclarations, K. Hoffmann, précisa que « la plupart » des membres de son service étaient des « fonctionnaire qui étaient entrés dans la Police avant 1933 et avaient été versés dans la Police d’État ». La proportion de volontaires venus après 1933 atteignait « tout au plus 10 % ou 15 %» des effectifs[12]. Pourquoi une proportion si faible ? Tout simplement parce que, étant peu rétribué, le travail dans cette branche n’était pas très recherché[13].


Ajoutons que tous ces volontaires venus du Parti, de la SS ou des SA restèrent d’obscurs subalternes au sein de la Gestapo. Ils furent engagés « presque seulement en tant qu’employés et salariés des services techniques, chauffeurs, télétypistes, auxiliaires etc.»[14].

La Gestapo n’était pas une annexe de la NSDAP


Voilà pourquoi il est faux de dire qu’immédiatement après la nomination d’A. Hitler au poste de chancelier, la NSDAP aurait créé, avec ses propres membres exclusivement, une police politique. Dès le 30 janvier 1933, d’ailleurs, lors d’une rencontre avec les représentants de la presse allemande, le nouveau directeur de la presse du Reich, Walter Funk, avait assuré qu’il « n’était pas question d’incorporer dans la police du Reich les formations hitlériennes »[15].

Treize ans plus tard, à Nuremberg, K. Best fut catégorique sur ce point, comme le démontre le dialogue suivant :

Dr MERKEL. — Est-ce que la NSDAP a créé une police politique quelque part en Allemagne ?
TÉMOIN BEST. — Non, nulle part.
Dr MERKEL. — Est-ce qu’une organisation du Parti a été prise par l’État pour constituer une police politique ?
TÉMOIN BEST. — Non, jamais.
Dr MERKEL. — Est-ce que les services de police politique des divers Länder occupaient en 1933 des membres du Parti ?
TÉMOIN BEST. — Non, ils occupaient les fonctionnaires qui existaient déjà dans ces polices. Seuls quelques fonctionnaires nouveaux ont été admis à cette époque.
Dr MERKEL. — Est-ce que les fonctionnaires dirigeants de ces services étaient des membres du Parti ?
TÉMOIN BEST. — C’était différent dans les divers Länder. C’était, en partie, des fonctionnaires qui, dans le passé, avaient appartenu à d’autres directions politiques et à d’autres partis.
Dr MERKEL. — Pouvez-vous nous citer un exemple ?
TÉMOIN BEST. — Il y a plusieurs exemples connus. Il est connu que le chef de la Police secrète d’État prussienne, M. Diehls, avait eu des idées politiques différentes. Les collaborateurs les plus proches de Himmler et de Heydrich à Munich, qui ont plus tard été appelés à Berlin, comme Müller par exemple, qui devait devenir le chef de l’Amt IV [= la Gestapo lorsqu’elle fut intégrée au RSHA], Huber, Fresch, Beck, avaient été membres du parti populaire bavarois, et le chef lui-même de mon petit service de police de Hesse était un ancien démocrate et un franc-maçon que j’ai, malgré cela, tenu pour capable d’occuper ce poste.
Dr MERKEL. — Pourquoi ces fonctionnaires ont-ils continué à assurer leur service de police sous le régime national-socialiste ?
TÉMOIN BEST. — Parce que, pour un fonctionnaire allemand, c’était une chose évidente que de continuer à servir l’État, même si le Gouvernement changeait, tant qu’il était en mesure de servir son pays.
Dr MERKEL. — Est-ce que ces fonctionnaires ont été exclus plus tard et remplacés par des nationaux-socialistes ?
TÉMOIN BEST. — Non, ces messieurs, en général, ont fait une carrière brillante et ont occupé des postes importants [TMI, XX, 138-9].

Comme le souligna Me Merkel, à partir de janvier 1933 :

N’étaient absolument exclus [de la Police politique] que les fonctionnaires qui s’étaient montrés particulièrement actifs comme adversaires du national-socialisme. Mais ceux-ci n’étaient congédiés qu’en de rares cas. La plupart du temps ils étaient mutés dans la Police criminelle [TMI, XXI, 573].

K. Best précisa également que, au moins jusqu’en 1940, les fonctionnaires de la police ne reçurent aucune formation politique ou idéologique[16].

La Gestapo : une police d’État parfaitement banale

Les explications de Göring...


On en déduit que, loin d’être une arme de combat nationale-socialiste, la Gestapo fut avant tout une police d’État comme il en existait — et en existe encore — partout dans le monde. A la question : « peut-on affirmer que la Gestapo, lorsque vous l’avez créée en 1933, était une unité de combat nationale-socialiste, ou était-ce plutôt une institution d’État telle que par exemple la Police criminelle et autres institutions du Reich ?», H. Göring répondit :

J’ai déjà souligné qu’il s’agissait d’une véritable institution d’État rassemblée autour de l’ancienne police politique qui fut tout bonnement réorganisée et orientée suivant les nouveaux principes de l’État. Cet organisme n’avait pas la moindre relation avec le Parti à cette époque. Le Parti ne possédait aucune influence, aucune compétence pour donner des ordres ou des directives de quelque nature que ce fût. C’était exclusivement une institution d’État. Ses membres, qui en faisaient partie ou y étaient nouvellement incorporés, étaient à cette époque fonctionnaires avec tous les droits et tous les devoirs impartis à leur qualité [TMI, IX, 440].

… confirmées par le témoin Best


Plus tard, K. Best, interrogé par Me Merkel, confirma :

Dr MERKEL. — Qu’était la Gestapo ?
TÉMOIN BEST. — C’était un ensemble d’autorités de l’État […]. Les fonctionnaires de la Gestapo étaient des fonctionnaires de l’État qui avaient en Droit public des relations de fonctionnaires de l’État […].
Dr MERKEL. — La Gestapo était-elle intégrée d’une manière quelconque dans la NSDAP ou d’autres organisations nationales-socialistes ?
TÉMOIN BEST. — Non, les autorités de la Gestapo étaient des autorités purement étatiques [TMI, XX, 136].

Réponse à l’argument selon lequel les membres de la Gestapo étaient des SS


A cela, certains répondront qu’une grande majorité des membres de la Gestapo étaient des SS[17] ; ils en déduiront que cette police secrète était bien une structure de combat nationale-socialiste.

En cela, ils commettent une erreur.

Les SS admis dans la Gestapo étaient désormais considérés comme des fonctionnaires


Lorsque des SS voulaient entrer dans la Gestapo, ils devaient passer l’examen auquel tous les candidats étaient soumis. Et en cas d’admission, ces SS devenaient fonctionnaires de la Police. Certes, ils restaient SS, mais dans le cadre de leur activité, on les considérait comme de simples fonctionnaires[18].

A partir de 1939, une assimilation qui resta « de pure forme »


A la veille ou au début de la guerre, une partie des membres de la Gestapo reçut un poste quelconque dans la SS, avec le grade et l’uniforme qui l’accompagnaient. L’objectif premier était uniquement de renforcer l’autorité des simples fonctionnaires qui agissaient[19]. Si bien que les grades SS conférés aux membres de la Gestapo n’eurent aucune conséquence pratique : les membres de la Gestapo restèrent de simples fonctionnaires et leurs tâches ne furent nullement modifiées. A Nuremberg, H. Göring l’expliqua aisément :

[…] peu à peu, au cours des années, tous les fonctionnaires, qu’ils le veuillent ou non je crois, recevaient un poste quelconque dans les SS. Si bien qu’un fonctionnaire de la Gestapo qui n’avait peut-être jusqu’en 1939 ou 1940 rien eu à voir avec les SS et dont la carrière remontait à l’ancienne époque, c’est-à-dire était déjà fonctionnaire de police sous la république de Weimar, obtenait automatiquement un rang quelconque dans la SS. Mais il restait fonctionnaire, c’est-à-dire que la Gestapo était une administration de la Police allemande [TMI, IX, 440].

Plus tard, le témoin K. Hoffmann confirma en précisant que l’ « intégration dans les SS était une mesure de pure forme ». Voici ce que l’on put entendre le 1er août 1946 :

Dr MERKEL. — […] Les membres de la Gestapo qui avaient été intégrés aux SS par le décret d’assimilation ont-ils passé au service des SS ou du SD et ont-ils servi ces organisations ?
TÉMOIN HOFFMANN. — Non. Cette intégration dans les SS était une mesure de pure forme, et à partir du moment où j’ai été, en théorie, rattaché aux SS en 1939, je n’ai fait de service ni dans les SS ni dans le SD [TMI, XX, 194-5.].

Un opportunisme qui ne changeait rien dans les faits


Certes, il y eut quelques engagements volontaires dans la SS, mais les candidats agissaient par opportunisme, car lors des promotions, Himmler accordait plus facilement de l’avancement si le fonctionnaire de police était également membre de la SS. A Nuremberg, E. Kaltenbrunner expliqua :

Les engagements volontaires doivent avoir été relativement peu nombreux. Je sais qu’ultérieurement, Himmler, lors des promotions, se montra plus réticent si les candidats n’appartenaient pas aux SS et c’est ainsi qu’il y eut des engagements, peut-être pas par conviction mais par désir d’avancement [TMI, XI, 319].

Là encore, ces engagements ne changeaient rien concrètement ; tout juste permettaient-ils — peut-être — de gravir plus rapidement les échelons au sein de la Police.

Conclusion


Par conséquent, on ne peut que rejeter l’argument selon lequel la Police secrète du Reich aurait été une simple branche de la SS, donc une organisation de combat nationale-socialiste. Cette assimilation de membre de la Gestapo dans la SS non seulement fut tardive et très incomplète, mais aussi elle resta une « mesure de pure forme », dictée par les nécessités ou l’opportunisme. Dans sa plaidoirie, Me Merkel le souligna :

Avec l’assimilation les fonctionnaires de la Gestapo […] se trouvèrent de fait dans la formation du SD des SS, mais ils restèrent uniquement soumis à leurs supérieurs hiérarchiques et ne participèrent aucunement au service des SS ou du SD. L’assimilation ne se fit en outre que lentement et dans une mesure infime. Lors de la déclaration de la guerre en 1939, parmi les quelque 20 000 membres de la Gestapo et de la Kripo, 3 000 seulement, en chiffres ronds, avaient été assimilés […].

Durant la guerre, des non-assimilés travaillant dans certaines organisations durent aussi porter l’uniforme SS, sans pourtant en être membres. Du reste, les SS n’ont pas contrôlé la Police et n’ont eu aucune influence quelconque sur son activité ; ce n’est que dans la personne de Himmler que se trouvait une union personnelle des directions des deux services [TMI, XXI, 536].

Pourquoi avoir créé la Gestapo ?

Naturellement, certains pourront répondre : puisqu’il ne s’agissait pas de créer un instrument nouveau, pourquoi avoir changé la structure et pourquoi lui avoir donné un nouveau nom ?

Pour le comprendre, il faut se replacer dans l’Allemagne de 1931-1932.
 
Old April 29th, 2011 #25
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Les tonnes de cheveux et les centaines de prothèses trouvées à Auschwitz ne sont pas la preuve d’un meurtre de masse


Mais l’exterminationniste n’a pas encore épuisé ses arguments : admettons, dira-t-il, que les effets personnels et les vêtements saisis ne prouvent pas que leurs propriétaires aient été tués. Que faites-vous cependant des tonnes de cheveux et, surtout, des dentiers et des prothèses retrouvés à Auschwitz ?

Les Allemands récupéraient les cheveux des déportés tondus à leur arrivée


Ma réponse se fera en deux temps. En ce qui concerne les cheveux, tout d’abord, on sait que dans tous les camps, les détenus étaient entièrement rasés et désinfectés avant d’être immatriculés et affectés dans les commandos.

Voici quelques témoignages sur le sujet :

- Témoignage d’André Rogerie, déporté à Buchenwald ;

[…] je passe dans la salle contiguë ; une dizaine d’hommes sont là, armés de tondeuses électriques, et les poils tombent sur le ciment, les cheveux, le collier de barbe que j’avais laissé pousser à Compiègne, et tout le système pileux de mon individu[35].

- Témoignage de Georges Briquet, déporté à Dachau :

A la queue leu leu, dans la salle de douches, nous passons au coiffeur. C’est la tonte à ras, la tête d’abord, la figure ensuite, plus de moustache, plus de barbe, monsieur le curé ! Puis tous les poils superflus tombent sous la tondeuse, sous les bras, sur la poitrine, sur le bas-ventre, plus bas encore, entre les fesses…, on n’oublie rien ![36]

- Témoignage de Guy Kohen, déporté à Drancy puis à Auschwitz :

Ayant eu la tête rasée à Drancy, un travail était déjà épargné aux coiffeurs du camp[37].

- Témoignage de Pelagia Lewinska, déporté à Auschwitz :

[…] toutes nues, nous nous assîmes devant une des détenues chargée de nous tondre. Des centaines, des milliers de femmes passent sous ses ciseaux. Elle est éreintée, sa main faiblit[38].

- Témoignage de d’une autrichienne :

[…] j’ai été — moi et les 25 000 détenues politiques de mon « carré » d’Auschwitz — j’ai été rasée et tatouée[39].

- Témoignage de Paulette Apfelbaum :

[…] le crane rasé à double zéro, les pieds nus dans les sabots[40].

Tous ces anciens déportés que je viens de citer (et bien d’autres encore) sont revenus de déportation. Pourtant, leurs cheveux avaient été coupés et — n’en doutons pas — récupérés[41].

Quant aux déportés qui ne faisaient que transiter par Auschwitz (avant de repartir soit plus loin vers l’Est, soit dans d’autres camps de concentration), ils étaient également désinfectés, ce qui comprenait nécessairement le rasage et la récupération.

La présence de tous ces cheveux à Auschwitz (sept tonnes d’après les Soviétiques[42]) n’est donc nullement la preuve d’un assassinat de masse ; c’est uniquement la preuve que, pendant la guerre, les Allemands récupéraient tout ce qui pouvait l’être. Comme les habits, des stocks sont finalement restés en souffrance lorsque le système de communication allemand s’effondra définitivement (ou lorsque les usines qui les traitaient furent définitivement détruites).

Sur les prothèses


J’en termine avec les prothèses en général (qu’elles soient dentaires ou non). J’admets sans problème qu’elles ont été prélevées sur des morts. Mais « mort » ne veut pas dire « assassiné ». Les grandes déportations organisées à partir de 1942 ont touché — c’était fatal — des malades, des vieillards, des invalides et des éclopés. A ce sujet, le cas de Theresienstadt est intéressant. Le 20 janvier 1942 à Wannsee, Richard Heydrich déclara :

Pour les juifs âgés de plus de 65 ans, on se propose, non pas de les évacuer vers l’est, mais de les transférer dans un ghetto de vieillards — il est prévu que ce sera Theresienstadt[43].

Ce projet se réalisa, si bien qu’au cours de l’été 1942, ce ghetto se trouva peuplé à 57 % de juifs de plus de 65 ans[44]. Rapidement, toutefois, Theresienstadt fut surpeuplé, si bien qu’à l’automne 1942, près de 20 000 personnes âgées furent, malgré les projets initiaux, déportées vers les confins de la Pologne (Treblinka notamment)[45]. Puis durant l’hiver, une épidémie de typhus exanthématique toucha le ghetto, ne fut jugulée qu’en mars 1943 (Ibid., p. 23). C’est durant cette période que partirent les premiers convois pour Auschwitz. Cinq furent organisés entre le 20 janvier et le 1er février 1943, qui emmenèrent 7 001 personnes (Ibid., p. 242).

Après une pause de sept mois, les départs reprirent et intervinrent régulièrement pendant un an. De septembre 1943 à septembre 1944, ainsi, dix convois partirent pour Auschwitz, évacuant 21 569 personnes (Id.). En octobre 1944, enfin, neuf départs eurent lieu, concernant 14 403 déportés (Id.). Si l’on prend en compte le convoi du 26 octobre 1942, on arrive à un total de 44 839 personnes — dont une grande majorité de vieillards — qui furent finalement dirigées sur Auschwitz.

A ceux-là, il faut ajouter tous les autres, venus directement de Pologne, de France, de Belgique, des Pays-Bas, de la Roumanie etc. Sans compter les centaines de milliers de juifs hongrois déportés en 1944. Parmi ces pauvres gens figuraient nécessairement des vieillards, des invalides et des éclopés. Les clichés reproduits ci-contre et qui ont été pris par les Allemands à Auschwitz pendant mai-juin 1944 sont d’ailleurs très révélateurs.

Un homme qui a assisté aux premières évacuations du ghetto de Varsovie se souvient :

[…] tous les habitants du bâtiment devaient se regrouper dans la cour puis s’entasser au plus vite dans des chariots tirés par des chevaux, sans distinction de sexe ni d’âge, des nourrissons jusqu’aux vieillards […].
J’aperçus [sur la place du rassemblement] des vieillards étendus dans un coin, des hommes et des femmes qui avaient sans doute été raflés dans un hospice. D’une maigreur affreuse, ils paraissaient à bout de force, consumés par la chaleur et les privations[46].

Il est certain que même avant l’effondrement du Reich, beaucoup d’entre eux — moins résistants que les autres — ont dû mourir, soit pendant les terribles voyages, soit pendant les quarantaines, soit dans les camps, lorsqu’ils étaient en attente de transport (mort naturelle, maladie, accident, épuisement, suicide…).

Les Allemands se sont donc retrouvés avec des cadavres dont un certain nombre portaient des prothèses. Celles-ci ont été récupérées. Pourquoi ? Deux raisons me paraissent devoir être invoquées, qui se complètent :

a) la recherche effrénée de tout ce qui pouvait constituer de la matière première (bois et métaux — parfois précieux — des prothèses notamment) ;

b) les économies de combustible : sachant que les cadavres à Auschwitz était brûlés dans des fours et que, pendant la guerre, le combustible manquait, certaines prothèses en bois (jambes ou bras notamment) devaient être retirées afin d’alléger sensiblement les charges.

C’est sordide, j’en conviens, mais c’est sans rapport avec une extermination de masse.

Naturellement, certains pourront rejeter ces explications. Mais j’en reviens à ce que j’ai écrit au début de cette partie : à supposer que les Allemands aient massacré tous ces gens, pourquoi auraient-ils gardé (puis abandonné) toutes ces prothèses qui devaient plus tard constituer autant de preuves ? A-t-on déjà vu un assassin tenter d’effacer certaines traces de son crime et, en même temps, conserver soigneusement ce qui permettra de le condamner ? C’est absurde.


Voilà pourquoi je n’hésite pas à le dire : ces tonnes d’affaires retrouvées en 1945 par les Soviétiques (cheveux, vêtements, effets personnels, prothèses…) ne prouvent pas qu’Auschwitz aurait été un centre d’extermination... Elles prouvent uniquement que dans une guerre totale, certaines barrières morales s’effondrent.



[1] Voy. Nice-Matin, 20 décembre 2003, p. 2.

[2] Voy. Tribune Juive, 14 mars 2003, p. 19.

[3] Voy. le Journal du Dimanche, 7 décembre 2003.

[4] Voy. Plume, le journal de l’APEL, n° 24-26, édition spéciale consacrée à Auschwitz.

[5] http://pedagogie.ac-aix-marseille.fr/etablis/lycees/A_Briand/pologne/temoignage.htm.

[6] Voy. le Journal du Dimanche, art. cit.

[7] Voy. Nice-Matin, 14 février 2004, art. cit.

[8] Dans un compte rendu de voyage rédigé par des élèves du lycée Edgar-Quinet (Paris), sous une photographie des ruines d’un crématoire, on lit : « On est dans une sorte de cimetière sans tombes, sans cadavres. On y a brûlé des hommes 24 h sur 24, pour se débarrasser des cadavres. Les nazis veulent faire disparaître les traces de ce qu'ils ont fait » .

[9] Lorsqu’ils évacuèrent le camp, les Allemands brûlèrent les bâtiments où avaient été entreposés les ballots de cheveux, les habits, les chaussures etc. Mais six d’entre eux échappèrent à la destruction. Si, vraiment, ces derniers avaient renfermé les preuves d’un monstrueux crime à cacher, les autorités du camp auraient veillé de près à leur disparition. (Sur la destruction des bâtiments, voy. le document URSS-008 in TMI, XXXIX, pp. 260-261. Voy. également Le Choc. 1945. La presse révèle l’enfer des camps nazis [éd. de la FNDIRP, 1985], p. 70 ; J. Garlinski, Volontaire pour Auschwitz [éd. Elsevier Sequoia, 1976], p. 88).

[10] Voy. Raul Hilberg, La destruction des juifs d’Europe (éd. Fayard, 1988), p. 410. Les quantités autorisées varient parfois. Dans ses mémoires, Wladyslaw Szpilman parle de « vingt kilos de bagage par tête, des provision de bouche pour deux jours… et [les] bijoux » (voy. W. Szpilman, Le Pianiste [éd. Robert Laffont, 2001], p. 105). Benedikt Kautsky raconte : « les Juifs étaient incités à prendre avec eux non seulement des montagnes entières de vêtements, mais aussi des instruments médicaux, des pharmacies, des outils spéciaux » [Cité par Léon Poliakov dans Auschwitz (éd. Julliard, 1964), pp. 54-5. D’après Jozef Garlinski : « Les médecins devaient emporter leurs instruments, les dentistes leurs fauteuils, les musiciens leurs violons » (Voy. J. Garlinski, op. cit., p. 87).

[11] Voy. A. Rogerie, Vivre, c’est vaincre (Hérault-Éditions, 1990), p. 76.

[12] Voy. Guy Kohen, Retour d’Auschwitz (auto-édité, 1946), pp. 57-8.

[13] Voy. J. Garlinski, op. cit., p. 87.

[14] Voy. Auschwitz vu par les SS (éd. Interpress, Varsovie, 1981), p. 82.

[15] Voy. le témoignage de Kitty Hart cité par L. Poliakov dans Auschwitz (éd. René Jullair, 1964), pp. 53-54.

[16] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 825.

[17] Voy. Auschwitz vu…, op. cit., p. 94. J. Garlinski précise que les « montres étaient envoyées aux unités SS de première ligne» (Voy. J. Garlinski, op. cit., p. 88.). En mai 1943, Hans Frank annonça qu’il avait offert 1 500 montres à trois divisions de la Waffen SS (Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 828). Plus tard, il fut question d’offrir pour Noël des montres aux Waffen SS blessés et de récompenser les soldats qui avaient fait preuve « d’une bravoure exceptionnelle » en leur allouant des « montres de prix » (Id.). 15 000 montres de femmes furent en outre mises à la disposition des civils (Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 828.).

[18] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 828.

[19] Voy. L. Poliakov, op. cit., p. 54.

[20] Voy. J. Garlinsli, op. cit., p. 88.

[21] Voy. Auschwitz vu…, op. cit., p. 93.

[22] Voy. Ladislas Bednarz, Le camps d’extermination de Chelmno sur le Ner (éd. de l’Amitié Franco-Polonaise, 1955), p. 39.

[23] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 826.

[24] Voy. Auschwitz vu…, op. cit., p. 93.

[25] Voy. le document PS-1166 reproduit in TMI, XXVII, 46-9. J’écarte le document PS-4045, une déposition d’Oswald Pohl en date du 15 juillet 1946 sur laquelle je reviendrai plus loin.

[26] Voy. le document NO-1257. Reproduit notamment dans L. Poliakov, op. cit., p. 56, avec une erreur de date (1944 pour 1943).

[27] Voy. le document PS-4045, reproduit dans TMI, XXXIV, 110-113.

[28] « Personnellement, j’ai toujours admis qu’il s’agissait d’un dépôt d’or, que ce dépôt se composait de pièces d’or ou d’autres devises, de petites barres d’or ou d’autres choses semblables, livrées par les internés des camps de concentration, comme d’ailleurs quiconque en Allemagne devait le faire, et remises à la Reichsbank pour qu’elle en tirât partie » (Déposition de W. Funk à Nuremberg ; TMI, XIII, 177).

[29] Voy. doc. PS-4045, déjà cité. Voy. également TMI, XX, 339-340, audience du 5 août 1946.

[30] TMI, XXI, 252. Soucieux, probablement, de contrer cet argument, T. Dodd prétendit que les textiles récupérés avaient représenté « [un] million de wagons » (Ibid., p. 258). C’est grotesque : dans l’annexe joint au rapport du 6 février 1944 (doc. NO-1257), il était question de 781 wagons. S’appuyant sur un autre document (le PS 4024), R. Hilberg déclare toutefois que ce n’était « qu’un début » et parle de 3 900 wagons supplémentaires (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 827, n. 29). Mais même avec cela, on est encore loin du million…

[31] TMI., XXI, pp. 252-3.

[32] « Dr KAUFMANN [avocat d’Ernst Kaltenbrunner]. — Himmler vous a-t-il dit que tout cela devait être considéré comme “affaire secrète d’État” ?
TÉMOIN HÖSS. — Oui, il a insisté particulièrement sur ce point et m’a recommandé de ne pas en parler à mon supérieur direct, le Gruppenführer Glücks […]. Je devais observer à ce sujet le plus grand silence vis-à-vis de tout le monde […].
Dr KAUFMANN. — L’expression “affaire secrète d’État” signifiait-elle que celui qui y faisait la moindre allusion risquait sa vie ?
TÉMOIN HÖSS. — Oui […]» (TMI, XI, 410).

[33] Voy. Dis Six Million Really Die ? Report of the Evidence in the Canadian « False News » Trial of Ernst Zündel – 1988 (Samisdat Pulishers Ltd, Toronto, 1992), p. 252, col. A.

[34] Voy. R. Hilberg, op. cit., pp. 827-828.

[35] voy. A. Rogerie, Vivre c’est vaincre (Hérault-Éditions, 1990), p. 36.

[36] Voy. G. Briquet, Rescapé de l’enfer nazi (éd. France au Combat, sd [1945]), pp. 125-16.

[37] Voy. Guy Kohen, op. cit., p. 60.

[38] Voy. P. Lewinska, Vingt mois à Auschwitz (éd. Nagel, 1945), p. 48.

[39] Voy. Les Lettres Françaises, 27 avril 1945, article intitulé : « Comme du bétail… ».

[40] Voy. L’Humanité, 5 avril 1945, article intitulé : « Paulette, rescapée du “camp de la mort” accuse… ».

[41] On sait que les Allemands récupéraient les cheveux pour divers usages. A Nuremberg, un ancien déporté à Treblinka, Samuel Rajzman, déclara qu’ils servaient « à la fabrication de matelas » (TMI, VIII, 326). Dans ses « confessions » (où tout n’est assurément pas faux), Kurt Gerstein affirme qu’ils servaient au calfatage dans les sous-marins (voy. H. Roques, Quand Alain Decaux raconte l’histoire du SS Kurt Gerstein [éd. V. Reynouard, 1998], annexe II, pp. 68-71). Citons également R. Höss qui écrit : « Les cheveux coupés aux femmes étaient expédiés à une fabrique en Bavière qui les utilisait pour les besoins de l’armement » (voy. Auschwitz vu…, op. cit., p. 94). Dans une note page 82, les auteurs qui commentent ses mémoires parlent de quatre usines « qui s’occupaient de la transformation des cheveux humains » : l’entreprise Held à Friedland, l’entreprise Alex Zink près de Nuremberg, les teintureries de la société anonyme Forst à Lausitz et une usine de feutre à Katscher.

[42] Voy. le document URSS-008 in TMI, XXXIX, p. 260.

[43] Voy. le « protocole de Wannsee » (doc. NG-2586), p. 8, § 5. Ce protocole a été reproduit en fac-similé dans De Wannsee-Konferentie en de « Endlösung » (éd. VHO, 1992). Une traduction française intégrale peut être consultée dans l’ouvrage de Wilhelm Stäglich, Le Mythe d’Auschwitz (éd. La Vieille Taupe, 1986), pp. 43-52.

[44] Voy. Sabine Zeitoun et Dominique Foucher, Le masque de la barbarie. Le ghetto de Theresienstadt 1941-1945 (éd. du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, Lyon, 1998), p. 15.

[45] « les risques que représente la surpopulation du ghetto a pour conséquence, à l’automne 1942, la déportation vers l’Est de 17 870 personnes âgées (28 survivants) » (Ibid., p. 16. Voy. aussi p. 242, la liste des convois.

[46] Voy. W. Szpilman, op. cit., pp. 106 et 119.
 
Old April 29th, 2011 #26
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Les cheveux, les habits, les prothèses, les valises etc. visibles à Auschwitz




sont-elles la preuve d’une extermination de masse ?




Une vision qui marque les esprits

Des « preuves » nous dit-on


La plupart des jeunes qui visitent Auschwitz commencent par le musée. Là ils voient des cheveux, des valises, des chaussures, des habits, des lunettes, des effets de toilette, des prothèses etc. L’auteur d’un compte rendu écrit :

C’est avec effroi que les collégiens ont découvert, derrière les vitrines, des montagnes de cheveux, des monceaux de lunettes, des milliers de chaussures d’hommes, de femmes et d’enfants et toute une collection de valises avec le nom et la date de naissance de leurs propriétaires[1].

Bien plus que les ruines des crématoires de Birkenau ou la prétendue chambre à gaz d’Auschwitz I, ces « preuves de substitution » marquent les esprits. Dans Tribune Juive, Ruth Nabet écrit :

Vestiges les plus marquants ? Les cheveux. Derrière une vitrine, une montagne de cheveux autrefois blonds, roux, bruns… Aujourd’hui uniformément gris[2].

Ailleurs, un journaliste qui a suivi des jeunes au cours de leur visite écrit :

Au musée, derrière les vitrines, s’amoncellent des montagnes de cheveux, lunettes, chaussures, valises, casseroles, jouets d’enfants… Certains [jeunes] ont la nausée[3].

Les lycéens, d’ailleurs, ne le cachent pas, comme le démontrent ces quelques témoignages :

Lorsque vous voyez 1950 kg de cheveux, des chaussures aussi grandes que petites, des tétines, des prothèses, des valises, des photos montrant des corps gisant à terre... Cela vous glace le sang […][4].

Notre cœur s'est serré à la vue des tas de cheveux, de chaussures, de valises laissés pour toujours par des innocents[5].

Les pièces à conviction comme les cheveux, les valises avec les noms inscrits nous anéantissent [Id.].

« Quand j’ai vu les vêtements d’enfants et le tas de cheveux, ça m’a fait craquer », sanglote une collégienne du Mont Saint-Jean[6].

Ces « preuves choc » suffisent à convaincre que des centaines de milliers de personnes auraient été tuées à Auschwitz. Interrogées après leur visite, deux collégiennes ont déclaré :

Ce qui nous a le plus marquées, ce sont les cheveux, les chaussures et les vêtements d’enfants… tout ce qui appartenait aux déportés. C’est atroce, parce que derrière chacune de ces choses, il y a des êtres humains qui ont été tués. Ça donne l’idée de l’ampleur des massacres[7].

Mais personne ne relève la flagrante contradiction


Personne ne relève la grave contradiction entre l’affirmation selon laquelle les Allemands auraient tenté d’effacer méthodiquement toutes les traces de leurs forfaits en brûlant les corps puis, à la fin, en détruisant les crématoires[8] et le fait que, dans le même temps, ils auraient négligemment laissé subsister toutes ces « preuves » irrécusables[9].

De la valeur des « preuves de substitution »

Les stocks trouvés à Auschwitz en 1945 ne sont pas la preuve de l’existence d’un meurtre de masse


Disons-le tout de suite : la raison de la présence de tous ces stocks à Auschwitz (vêtements, chaussures, cheveux…) n’est pas difficile à comprendre et n’a aucune connotation criminelle (voilà d’ailleurs pourquoi les Allemands en ont abandonné). Elle ne relève ni de la barbarie ni de la soif de pillage, mais de la nécessité et des contraintes du moment. En période de guerre, dans un pays soumis à un blocus impitoyable et aux bombardements destructeurs, tout est récupéré, non seulement pour fournir de la matière première (cheveux, bois…), mais aussi :

a) pour les besoins économiques (récupération de meubles, d’outils, de machines…) ;
b) pour les besoins de l’armée et des travailleurs étrangers (vêtements chauds, rasoirs, montres…) ;
c) pour venir en aide aux sinistrés et aux réfugiés qui ont tout perdu (habits, chaussures, casseroles, jouets…).

Un témoignage oublié…


Lorsque, à partir de 1942, les Allemands organisèrent les grandes déportations, les juifs purent emmener avec eux 100 RM et jusqu’à 50 kg de bagages[10]. J’ignore si, au départ, les Allemands pensaient vraiment leur laisser leurs affaires, soit en les envoyant à l’Est avec les convois, soit en les gardant le temps que leurs propriétaires travailleraient dans les camps. Il est en effet faux de croire que les objets emmenés par les déportés étaient automatiquement volés. Certes, on les saisissait à l’arrivée au camp, mais ils n’étaient pas subtilisés pour autant.

L’ancien déporté A. Rogerie a connu Buchenwald, Dora, puis Auschwitz. Dans son témoignage, il raconte avec une louable honnêteté :

Un matin [à Auschwitz], on vient me chercher pour aller au camp voisin dans un bureau pour… y reconnaître mes affaires personnelles prises à Buchenwald et qui m’ont suivi à Auschwitz. Quelle organisation ! Je revois, avec quelle émotion, ma petite croix de la Légion d’honneur[11].

A. Rogerie ne les reverra cependant jamais plus, car elles seront définitivement perdues lors de la débâcle des dernières semaines. Mais à supposer qu’il ait été libéré dans des conditions « normales », on lui aurait certainement rendu ses affaires (puisque l’administration avait pris la peine de les faire suivre). Voilà pourquoi il est possible que, au départ, les autorités allemandes n’aient pas songé à voler les bagages des juifs déportés.

Les déportés à Auschwitz sont finalement contraints d’abandonner leurs affaires


Mais ce qui est certain, c’est qu’avec la dégradation de la situation (blocus, bombardements, afflux de travailleurs et de réfugiés ), elles décidèrent de s’approprier ce qui pouvait l’être pour tenter de faire face.

D’où ces déportés qui, arrivés à Auschwitz, devaient abandonner leurs affaires. Guy Kohen, par exemple, se souvient :

Le 10 mars, au petit matin, nous arrivâmes à destination. Des coups brutaux furent frappés aux portes des wagons. L’ordre : « Préparez-vous à descendre » nous fut donné. Puis les portes s’ouvrirent […].
Nous dûmes abandonner tous nos bagages[12].

J. Garlinski précise :

Arrachés des wagons, ils n’étaient autorisés à emporter que ce qu’ils avaient sur eux ou dans leurs poches[13].

Citons également Rudolf Höss qui déclare :

Les bagages restaient sur le quai de chargement d’où on les transportait à la baraque de triage, appelée « Canada », qui se trouvait entre les bâtiments de l’usine d’armements et l’entrepôt des matériaux de construction[14].

L’Allemagne recycle les affaires prises aux déportés


Là, les affaires étaient triées et soigneusement empaquetées par catégories (chaussures, vêtements d’hommes, vêtements de femmes, vêtements d’enfants, nourriture, bijoux, objets de valeur, objets sans valeurs, chiffons…[15].

Se fondant sur un document allemand, R. Hilberg écrit :

Les montres, pendulettes, stylos, stylomines, rasoirs, couteaux de poche, ciseaux, lampes de poche, portefeuilles et porte-monnaie devaient être envoyés aux ateliers de réparation du WVHA et de là expédiés à des centres postaux pour être vendus aux soldats[16].

Au sujet des montres, R. Höss précise :

On expédiait aussi des milliers de montres ordinaires à Sachsenhausen. On y avait créé […] un grand atelier d’horlogerie où des centaines de détenus triaient ces montres et les réparaient. On en mit la plus grande partie à la disposition du front, der Waffen SS et de l’armée, pour des besoins de service[17].

2 500 horloges furent en outre envoyées aux Berlinois sinistrés[18].

Avec les réfugiés, les sinistrés bénéficiaient naturellement de ce trafic. L’ancienne déportée K. Hart, qui travaillait au Canada, affirme que « des camions partaient tous les jours, pour livrer en Allemagne ces biens volés »[19]. Sans surprise, les vêtements constituaient une marchandise prioritaire. J. Garlinski déclare : « les vêtements [étaient envoyés] aux villes bombardées »[20] ; ce que confirme R. Höss lorsqu’il écrit :

Un grand nombre de vêtements était mis à la disposition de l’assistance sociale pour les réfugiés et plus tard aussi pour les victimes des bombardements[21].

(Afin de secourir les sinistrés, les dirigeants allemands expédièrent également dans le Reich du mobilier des habitations juives laissées vacantes notamment en France ; en 1945, ces expéditions furent présentées comme des opérations de pillage.)

Notons qu’il en allait de même au camp de transit de Chelmno. Un auteur exterminationniste écrit :

Les bagages et les vêtements ayant appartenu aux victimes [comprenez : aux transférés] étaient emmagasinés dans les églises environnantes ou bien dans des baraques construites à cette effet (1944). En 1942, les vêtements étaient expédiés dans des établissements ad hoc, à Dabrowa près de Pabianice, où ils étaient l’objet d’une vérification spéciale. […] ces vêtements étaient vendus au bénéfice de la NSV, WMW (Secours d’hiver) […][22].

L’organisme qui s’occupait des réfugiés venus de Pologne, de Roumanie etc. s’appelait le Volkdeutsche Mittelstelle (VOMI). Outre des vêtements, il reçut des édredons, des couvertures matelassées, des couvertures, des parapluies, des voitures d’enfants, des sacs à main, des ceintures en cuir, des sacs à provisions, des pipes, des lunettes de soleil, des miroirs, des valises, des tissus ainsi que du linge (serviettes, draps, oreillers, nappes etc.)[23].

Les lunettes et les lorgnons devaient pour leur part être envoyés au Referat médical qui les réutiliserait (Id.). Quant aux ciseaux, ils furent distribués aux Lebensborn ainsi qu’aux médecins et aux coiffeurs des camps (Ibid., p. 828).
Cette dernière information pourra surprendre. Mais il est incontestable que les Allemands de souche n’ont pas été les seuls à bénéficier de ce trafic. Les travailleurs étrangers et les déportés en profitèrent dans une plus ou moins large mesure. Concernant les premiers, R. Höss écrit :

Les grandes entreprises d’armement recevaient des envois importants pour les ouvriers étrangers qui y étaient employés[24].

Plus haut, il déclare :

[…] on les emmagasinait [les vêtements et les chaussures] ou bien on en expédiait une partie au camp pour compléter l’habillage des détenus. Plus tard, on en envoya aussi dans d’autres camps [Id.].

Par « plus tard », il faut très probablement comprendre durant la dernière année de la guerre, lorsque, acculé militairement, le Reich s’effondrait. Notons d’ailleurs qu’à Nuremberg, l’Accusation produisit un rapport du 15 août 1944. L’Office central de l’administration économique des SS (qui s’occupait des camps de concentration) appelait l’attention sur le manque d’habillement des détenus et formulait une demande pour que l’on remédiât à cette situation[25].

La raison de la présence de stocks importants à Auschwitz en 1945


Naturellement, certains pourront objecter : « Si, vraiment, les Allemands avaient un tel besoin de ces affaires (surtout à la fin), pourquoi en a-t-on retrouvé une telle quantité à Auschwitz ? »

La réponse, simple, se trouve dans un document capital. Il s’agir d’un compte rendu d’Oswald Pohl (ancien chef du WVHA) en date du 6 février 1943 sur la récupération « des matières textiles usagées » et, plus particulièrement, sur la difficulté de l’acheminement. L’auteur écrivait :

Les plus grandes difficultés furent causées par les transports par voie ferrée. Les interruptions continuelles de transports gênèrent l’évacuation des marchandises, qui s’accumulèrent parfois dans différents camps.
L’arrêt des transports à destination de l’Ukraine, depuis le mois de décembre 1942, s’est fait le plus durement sentir. En effet, il empêcha la livraison de vêtements usagés destinés aux Allemands établis là-bas. C’est pourquoi toute cette livraison fut détournée par la VOMI et déposée dans un grand camp de Lodz. La VOMI en effectuera la livraison dès que la situation des transports sera rétablie quelque peu[26].

Or, comme je l’ai démontré ailleurs, à partir de cette époque, la situation dans les transports au sein de l’Allemagne se détériora de plus en plus.

Si bien que loin de s’améliorer comme l’espérait O. Pohl, l’écoulement de la marchandise fut au contraire irrémédiablement entravé. Dès lors, on ne sera pas surpris que le 27 janvier 1945, les Soviétiques aient découvert de gros stocks inutilisés.

Les documents allemands ne parlent pas d’un meurtre de masse


Quant à prétendre que ces affaires appartenaient aux juifs gazés en masse, cette affirmation est insoutenable puisque :

a) la Shoah et ses chambres à gaz sont un seul et même mythe ;

b) la déportation des juifs vers l’Est est une réalité. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le compte rendu d’O. Pohl cité plus haut était intitulé (je souligne) : « Compte rendu sur l’utilisation faire à ce jour des matières textiles usagées, récupérées lors du transfert des juif ». Il débutait ainsi :

La liste ci-jointe indique les quantités de vieilles matières récupérées dans les camps d’Auschwitz et de Lublin [Majdanek], à la suite du transfert des juifs [Doc. NO-1257, déjà cité.].

L’auteur parlait donc d’un « transfert », pas d’une extermination. De façon évidente, les autorités allemandes dépouillaient les juifs avant de les expulser à l’Est. Ce n’est certes pas moral ; cependant, dépouiller n’est pas exterminer.

Le document PS-4045 doit être rejeté

Un document à priori accablant


Mais j’entends déjà la réponse qui me sera faite : vous oubliez, me dira-t-on, que les nazis utilisaient un langage codé afin de ne pas éveiller l’attention. La meilleure preuve est que dans une déclaration sous serment datée du 15 juillet 1946, O. Pohl a finalement avoué que toutes ces marchandises provenaient « des juifs morts » (der toten Juden), et plus précisément : « des juifs qui avaient été tués dans les camps d’extermination » (Juden, die in den Vernichtungslagern getoetet worden waren)[27]. N’est-ce pas clair ?

Cette objection pourra certes impressionner le néophyte. Mais elle n’impressionnera pas celui qui connaît les circonstances dans lesquelles la déclaration d’O. Pohl a été rédigée puis produite. Bien au contraire, elle révèle les procédés honteux qu’utilisèrent les vainqueurs à partir de 1945. Aussi vais-je m’y attarder un peu, car c’est très important.

L’histoire du document PS-4045


Tout a commencé au procès de Nuremberg. L’Accusation voulait démontrer qu’en tant qu’ancien président de la Reichsbank, Walter Funk aurait su que les juifs étaient exterminés et aurait lui-même été mêlé à cette extermination en recyclant les marchandises volées aux victimes (non seulement l’or, des dents en or, l’argent et les bijoux, mais aussi les effets personnels et les textiles). Mais le prévenu avait facilement repoussé les accusations portées contre lui. Bien qu’il ait admis sans difficulté que la Reichsbank avait reçu de l’or remis par les internés des camps (ce qui était normal puisque tout le monde en Allemagne avait dû donner son or[28]), il contesta catégoriquement :

a) avoir été informé d’autres (prétendus) dépôts concernant des bijoux, des montres, des étuis à cigarettes, voire des dents en or ;

b) avoir appris que ces objets auraient appartenu à des juifs exterminés. Voici ce que l’on put entendre le 7 mai 1946 dans la salle d’audience :

M. DODD [avocat général américain]. — Prétendez-vous avoir ignoré que la Reichsbank […] se soit occupée de ces questions ? Quelle est votre réponse ? Que […] vous n’en aviez pas du tout connaissance ?

ACCUSÉ FUNK. — Je ne me suis jamais occupé de ces questions.

M. DODD. — Enfin, vous étiez au courant ?

ACCUSÉ FUNK. — Non.

M. DOOD. — Vous n’en avez jamais entendu parler ?

ACCUSÉ FUNK. — Je n’ai pas su que la Reichsbank recevait des bijoux, des montres, des étuis à cigarettes et autres choses en provenance des camps de concentration. C’est nouveau pour moi.

M. DODD. — Saviez-vous au moins que des objets, quels qu’ils fussent, étaient transmis à la Reichsbank en provenance des camps de concentration ?

ACCUSÉ FUNK. — Oui, l’or naturellement. Je l’ai déjà dit.

M. DODD. — Des dents en or ?

ACCUSÉ FUNK. — J’ai déjà dit non.

M. DODD. — Quel or venant des camps de concentration ?

ACCUSÉ FUNK. — L’or dont Puhl m’avait parlé. J’ai supposé alors qu’il s’agissait de pièces d’or, de tout ce qui, de toutes façons, devait être remis à la Reichsbank et, qu’aux termes des dispositions légales, elle pouvait utiliser. Je ne sais rien d’autre.

M. DODD. — Qu’est-ce que Himmler vous a dit et que lui avez-vous répondu lors de votre entretien avec lui au sujet de cet or ayant appartenu aux victimes des camps de concentration […] ?

ACCUSÉ FUNK. — […] Je n’ai, ma foi, attaché à la question aucune importance. J’ai demandé, en passant, à Himmler : « Il y a un dépôt d’or à la Reichsbank en provenance de chez vous, des SS. Ces Messieurs du directoire de la Reichsbank m’ont demandé s’ils pouvaient l’utiliser. » Là-dessus, il a répondu : « Oui. » Je n’ai pas échangé un seul mot avec lui au sujet de bijoux et objets de ce genre, ni surtout au sujet de dents en or. La conversation a été, sur ce point, tout à fait brève [TMI, XIII, 188-9].

L’Accusation tente en vain de lui opposer les déclarations d’O. Pohl


Faute de documents probants qui auraient permis de confondre l’accusé (et pour cause !), Thomas Dodd n’insista pas. Soucieux, toutefois, de contre-attaquer, il évoqua O. Pohl qui était alors aux mains des Britanniques. Mais sans plus de succès. W. Funk reconnut l’avoir vu rapidement une fois :

Oui, je l’ai vu alors qu’il était en train de déjeuner avec M. Puhl et avec d’autres personnes du directoire. J’ai traversé la salle où ils se trouvaient et je l’ai vu. Mais M. Pohl ne m’a jamais parlé personnellement de ces choses. Les faits que j’apprends maintenant sont tout à fait nouveaux pour moi [Ibid., p. 189].

L’Accusation produit in extremis de nouvelles déclarations d’O. Pohl


Là encore, l’avocat général n’insista pas. Mais trois mois plus tard, alors que les débats touchaient à leur fin, l’Accusation produisit soudainement une déclaration sous serment d’O. Pohl. Une déclaration terrible dans laquelle l’ancien chef du WVHA prétendait que, sur ordres d’Himmler :

a) il s’était entretenu en privé avec W. Funk au sujet du recyclage « des vieux vêtements des juifs morts ». « Ce fut une conversation amicale », précisait-il ;

b) des négociations avaient eu lieu entre la SS et la Reichsbank, « c’est-à-dire Herr Funk», sur le dépôt « de grandes quantités d’objets de valeur, tels que bijouterie, bagues en or, plombages en or, lunettes, montres en or et autres [qui] se trouvaient alors massés dans les camps d’extermination ». « A la suite de cette conversation, aucun doute ne subsistait que les objets qui devaient être livrés (provenaient] des pensionnaires des camps de concentration, spécialement des juifs qui avaient été tués dans les camps d’extermination ».

O. Pohl affirmait en outre qu’un jour, il avait visité les caves de la Reichsbank en compagnie de W. Funk. A cette occasion, il avait pu voir « plusieurs coffres contenant des objets en provenance des camps de concentration ». Par la suite, un déjeuner avait été servi au cours duquel, étant assis à côté du président de la Reichsbank, il avait pu discuter avec lui : « il fut nettement établi qu’une partie des richesses que nous avions vues provenait des camps de concentration »[29].

L’ancien président de la Reichsbank démasque le faux témoin


Comme par hasard, cette déclaration obtenue en prison le 15 juillet venait « prouver » in extremis toutes les accusations portées vainement contre W. Funk. Ce simple fait était déjà très suspect.

Grâce à son avocat, W. Funk put répondre. Nullement déstabilisé, il expliqua pourquoi cette déclaration était mensongère et calomnieuse Je déclare que c’est un mensonge, une calomnie » ; TMI, XXI, 253). A propos de la prétendue conversation privée sur la livraison de vêtements usagés, il rappela des évidences, à savoir que ces questions de fripes n’intéressaient ni la Reichsbank, ni le ministère de l’Économie (qui avaient bien d’autres chats à fouetter, surtout pendant la guerre), mais le « Commissaire du Reich pour la mise en valeur du vieux matériel ». Avec bon sens, il ajouta : « Ces livraisons de vieux matériels jouèrent alors, en rapport avec toute la production, un rôle si minime qu’on ne m’en a même pas tenu au courant»[30]. S’appuyant sur le fait que, d’après la thèse officielle naissante (en laquelle il semblait croire), la prétendue extermination des juifs aurait été perpétré dans le plus grand secret et que seul un tout petit groupe de conjurés l’auraient su (Hitler, Himmler, Höss et quelques autres…), il déclara :

[…] l’affirmation de Pohl, à savoir qu’à ce propos il m’aurait dit quelque chose au sujet des juifs morts […], est mensongère. Le fait que Pohl m’eût livré, à moi qu’il voyait pour la première fois, un secret qui devait être jalousement gardé jusqu’à la fin, est déjà incroyable[31].

Interrogé peu après sur le repas durant lequel O. Pohl aurait révélé que les « objets qui devaient être livrés [provenaient] des pensionnaires des camps de concentration, spécialement des juifs qui avaient été tués dans les camps d’extermination », W. Funk reprit cette argumentation :

[…] il est complètement impossible que Pohl, en présence de toutes ces personnes — il y avait quatre ou cinq directeurs de la Reichsbank — ait déclaré devant le personnel de service que ces choses venaient des camps de concentration et provenaient des juifs tués [Ibid., p. 254].

C’était imparable, car les vainqueurs ne pouvaient pas d’un côté s’appuyer sur les « aveux » de R. Höss d’après lesquels toute divulgation du « secret » concernant l’extermination des juifs était punie de mort[32], et de l’autre invoquer les « aveux » d’O. Pohl selon lesquels cette question pouvait librement être abordée dans un repas d’affaires avec du personnel de service. Notons d’ailleurs que, de façon très révélatrice, l’Accusation ne demanda pas la comparution d’O. Pohl pour qu’il soit confronté à W. Funk et qu’il justifie ses dires. Elle savait parfaitement à quoi s’en tenir.

La mauvaise foi de l’Accusation


Pourtant, elle ne souhaitait pas abandonner cette déclaration sous serment acquise in extremis. T. Dodd eut alors recours à une manœuvre ingénieuse. Sachant que la Défense avait expliqué pourquoi les « aveux » de l’ancien chef du WVHA étaient mensongers, il demanda plus à l’accusé en lui lançant :

Vous avez vu naturellement cet affidavit [de Pohl] qui donne beaucoup de détails sur le jour où il vous a vu, l’endroit où il vous a vu, le nombre de gens même qui se trouvaient à votre déjeuner dans la salle à manger… Y a-t-il une raison pour laquelle Pohl aurait inventé de telles dépositions contre vous ? Est-ce que cela pourrait aider le Tribunal ou vous aider vous-même ? Pourquoi aurait-il menti de cette façon terrible à votre sujet ? Pouvez-vous donner une suggestion, un motif, une raison ? [Ibid., p. 259]

La Défense ne devait donc pas seulement expliquer pourquoi un témoignage à charge devait être rejeté, elle devait en plus donner les raisons qui auraient poussé le témoin à mentir ! Ubuesque. W. Funk ne put que répondre :

A mon avis, c’est un motif purement psychologique, parce qu’un homme qui se trouve dans une situation aussi terrible que Pohl, qui est accusé du meurtre de millions de gens, d’une façon générale a l’habitude de charger d’autres personnes. C’est une habitude que l’on connaît [Ibid., p. 260].

O. Pohl révèle qu’il avait été torturé par ses geôliers


Mais la vraie explication était ailleurs, et il fallut attendre deux ans pour la connaître. O. Pohl fut jugé et condamné à mort en 1948.

Mais il ne fut pas exécuté tout de suite. Si bien qu’après sa condamnation, il eut le temps de rédiger une déclaration sur ses conditions de détention. Il expliqua qu’à la prison de Nenndorf en 1946, il avait été roué de coups de pieds et battu à plusieurs reprises par le personnel britannique, à tel point qu’il en avait perdu deux dents[33]. Grâce à ces tortures, les vainqueurs avaient-ils obtenu de lui ce qu’ils voulaient, et notamment sa déposition terriblement accusatrice du 15 juillet 1946, présentée in extremis à Nuremberg pour charger W. Funk.

Conclusion : il faut rejeter le document PS-4045 et ne prendre en compte que le rapport du 6 février 1943


Par conséquent, loin de « prouver » que les Allemands auraient recyclé des objets volés à des Juifs massacrés, le document PS-4045 démontre au contraire la malhonnêteté des vainqueurs : ceux-ci formulaient des accusations mensongères, et lorsque les prévenus parvenaient à détruire leurs fondements, vite, ils extorquaient des « aveux » d’un prisonnier pour les « prouver »...

Dans cette affaire, je le répète, le document qu’il faut retenir est le rapport du 6 février 1943, rédigé par O. Pohl et destiné à Himmler. L’auteur parlait du « transfert des juifs », pas de leur extermination. Sachant qu’il s’adressait à Himmler, on ne voit pas pourquoi il aurait utilisé un prétendu langage codé… Notons de plus que cette expression confirme tous les autres documents et tous les autres faits qui attestent la réalité de la déportation des juifs à l’Est. Quant aux « aveux » du 15 juillet 1946, ils ont été obtenus sous la torture afin de charger W. Funk, donc ils sont sans valeur.

La malhonnêteté de R. Hilberg


En passant, je souligne qu’aujourd’hui encore, ces « aveux » sont pris comme argent comptant. Dans son livre monumental, R. Hilberg écrit :

En contrepartie de la contribution apportée par le WVHA au programme de récupération sous la forme de vieux chiffons et de vêtements, Pohl réclamait naturellement quelques avantages. C’est ainsi qu’il eut un « entretien amical(freundliches Gespräch) » avec le ministre de l’Économie Funk, au cours duquel il demanda que les textiles soient transformés en priorité en uniformes SS, « compte tenu de la livraison des vieux vêtements des juifs morts » (31)[34].

La note 31 est la suivante : « Déposition en cours d’instruction de Pohl du 15 juillet 1946, PS-4045 ». R. Hilberg ignore donc non seulement tout ce que W. Funk a pu dire à Nuremberg, mais aussi la déclaration dans laquelle O. Pohl affirmait avoir été maltraité. Il présente comme un fait établi un « entretien amical » qui n’a certainement jamais eu lieu. C’est ainsi que 60 ans plus tard, on continue à faire croire aux élèves que les vêtements et autres objets qu’ils contemplent à Auschwitz sont ceux des juifs massacrés dans le cadre de la « Solution finale ». Qui sont les véritables falsificateurs de l’Histoire ?
 
Old April 29th, 2011 #27
Freya von Asgard
卍 Überfrau 卐
 
Freya von Asgard's Avatar
 
Join Date: Apr 2011
Location: Angers
Posts: 890
Blog Entries: 34
Default

Aucun des liens correspondant aux numéros [entre crochets] ne mène nulle part, très cher ami !
 
Old April 29th, 2011 #28
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Occupation, ce que l’on cache 60 ans plus tard


Les propos de Jean-Marie Le Pen à l’hebdomadaire Rivarol selon lesquels l’occupation allemande n’avait « pas été particulièrement inhumaine » ont provoqué un tollé. Plainte a été déposée non seulement contre le Président du Front national, mais aussi contre Rivarol et contre le journaliste qui a recueilli les propos, Jérôme Bourbon. Un procès aura lieu probablement début 2007.

Un document historique très intéressant


Je publie aujourd’hui une pièce dont un de mes amis possède l’original et qui pourra être versée au dossier de la Défense. Certes, on ne saurait en tirer des conclusions générales, mais elle est tout de même très intéressante. Elle a été écrite le 6 octobre 1943 par une Française, Marie-Louise Plauson ( ?), qui habitait Le Fayet en Haute-Savoie.

Elle était destinée à un prisonnier de guerre du Stalag VIII C, Jean Gaby, matricule 33 577. Le passage important est le suivant ; l’expéditrice écrivait :

Ici, nous avions beaucoup de juifs qui enfin viennent de partir. Ils faisaient du marché noir et impossible de vivre avec ces gens-là. A leur place il est venu des Allemands occuper le Fayet et je préfère de beaucoup avoir eux que les Juifs. Ils sont polis et très convenables avec la population.

On ne saurait être plus clair…

Les juifs et le marché noir sous l’occupation


Certains pourront répondre qu’il s’agit de la lettre d’une femme aveuglée par son antisémitisme. Ils se trompent. Bien qu’il ne soit pas ici question d’étudier la question de façon exhaustive, au sujet des juifs qui, en pleine occupation, s’adonnaient au marché noir (alors que, d’après la thèse officielle, ils vivaient terrés et terrorisés), je crois utile de citer tout d’abord Pierre Nicolle. A Vichy, il avait pour mission d’assurer la liaison entre les pouvoirs publics et les différents acteurs de la société économique. Aussi tenait-il un journal de notes prises chaque jour.
A la date du 12 décembre 1940, il écrit :

Voyage à Troyes. Le marché noir sévit dans la boutonnerie. Ce sont principalement des juifs polonais qui viennent s’approvisionner sur place emportant dans leurs valises des douzaines de paires de bas, de chaussettes, de tricots. J’ai assisté dans le train, à mon retour, à la « révision des prix » des marchandises achetées par la bande noire au cours de la journée[1].

Un mois plus tard, le 21 janvier 1941, il note :

J’ai reçu la délégation du Syndicat des Bijoutiers-Joailliers des départements du Midi venue à Vichy pour protester contre les agissements des marchands juifs de pierres précieuses, qui pratiquent de Nice à Toulouse sur une grande échelle le marché noir des bijoux [Ibid., p. 165.].

Le 21 juillet 1941, L’Œuvre annonça que des trafiquants avaient été appréhendés à Paris. Parmi eux figuraient :
- un certain Lifschitz chez lequel 2,1 millions de francs de lots de tissus avaient été saisis ;
- Saül Carasso et Mandelblum Glinida chez lesquels la police avait découvert 13,2 km de calicot pour une valeur de 273 550 F ;
- Isaac et Benjamin Garih, détenteurs de 21 km de tissu élastique qu’ils revendaient à des prix illicites[2].

Alors qu’il était Commissaire aux Questions juives, Xavier Vallat avait écrit (c’était à l’automne 1941) :

Aujourd’hui, 150 000 juifs au bas mot se sont réfugiés en zone non occupée, et chaque jour en ramène d’autres à travers la ligne de démarcation.
Ce sont des « errants » au sens total du mot, qui se fixent pour un temps plus ou moins long là où ils trouvent provende ou occasion de négoce.
De toutes parts, on nous les signale courant les campagnes, d’abord pour leur propre ravitaillement, ensuite pour celui — bien payé — des autres.
Dans tous les centres ruraux où un groupe de juifs s’est installé, l’envoi des colis postaux augmente d’une façon démesurée.
Ceux qui ont de la fortune se signalent sur la Côte d’Azur et dans les stations d’hiver par un oubli complet des malheurs de la France, et provoquent des protestations unanimes par leur attitude.
Le cas de Megève est significatif, où le maire, le chef de la Légion, le président des Familles nombreuses, le président de l’Hôtellerie, le directeur de l’école de ski se sont trouvés d’accord pour nous supplier de faire cesser le scandale que constituaient les mœurs de ces clients indésirables et envahissants[3]..

Naturellement, ces quelques documents ne suffisent pas pour émettre des conclusions générales. Mais ils suffisent pour repousser l’allégation selon laquelle Marie-Louise Plauson aurait été aveuglée par l’antisémitisme. Elle ne faisait que constater un phénomène réel, même si son étendue reste à déterminer.

Sur l’occupation allemande en France

Hitler magnanime en juin 1940


Quant aux soldats allemands et, de façon plus générale, l’occupation allemande en France, je rappelle que, avant 1939, nombreux étaient ceux qui, se fondant sur Mein Kampf et feignant de croire qu’Adolf Hitler n’avait pas évolué, prédisaient la destruction de la France en cas de défaite militaire. En 1945, au procès du maréchal Pétain, l’ancien préfet Charles Donati déclara qu’en juin 1940 : « nous nous attendions, après la lecture de Mein Kampf, à être anéantis»[4]. Or, il apparut bien vite que, malgré son ressentiment contre la France qui avait une nouvelle fois déclaré la guerre[5] A. Hitler voulut être magnanime. Lors d’un entretien qu’il eut avec Mussolini, le 18 juin 1940, le Führer déclara « qu’il n’avait pas l’intention de se conduire avec les Français, comme ceux-ci l’avaient fait avec nous, en 1918 »[6] et qu’il ne voulait « pas imposer à la France des conditions trop dures »[7]. Dans son Journal, le ministre des Affaires étrangères italien, Galeazzo Ciano, qui assistait à cet entretien, écrivit :

Hitler est comme le joueur qui a fait sauter la banque : il veut quitter la table et ne pas risquer davantage. Aujourd’hui, il parle avec une modération et une perspicacité qui, après une victoire comme la sienne, sont véritablement surprenantes. Je ne suis pas suspect de tendresse excessive à son égard, mais en ce moment je l’admire vraiment[8].

Quatre jours plus tard, à 18 h 50, le général Huntziger signa pour la France l’armistice. Conformément au souhait d’Hitler qui ne voulait pas humilier le vaincu, le maréchal Keitel non seulement évita tout arrogance, mais aussi alla jusqu’à consoler le général français. Dans ses mémoires, l’interprète allemand qui assistait aux pourparlers raconte :

Il ne resta plus dans le wagon historique que Keitel, Huntziger et moi. « Je tiens à vous exprimer, de soldat à soldat, dit le premier au second, toute la compassion que j’éprouve pour les instants si durs que vous venez de vivre en tant que Français. Puisse votre douleur être adoucie par la connaissance que les troupes françaises se sont battues vaillamment, ce que je vous confirme expressément. » Puis le Français et l’Allemand restèrent un moment silencieux l’un en face de l’autre, tous les deux avaient les larmes aux yeux. « Quant à vous, mon général, reprit Keitel, vous avez défendu les intérêts de votre pays avec la plus grande dignité au cours de ces pénibles négociations… » et il tendit la main à Huntziger[9].

Comparez avec ce qu’il s’est passé cinq ans plus tard : lorsque, le 8 mai 1945, le général Jodl, qui venait de signer l’acte de capitulation des armées allemandes, exprima le souhait que le vaincu soit traité « avec générosité », il ne reçut aucune réponse. La délégation allemande fut invitée à quitter la salle et personne ne la salua[10]. Autre temps, autres mœurs…

Les Allemands agissent pour que la vie reprenne au plus vite


Revenons cependant en juin 1940. Loin d’anéantir la France, les Allemands agirent au contraire pour que la vie reprenne au plus vite. Dans ses mémoires O. Abetz raconte :

Étant donné le rôle important de l’art et de la science dans la vie de la capitale française, l’ambassade [allemande] intervint afin que la vie théâtrale et musicale, les conférences et les expositions reprissent aussi vite que possible leur cours normal. Je réussis à obtenir du haut commandement de l’armée la réouverture de la Sorbonne, ainsi que de tous les établissements supérieurs d’enseignement de la région occupée[11].

Ces propos furent confirmés en 1955 par le directeur de l’Odéon et Président du Comité d’organisation des entreprises du spectacle, René Rocher. Dans une déposition écrite, il déclara :

Sitôt leur entrée dans Paris, pour des motifs de propagande bien aisés à comprendre, les Allemands s’efforcèrent de redonner à la capitale une vie normale. Dans ce but, ils encouragèrent et facilitèrent dans la plus large mesure possible la réouverture et la réorganisation des salles de spectacle[12].

Les Allemands agirent également dans les premières semaines afin de prévenir la disette. A Nuremberg, le général Jodl rappela qu’ils avaient utilisé :

les moyens de transport de quatre divisions et du train de secours « Bavière » qui pouvait ravitailler des dizaines de milliers de gens, afin d’éviter la famine [TMI, XV, 342].

Des Allemands corrects


En juillet 1940, le journaliste Jean de la Hire rencontra deux hommes qui pêchaient en plein Paris sur les bords de la Seine. Aucun d’eux n’avait quitté la capitale. Interrogé sur leurs rapports avec l’occupant, ils se contentèrent de répondre : « les Allemands nous laissent bien tranquilles »[13]. L’homme rencontra également une marchande des quatre-saisons qui était restée avec ses deux filles, deux sœurs jumelles de 20 ans, lesquelles vendaient des journaux dans la rue.

Les Allemands [dit-elle]. Qu’est-ce qu’ils nous auraient fait de mal ? Moi… Elle haussa les épaules. … quant à mes filles, elles en voient passer des douzaines, tous les jours. Et il y en a qui sont devenus des clients réguliers. Pas un qui leur ait dit une mauvaise parole, monsieur [Ibid., p. 113.].

Au terme de son enquête, J. de la Hire concluait :

Mettons donc les choses au point. Les Allemands sont vainqueurs ; ils occupent notre capitale. C’est la fatalité de la guerre. Mais nous avons le droit de dire que les chefs allemands sont parfaitement corrects, que leurs subordonnés se conduisent en hommes civilisés et souvent cordiaux. Voilà la vérité [Ibid., pp. 130-1].

Rapidement, d’ailleurs, les Français s’en aperçurent. Ils comprirent qu’on leur avait « bourré le crâne » avec des sornettes. Dans ses mémoires, O. Abetz raconte :

Le « barbare » allemand ne s’était pas montré aussi terrible que l’avaient annoncé la presse et la radio. Dans de nombreux quartiers, surtout populaires, des contacts cordiaux s’organisaient entre la population et les soldats allemands. Je me rappelle un petit café des boulevards, un des premiers dimanches de l’occupation, où une foule curieuse de Français se pressait autour d’un grenadier de la division von Briesen. « Or kaput, travail or », déclarait ce jeune soldat, dont l’accent et la vivacité trahissaient un ouvrier du port de Hambourg. Relevant les manches de son uniforme, il fit jouer ses biceps : « Voilà mon or ». Le public applaudit vivement cette démonstration de philosophie économique[14].

Le 6 décembre 1940, P. Nicolle visita les centres d’approvisionnement de Rennes. Il écrit :

La vie quotidienne est forcément troublée par la présence des Allemands, la population en est agacée, mais la discipline des troupes d’occupation est telle qu’il n’y a aucun incident sérieux. Pris individuellement, les habitants reconnaissent que leurs rapports avec les officiers et la troupe sont faciles[15].

Quelques brèves bien oubliées


Le lecteur trouvera ci-après quelques brèves relevées au hasard dans L’Œuvre pour l’année 1941. Là encore, il ne saurait être question de porter des conclusions générales. Mais leur existence confirme que M.-L. Plauson n’était pas victime d’hallucinations.

- « L’Allemagne va envoyer en France 450 000 tonnes de pommes de terre et 100 000 tonnes de sucre » :

L’Allemagne a déjà envoyé en territoire occupé, et en particulier dans la région de Paris, 100 000 tonnes de pommes de terre destinées à la consommation et 50 000 tonnes de pommes de terre pour l’ensemencement. Elle vient de se déclarer prête à faire un nouvel envoi de 450 000 tonnes de pommes de terre et de 100 000 tonnes de sucre, tant pour le territoire de France occupé que pour la zone non occupée[16].

- « Des soldats allemands ont aidé à circonscrire un incendie » :

Versailles, 31 juillet. — Le 4 juillet dernier, un incendie éclatait à Athis-Mons et le sinistre menaçait des maisons en bois voisines quand, grâce à plusieurs soldats de l’armée d’occupation qui coopérèrent avec les pompiers locaux, l’incendie put être circonscrit.
Le préfet de Seine-et-Oise ayant eu connaissance de ces faits vient d’envoyer à la Feldkommandantur de la région une lettre dans laquelle il lui exprime les sentiments de gratitude de la population, auxquels il associe ceux de l’administration préfectorale[17].

- « Les étudiants remercient les autorités d’occupation » :

Versailles, 8 août. — On sait que, pour leur permettre de revoir leurs parents en zone non occupée, les autorités d’occupation ont permis aux étudiants et aux étudiantes, pour la période des vacances scolaires, de franchir la ligne de démarcation en convois organisés.
Au nom d’un grand nombre de ses camarades, un élève de l’École normale d’instituteurs de Versailles a eu l’attention d’écrire une lettre aux autorités d’occupation pour les remercier de leur geste[18].

- « Un soldat allemand sauve une jeune fille » :

Cherbourg, 26 juillet. — Mlle Lefer, vingt ans, se baignait sur la plage du Croizel aux Pieux lorsqu’elle perdit pied et fut emportée par une vague vers le large. Le stabsfeldwebel Hrëger, qui nageait dans les environs, se porta courageusement à son secours et réussit aux prix d’efforts inouïs à la poser sur les rochers où elle put être ranimée[19].

- « Un soldat allemand empêche une désespérée de se noyer » :

Une habitante de Pontoise, Louise Genini, 67 ans, neurasthénique, tentait de se suicider en se jetant dans l’Oise, près du pont de Pontoise. Mais elle fut aperçue par un militaire de l’armée d’occupation, le soldat Josef Zonn, cantonné à Gisors, dans l’Eure, qui, courageusement, se jeta à l’eau et parvint à ramener la désespérée sur la berge. Mme Genini a été transportée dans un état grave à l’hôpital. Quant au soldat, il a été vivement félicité par les témoins de son acte de courage[20].

Certains me répondront en évoquant la Gestapo, les rafles, les exécutions sommaires… Nous les invitons à lire l’étude de V. Reynouard sur la Gestapo. Pour l’instant, je me contente de produire la lettre du 6 octobre 1943, en espérant qu’elle pourra contribuer à l’établissement de la vérité.



[1] Voy. P. Nicolle, Cinquante mois d’armistice, t. I (éd. André Bonne, 1947), p. 138.

[2] Voy. L’Œuvre, 21-22 juillet 1941, article intitulé : « Le marché noir ».

[3] Voy. Le procès de Xavier Vallat présenté par ses amis (éd. du Conquistador, Paris, 1948), pp. 103-104.

[4] Voy. Haute Cour de Justice. Procès de maréchal Pétain. Seizième audience, jeudi 9 août 1945. 16ème fascicule, p. 292, col. A-B.

[5] En 1945, Fernand de Brinon raconta que, peu après la défaite de la France, Otto Abetz (le représentant allemand à Paris) lui avait déclaré : « Le Führer est très irrité contre la France, qui lui a déclaré la guerre. M. de Ribbentrop [le ministre des Affaires étrangères allemand] reproche à Georges Bonnet [son homologue français] de l’avoir trompé » (Ibid., p. 285, col. C).

[6] Voy. Andreas Hillgruber, Les entretiens secrets de Hitler (éd. Fayard, 1969), p. 144.

[7] Voy. Paul Schmidt, Sur la scène internationale. Ma figuration auprès de Hitler (éd. Plon, 1950), p. 248.

[8] Voy. G. Ciano, Journal politique (éd. de la Baconnière, 1946), p. 265.

[9] Voy. P. Schmidt, op. cit., p. 255.

[10] Voy. le récit de signature de la capitulation allemande dans La Documentation Catholique, n° 940, 10 juin 1945, col. 427-8.

[11] Voy. O. Abetz, Histoire d’une politique franco-allemande (éd. Stock, 1953), p. 143.

[12] Voy. Hoover Institue, La vie des Français sous l’occupation. 1940-1944, tome II (éd. Plon, 1957) ; p. 965, déposition de R. Rocher : « Les théâtres sous l’occupation ».

[13] Voy. J. de la Hire, Les Horreurs que nous avons vues. La panique, l’exode, l’émigration, (éd. Tallandier, 1940), p. 99.

[14] Voy. O. Abetz, op. cit., p. 144.

[15] Voy. P. Nicolle, op. cit., p. 137.

[16] Voy., L’Œuvre, 15 janvier 1941, p. 3.

[17] Voy., L’Œuvre, 1er août 1941, p. 3.

[18] Voy., L’Œuvre, 10 août 1941, p. 3.

[19] Voy., L’Œuvre, 27 juillet 1941, p. 3.

[20] Voy., L’Œuvre, 11-12 août 1941, p. 4.
 
Old April 29th, 2011 #29
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

[1] Lorsque, le 1er septembre 1939, le Führer donna l’ordre à ses armées de pénétrer en Pologne, il pensait que l’Angleterre et la France ne réagiraient pas militairement. Les ultimatums anglais et français qui parvirent deux jours plus tard provoquèrent la consternation chez les dirigeants du Reich. Sur ce sujet, voy. le récit de Paul Schmidt, qui travaillait comme traducteur à la Chancellerie. Une fois la lecture de l’ultimatum britannique terminée, il raconte : « Hitler restait comme pétrifié, regardant droit devant lui […]. Il resta complètement silencieux et immobile à sa place. Au bout d’un moment, qui me parut une éternité, il se tourna vers [son ministre des Affaires étrangères] Ribbentrop, qui était resté comme figé, à la fenêtre. “Et maintenant ?” demanda Hitler à son ministre des Affaires étrangères, avec un éclair de fureur dans les yeux, comme s’il voulait exprimer que Ribbentrop l’avait faussement informé sur la réaction des Anglais […]. Comme ma mission était terminée, je me retirai et dis aux gens qui attendaient dans l’antichambre : “Les Anglais viennent de nous remettre un ultimatum. Dans deux heures l’état de guerre existera entre l’Angleterre et l’Allemagne.” Également, à cette nouvelle, un profond silence s’établit. Göring se tourna vers moi et dit : “Si nous perdons cette guerre, que le Ciel ait pitié de nous !” Goebbels était dans un coin, abattu, replié sur lui-même ; il avait l’air, littéralement, d’un barbet qu’on vient de doucher. Partout je vis des visages consternés, même chez les membres du Parti les plus modestes qui se trouvaient dans la salle ». (Voy. P. Schmidt, Sur la scène internationale. Ma figuration auprès de Hitler [éd. Plon, 1950], p. 226).

[2] TMI, XV, 365. Toujours à Nuremberg, le maréchal Keitel rappela que le réarmement allemand devait être terminé en 1943-1945 : « J’ai tout envisagé […] d’après cette simple considération : Peut-on réaliser quelque chose par l’agression et par la guerre si l’on ne dispose d’aucun moyen militaire ? C’est pourquoi, pour moi, toutes ces questions [relatives aux objectifs d’Hitler en matière de politique extérieure] se ramenaient à celles du réarmement, qui devait être terminé en 1943-1945, 1945 pour la Marine. Nous avions donc dix ans [en 1933-35] pour arriver à regrouper nos forces » (TMI, X, 520).

[3] Voy. le document produit à Nuremberg sous la cote EC-194 (TMI, III, 465-6).

[4] Voy. H.-R. Trevor-Roper, Hitler. Directives de guerre (éd. Arthaud, 1965), pp. 134-5. Voy. également Général Walrimont, Cinq ans au G.Q.G. de Hitler (éd. Elsevier Sequoia, 1975), pp. 118-9.

[5] « Plusieurs centaines de locomotives allemandes, presque la totalité des armes mécaniques, chars, aviation, armes, étaient devenues inutilisables par le fait de cet hiver anormalement rude et catastrophique » (Fritz Sauckel à Nuremberg, TMI, XIV, 654) ; « mais ce sont les armes automatiques surtout qui ne fonctionnent plus » (Hitler au général Oshima, le 13 décembre 1941 ; voy. Andreas Hillgruber, Les entretiens secrets de Hitler. Septembre 1939 décembre 1941 [éd. Fayard, 1969], p. 695).

[6] « Les réserves en personnel de la Wehrmacht doivent également être assurées pour l’année 1942, si l’on devait subir des pertes importantes. Comme la classe 1922 seule n’y suffirait pas […]» (voy. H.R. Trevor-Roper, op. cit., p. 136).

[7] Voy. A. Hillgruber, pp. 693-7, et notamment p. 694 : « Le poids qui oppressait la conscience des commandants de sous-marins est tombé. Toutes les nations juives d’hémisphère occidental, de zone des “300 miles” et bien d’autres encore sont périmées. L’Allemagne rendra l’océan plein d’insécurité ».

[8] « Malgré la guerre ces constructions pacifiques ont été poursuivies jusqu’en décembre 1941, et c’est la catastrophe de l’hiver en Russie qui leur a mis fin » (Albert Speer à Nuremberg ; TMI, XVI, 448).

[9] « Il m’incombait donc […] d’accroître l’armement de l’Armée qui s’effondrait, et d’augmenter la production très rapidement au cours de quelques mois » (A. Speer à Nuremberg, TMI, XVI, 450).

[10] « Quand, en février 1942, je pris en mains l’armement de l’Armée, des augmentations considérables étaient demandées dans tous les domaines et pour y faire face il fallait construire beaucoup de nouvelles usines » (A. Speer à Nuremberg, op. cit., p. 491).

[11] « En 1942, des milliers de détenus travaillaient à la construction d’usines de guerre » (voy. R. Hilberg, p. 450).

[12] Sur la dissolution des sections de main-d’œuvre, voy. le décret du 27 mars 1942 produit à Nuremberg le 12 décembre 1945 (TMI, III, 478). Sur la nomination de F. Sauckel, voy. TMI, XV, 77.

[13] TMI, XIV, 654. Sur la mission de F. Sauckel, voy. également TMI, III, 462, 480-1 et TMI XV, 120.

[14] Voy. TMI, III, 430-1 : en août 1942, F. Sauckel annonça qu’il avait fourni « un million de personnes à l’industrie et 700 000 à l’agriculture ».

[15] Dans une directive du 31 mars 1942, F. Sauckel avait demandé à ses collaborateurs dans les territoires de l’Est : « Je demande que le recrutement dont vous êtes responsables ainsi que les commissaires soit hâté par tous les moyens possibles, y compris, s’il le faut, l’emploi sans réserve du principe du travail obligatoire » (voy. TMI, XV, 177). Voy. également TMI, III, 480, doc. PS-016, programme de Mobilisation de la main-d’œuvre envoyé par F. Sauckel à Alfred Rosenberg en avril 1942 dans lequel on lisait : « En conséquence, il est de nécessité immédiate d’épuiser les réserves humaines des territoires soviétiques conquis. Si nous n’arrivons pas à nous procurer la main-d’œuvre nécessaire sur la base du volontariat, nous devons immédiatement instituer la mobilisation et le service obligatoire». Sur ce document, voy. également TMI, XV, 91, les explications de F. Sauckel.

[16] Sur le fait que les réserves étaient épuisées en Allemagne, voy. le doc. F-274 : « La main-d’œuvre masculine allemande n’existait pratiquement plus : seuls les femmes et les enfants travaillaient encore dans les usines » (TMI, XXXVII, 156). Sur le fait que les femmes ne pouvaient remplacer les hommes à tous les postes, voy. TMI III et XV : « Dr SERVATIUS. — Les réserves en main-d’œuvre étaient-elles épuisées ? ACCUSÉ SAUCKEL. — J’en suis convaincu, oui. […] A partir de 1943, il n’y avait plus de réserves appréciables à utiliser en Allemagne. On a beaucoup discuté ici de cette question, mais le principal besoin en ouvriers portait sur les ouvriers spécialistes, ouvriers mineurs et travailleurs de force » (TMI, XV, 62). Dans une lettre à Hitler en date du 10 mars 1943, le plénipotentiaire à la main-d’œuvre écrivit : « J’aimerais souligner que les centaines de milliers d’excellents ouvriers partant au front comme soldats ne peuvent absolument pas être remplacés par des femmes allemandes qui n’ont pas l’habitude du travail, même si elles essayent de le faire de leur mieux » (TMI, III, 489).

[17] TMI, III, 482. Doc. PS-I-3012, produit à Nuremberg sous la cote USA-190.

[18] TMI, III, 428. Doc. PS-019, produit à Nuremberg sous la cote USA-181.

[19] TMI, III, 429-30. Doc PS-2280 produite à Nuremberg sous la cote USA-183.

[20] Ibid., p. 430. Voy. également TMI, XVI, 603.

[21] Arthur Seyss-Inquart à Nuremberg, TMI, XV, 685-6.

[22] TMI, III, 441, doc. PS-556-13 produit à Nuremberg sous la cote USA-194.

[23] TMI, III, 488. Voy. également TMI, XV, 61.

[24] Voy. l’ordre télégraphique du ministère pour les Territoires occupés de l’Est, doc. PS-200 : « Le commandement est en outre chargé du transfert dans le Reich de jeunes Russes entre dix et quatorze ans qui peuvent servir à quelque chose » (TMI, II, 150).

[25] Voy. TMI, IV, 205. Doc PS-058 produit à Nuremberg sous la cote USA-456.

[26] Voy. TMI, II, 150. Doc. PS-016.

[27] TMI, III, 442. Doc PS-1726.

[28] Voy. TMI, XV, 86, doc. F-810.

[29] « Dr SERVATIUS. — […] Enfin le dernier programme, du 4 janvier 1944. Exigé par le Führer : 4 000 000 ; satisfait avec 900 000…
ACCUSÉ SAUSCKEL. — Puis rectifier ? Ce chiffre est faux, il faut dire : satisfait à 3 000 000.
Dr SERVATIUS. — Exigé : 4 000 000 ; satisfait à 3 000 000 dont combien d’étrangers ? ACCUSÉ SAUCKEL. — 900 000 » (TMI, XV, 61).

[30] Voy TMI, XXX, 588. Doc PS-2520.

[31] TMI, III, 466. Doc. EC-194 produit à Nuremberg sous la cote USA-214.

[32] TMI, III, 489. Doc. PS-407-II, produit sous la cote USA-226.

[33] Voy. V. Reynouard, Le travail obligatoire en Allemagne : ce que l’on cache 50 ans après (éd. du VHO, 2000).

[34] [« […] une colonne composée de centaines de personnes était chargée d’apporter au camp d’une distance de plusieurs kilomètres deux ou trois briques pour les jeter dans des fosses de drainage. On refaisait cette course plusieurs fois par jour. Quelques jours après, quand les fosses étaient déjà remplies de briques, notre tâche consistait à les en retirer et à les placer en tas. Ensuite, nous jetions dans les fosses ainsi vidées de grandes pierres que nous allions chercher encore à quelques kilomètres de là et nous marchions ainsi la journée entière chargées de notre fardeau. Quelque temps après, on retirait à leur tour les pierres de fosses et ce travail continuait en nous enlevant nos forces et en nous épuisant au point de vue physique et moral. » (P. Lewinska, Vingt mois à Auschwitz [éd. Nagel, 1945], p. 95). « C’était à Pâques 1944, le commandement du camp nous avait ordonné un travail très sale et inutile pour se moquer de nous, le travail qui consistait à transporter d’une place à l’autre dans la grange un tas de son » (Ibid., p. 186).

[35] Voy. J.-C. Pressac, Les crématoires…, op. cit., p. 21.

[36] Début janvier 1941, encore, la population des camps était divisée en trois catégories. Catégorie 1 : « les détenus coupables de délits mineurs » ; catégorie 2 : « les détenus plus lourdement chargés, mais toutefois encore susceptibles de rééducation » ; catégorie 3 : « tous les détenus dont les charges sont particulièrement lourdes ». S’y ajoutait la catégorie 1a : « les détenus âgés et ceux dont la santé ne permet le travail que sous certaines conditions» (voy. Doc. PS-1063 présenté à Nuremberg sous la cote USA-492 ; TMI, VI, 340).

[37] TMI, III, 469-70. Doc. R-129 présenté à Nuremberg sous la cote USA-217.

[38] On y prétendait par exemple qu’à Mauthausen et à Gusen, les Allemands auraient gazé les déportés de la façon suivante : un « autocar-chambre à gaz » chargeait les prisonniers à Mauthausen ; ceux-ci étaient gazés (avec les gaz d’échappement) lors du trajet vers Gusen. Là, ils étaient déchargés et brûlés. Ensuite, le même processus était appliqué aux prisonniers de Gusen : chargement, gazage en cours de route pour Mauthausen, crémation à Mauthausen (voy. TMI, XXXVII, 176).

[39] « Dr KAUFMANN. — En apprenant l’existence [d’Auschwitz], avez-vous aussi appris quel en était le but, à savoir que c’était un camp d’extermination pour les juifs emmenés là par Eichmann ?
ACCUSÉ KALTENBRUNNER. — Non. Personne ne pouvait en connaître la nature exacte, car lorsqu’on demandait à Himmler pourquoi on avait installé là un camp aussi important, la réponse était toujours “à cause de la proximité des grandes usines d’armement” et il mentionnait Witkowitz et quelques autres » (TMI, XI, 280).

[40] Voy. Enrique Aynat, « Considérations sur la déportation des juifs de France et de Belgique à l’est de l’Europe en 1942 » publié dans Akribeia, n° 2, mars 1998, p. 15.

[41] TMI, VI, 340. Doc. F-285 produit à Nuremberg sous la cote RF-346. Voy. également TMI, XXXVII, 437-9, doc. L-41.

[42] Dans sa réponse à H. Göring, H. Himmler écrivait : « je vous transmets ci-joint une étude sur l’emploi des prisonniers dans l’industrie aéronautique. Cette étude montre qu’il y a actuellement 36 000 prisonniers qui travaillent pour la Luftwaffe. On envisage de porter ce nombre à 90 000. […] Le déplacement des usines aéronautiques dans des installations souterraines rend nécessaire l’emploi d’environ 100 000 prisonniers supplémentaires. »(TMI, IV, 206).

[43] Sur ce sujet, comme sur beaucoup d’autres, las vainqueurs n’ont pas craint la contradiction. L’auteur du document F-274 écrit : « Dans tous les camps, les déportés travaillaient sous la surveillance des gardiens, SS ou kapos, choisis pour leur brutalité parmi les détenus de droit commun. A coups de crosses de fusils, de manches d’outils, les détenus étaient frappés sans raison. Si un homme s’arrêtait une seconde ou levait la tête, les coups redoublaient ; des chiens spécialement dressés aidaient à repérer ceux qui s’arrêtaient un moment […]. Le rendement du travail était très faible […]. Pour tenter d’augmenter le rendement, les Allemands ont parfois imposé aux détenus des tâches dépassant leur force : par exemple, huit hommes chargés de la bétonneuse devaient fournir deux tonnes de ciment par jour (NEC 6). Ainsi, il ne semble pas, malgré les centaines de milliers de déportés qui, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest de l’Allemagne, oeuvrèrent dans les usines, dans les marais, les routes, dans les forêts, dans les laboratoires, pour actionner la machine de guerre du Reich, que la marche de celle-ci en fut plus aisée. Les coups ne pouvaient suppléer à la maladresse et au sabotage dont beaucoup se firent un devoir » (TMI, XXXVII, 159-60). D’un côté, donc, les vainqueurs reconnaissaient que le « désir manifeste des dirigeants nazis » était d’ « obtenir le maximum de rendement » et que les SS y étaient parvenus, mais de autre, ils prétendaient que, suite aux mauvais traitements infligés aux déportés, le « rendement du travail était très faible » et que, par conséquent, « les centaines de milliers de détenus » n’avaient pas facilité la marche de la machine de guerre du Reich. On nageait donc en pleine contradiction. Par la suite, toutefois, la thèse du rendement très faible fut abandonnée, car les estimations publiées la rendaient insoutenable. Voilà pourquoi je ne la prends plus en considération.

[44] « En général, les Allemands, dans les camps de concentration, n’employaient pas de spécialistes, sauf dans les cas de nécessité absolue » (Doc. F-274, déjà cité ; TMI, XXXVII, 159).

[45] Voy. le Doc. L-61 produit à Nuremberg sous la cote USA-177 ; TMI, XXXVII, 495-6. Voy également R. Hilberg, La destruction…, p. 379.

[46] Doc. D-361 produit à Nuremberg sous la cote USA-893 ; TMI, XVI, 560.

[47] Voy. V. Reynouard, Le travail obligatoire en Allemagne…, op. cit. Dans cette étude, je démontre que les ouvriers étrangers étaient payés comme les nationaux allemands, qu’ils étaient logés dans des camps très bien aménagés, qu’ils bénéficiaient de congés et d’assurances diverses (notamment d’assurances maladie…) etc.

[48] « Bettägerige Häftlinge sollen zu einer entsprechenden Arbeit, die sie auch im Bett verrichten können, herangezogen werden. Der Befehl des Reichsführers-SS ist Zukunft genauestens zu beachten. » (Doc. PS-1933, produit à Nuremberg sous la cote USA-459 ; TMI, XXIX, 173-4).

[49] Voy. Roger Manvell et Heinrich Fraenkel, Sans pitié ni remords, Heinrich Himmler (Paris, 1965), p. 66.

[50] Voy. R. Brackman, Staline. Agent du Tsar (éd. de l’Archipel, Paris, 2001), p. 413.

[51] TMI, XX, 524-5. Un ancien déporté, André Rogerie, a confirmé la présence d’un cinéma et d’une maison close à Buchenwald : « Le dimanche 21 novembre 1943, ceux qui ont été désignés pour le transport sont rassemblés après l’appel dans la salle de cinéma, car il y a un cinéma à Buchenwald. Le dimanche, certains blocks sont admis à la séance. Il y a aussi une maison de plaisir où des femmes de toutes nationalités attendent le client qui, pour être admis, doit faire une demande par voie hiérarchique s’il a au moins six mois de camp de concentration » (voy. A. Rogerie, Vivre, c’est vaincre [Hérault-Éditions, 1990] p. 43).

[52] Voy. Libres, 20 octobre 1944, p. 2. Deux semaines plus tard, le quotidien reconnut que le rapport « portait sur des chiffres anciens » et que maintenant, les rations étaient moins élevées : « Il est vraisemblable que la ration de pain, à l’heure actuelle, doit varier entre 250 g et 350 g par jour au lieu de 450 g » (voy. Libres, 2 novembre 1944, p. 2)

[53] Voy. Documents sur l’activité du Comité international de la Croix-Rouge en faveur des civils détenus dans les camps de concentration en Allemagne (1939-1945) (éd. CICR, Genève, 1947), p. 115. Il est intéressant de noter que le délégué n’a pas demandé à voir la (prétendue) chambre à gaz homicide. A l’époque, pourtant, des rumeurs persistantes circulaient à son propos. Dans son rapport, il écrit simplement : « En quittant le camp, j’étais sur le point de demander à Suhrens de me montrer la chambre à gaz et le crématoire. Je ne l’ai cependant pas fait. » Plus loin, cependant, il raconte qu’après la capitulation allemande, il rencontra dans Berlin une ancienne déportée à Ravensbrück : « je lui demandai où se trouvaient le crématoire et la chambre à gaz. “Sous la grande place”, me répondit-elle. » Va-t-il vérifier ? Nullement. Il poursuit : « C’était donc sous cette grande place, cette place sur laquelle réglait une grande animation lorsque je m’y trouvais un mois auparavant. A ce moment-là, j’étais loin de me douter que c’était sous mes pieds que des centaines, peut-être des milliers de malheureuses avaient été gazées et incinérées. » (Ibid., p. 116). Voilà comment, avec une légèreté coupable (puisqu’il n’avait ni vu, ni vérifié), un fonctionnaire du CICR a cautionné la légende des gazages homicides dans les camps (cliquez ici si vous voulez comprendre pourquoi les rumeurs concernant la chambre à gaz homicide de Ravensbrück sont fausses). J’ajoute que d’après la thèse officielle établie dès 1945 à Nuremberg par le témoignage de Mme Vaillant-Couturier, la (prétendue) chambre à gaz homicide de Ravensbrück ne se serait pas trouvée sous la grande place, mais à l’extérieur du camp, dans une petite cabane en bois (voy. TMI, VI, 233 : « La chambre à gaz à Ravensbrück était juste derrière le mur du camp »). Dès lors, il est scandaleux qu’en 1947, le CICR ait publié le rapport sur Ravensbrück sans l’accompagner d’une rectification.

[54] « A l’époque où je fus chargé de m’occuper de ces questions [de ravitaillement], il avait été décidé que tous les prisonniers, y compris les internés des camps de concentration, recevraient les mêmes rations que le reste de la population, s’ils travaillaient » (TMI, XI, 607).

[55] Sur la vie à Dora lors de la construction de l’usine souterraine, voy. A. Rogerie, op. cit., pp. 44 et ss.

[56] Voy. The Belsen Trial…, op. cit., p. 291.

[57] TMI, XXXVII, 162. Naturellement, l’auteur déclare que ces fiches étaient rédigées pour sauvegarder « les apparences ». Il écrit : « Il est curieux de constater, à côté des sévices et des mesures d’extermination pratiquées par les Allemands, qu’à ce point ils furent parfois soucieux du respect des apparences » (Id.). Voilà pourquoi il parle de « l’évolution de la maladie (réelle ou fictive) » (parenthèse que nous avons omise dans la citation), comme s’il s’agissait souvent de fausses fiches… C’est toujours la même chose : dès qu’un fait — et il y en a une myriade — vient contredire la version officielle, on le minimise, on prétend qu’il n’est pas significatif, qu’il servait à entretenir une illusion. Voy., à ce sujet, le témoignage déjà cité de P. Lewinska. Elle prétend que les femmes admises à Auschwitz et tatouées servaient entre autres à « cacher la vérité sur Oswiecim. A l’aide de petits détails (lettres, colis) on créait l’impression au dehors qu’Oswiecim n’était qu’un lieu d’isolement » (P. Lawinska, op. cit., pp. 174-5).

[58] Voy. Génération 3, été 2004, p. 27, col. A.

[59] Voy. Est-Élair, 19 mai 2004, article intitulé : « André Alicot se souvient ».

[60] Voy. le Catalogue alphabétique des camps de concentration et de travaux forcés assimilés et de leurs commandos et sous-commandos ayant existé en Allemagne pendant la guerre 1940-1945 (Royaume de Belgique, Ministère de la Santé Publique et de la Famille, 1951), p. 280.
 
Old April 29th, 2011 #30
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Himmler et l’augmentation de la main-d’œuvre déportée


Par la suite, les difficultés militaires croissantes du Reich entraînèrent une augmentation de la demande de main-d’œuvre déportée. En décembre 1942, ainsi, H. Himmler ordonna que les travailleurs étrangers qui avaient rompu leur contrat de travail ou qui s’étaient enfuis ne soient plus mis en prisons — où, bien souvent, ils ne travaillaient pas, ou trop peu — mais soient directement internés dans les camps. Son objectif était d’obtenir 35 000 ouvriers supplémentaires en un mois. Dans une circulaire du 17 décembre 1942, on lisait :

Pour des raisons importantes d’ordre militaire qui ne peuvent pas être précisées [il s’agissait des difficultés en URSS], le Reichsführer SS et chef de la Police allemande a ordonné, le 14 décembre 1942, que, jusqu’à la fin janvier 1943 au plus tard, 35 000 détenus au moins, aptes au travail, doivent être envoyés dans les camps de concentration.
Pour atteindre ce nombre, les mesures suivantes s’imposent :
A dater de ce jour jusqu’au 1er février 1943, tous les travailleurs de race étrangère qui se seront enfuis ou qui auront rompu leur contrat, devront être internés par les voies les plus rapides quand ils n’appartiennent pas à des États alliés, amis ou neutres[41].

En août 1943, pour faire face à l’épuisement des réserves de main-d’œuvre, H. Himmler ordonna « d’envoyer aux travaux forcés [en Allemagne] tous les hommes pris dans les combats de guérilla à l’Est » (TMI, IV, 204).
Huit mois plus tard, alors que l’Allemagne était constamment bombardée et qu’elle tentait de réagir avec une main-d’œuvre de plus en plus minime, H. Göring envoya un télétype à H. Himmler pour que celui-ci mette à la disposition des usines de la Luftwaffe « le plus grand nombre possible d’internés des camps de concentration » (TMI, III, 475). Le Reichsführer des SS lui répondit sans tarder que déjà 36 000 prisonniers travaillaient dans la construction aéronautique, qu’on envisageait de porter ce nombre à 90 000 et que 100 000 déportés supplémentaires seraient nécessaires pour le « déplacement des usines aéronautiques dans des installation souterraines »[42].

Récapitulation


Tous ces rappels confirment que :

1°) à partir d’avril 1942, les camps devinrent une partie intégrante de la machine industrielle allemande ;

2°) l’aggravation de la situation militaire rendit nécessaire, voire capitale, la main-d’œuvre fournie par les déportés ;

3°) le rendement des détenus devait être maximum.

Une nouvelle fois, donc, je pose deux questions :

Comment croire que les autorités allemandes aient gaspillé les ressources humaines en maltraitant et en tuant les déportés qui pouvaient lui servir ?

Comment croire que, dans les camps, les internés aient été volontairement réduits à l’état de squelettes ambulants, donc incapables de fournir un travail efficace, alors que l’Allemagne luttait désespérément pour obtenir de la main-d’œuvre productive ?

Les historiens parlent de l’ « extermination par le travail »

Une thèse née à Nuremberg


A cela, l’exterminationniste répond : vous oubliez le fait que les déportés affluaient de toute l’Europe occupée. Par conséquent, les Allemands n’avaient pas à se soucier de leur santé : dès qu’un détenu donnait des signes de faiblesse, dès qu’il devenait inapte au travail, il était éliminé et immédiatement remplacé par un autre, voire par deux autres. Vous avez tout à l’heure cité le document L-159, le compte rendu d’une délégation américaine qui visita les camps après le 8 mai 1945. Les auteurs ont expliqué la façon dont les nazis s’y prenaient :

Quand le rendement des travailleurs diminuait, comme conséquence des conditions dans lesquelles on leur demandait de vivre, leur ration alimentaire était diminuée en guise de châtiment. Ceci créait un cercle vicieux, dans lequel le faible s’affaiblissait encore davantage, et en définitive était exterminé [TMI, III, 477].

Vous avez également cité le commandant Farr à Nuremberg. Au cours de son exposé magistral, ce substitut du procureur général américain l’a bien dit :

Les SS réussirent dans une certaine mesure à atteindre leurs deux buts : augmenter la production et éliminer les individus indésirables [TMI, IV, 207-8].

Enfin, vous avez plusieurs fois mentionné le document F-274 pour soutenir votre thèse. Permettez-moi de vous dire que, là encore, on y trouve la confirmation de ce que nous disons depuis des années. On lit par exemple :

La vie [dans les camps] se déroulait plus ou moins épuisante et tragique mais sur un rythme analogue dans tous les camps, car il devait satisfaire au désir manifeste des dirigeants nazis : obtenir le maximum de rendement sans aucun souci de la souffrance humaine. Les pertes mêmes ne comptaient pas : l’afflux des arrivées était continu. L’utilisation rationnelle des cendres des victimes était prévue [TMI, XXXVII, 151].
L’état dans lequel [les déportés] vivaient, l’absence de contrôle intermédiaire, autorisaient les mesures les plus rigoureuses pour que le secret de la fabrication ne franchisse pas le seuil de l’usine : plus il mourait de détenus, aisément remplaçables, moins le secret risquait d’être violé [Ibid., p. 156].

Telle est, résumée, l’argumentation développée depuis des années par les historiens officiels. C’est la fameuse thèse de « l’extermination par le travail ».

Une thèse qui heurte le bon sens


Dans un premier temps, j’y réponds par une remarque que j’estime de bon sens : on admet que le « désir manifeste des dirigeants nazis » était d’ « obtenir le maximum de rendement » et que les SS y seraient parvenus[43] ; or, comment croire que cet objectif ait pu être atteint si les ouvriers avaient été sans cesse remplacés ? Car c’est une évidence : le nouvel ouvrier qui arrive doit s’accoutumer à son poste de travail. Cette familiarisation entraîne des pertes de temps, donc une baisse de rendement. A Nuremberg, A. Speer expliqua :

A partir de 1942, l’industrie de l’armement travaillait pour une production massive avec un travail à la chaîne, et cela demandait un grand nombre d’ouvriers spécialisés […]. Étant donné qu’un ouvrier a besoin d’un apprentissage de six à douze semaines et que, même après cet apprentissage, il y a encore six mois de pertes assez importantes et que, après ce temps seulement, un ouvrier spécialisé peut fournir un travail de qualité, étant donné tout cela, il est clair que le traitement des ouvriers spécialisés qui travaillaient dans les usines était pour nous un souci spécial supplémentaire [TMI, XVI, 464].

On me répondra que très peu de déportés étaient employés comme ouvriers spécialisés[44]. Admettons, mais même les tâches simples nécessitent une familiarisation. Dans une circulaire du 26 novembre 1942, les services de la main-d’œuvre signalèrent que les juifs affectés dans les usines d’armement étaient promis à la déportation ; ils allaient donc être remplacés par des Polonais. Ce remplacement serait-il immédiat ? Non. L’auteur déclarait que les juifs affectés à des emplois subalternes pourraient être déportés dès que les travailleurs polonais se seraient familiarisés avec leur tâche[45]. Preuve qu’un temps d’adaptation — assez long pour être pris en compte — était nécessaire même pour les « emplois subalternes ».
Un autre document vient confirmer que, dans la mesure du possible, les Allemands voulaient éviter les remplacements d’ouvriers, afin de maintenir le niveau de production. Il s’agit d’un compte rendu d’une visite faite par un fonctionnaire allemand dans un camp où logeaient des prisonniers de guerre russes affectés à la construction de locomotives. Il ne s’agissait pas d’ouvriers spécialisés, mais de simples manœuvres. Lors de sa visite, le fonctionnaire s’était élevé contre le fait que les travailleurs souffraient de malnutrition. On lit :

[Le responsable] répondit […] que les Bolcheviks étaient des hommes sans âme, et que si des centaines de mille mouraient, 100 000 autres les remplaceraient. […] je fis remarquer que ces allées et venues ne correspondaient pas à nos buts qui étaient de livrer des locomotives aux chemins de fer du Reich, qui, constamment, demandaient de limiter les délais de livraison […][46].

Voilà pourquoi je considère comme absurde la thèse de « l’extermination par le travail » ; un pays qui a besoin de parvenir à un maximum de production ne peut se permettre de remplacer sans cesse les ouvriers.

Si les Allemands avaient disposé d’un réservoir inépuisable de déportés, le STO n’aurait pas existé


Mais un autre argument encore plus fort peut être avancé : à supposer que les Allemands aient disposé d’un réservoir quasi inépuisable de main-d’œuvre avec les déportés, une main-d’œuvre corvéable à merci, entièrement gratuite et sans cesse renouvelable pour que le rendement reste maximum, comment expliquer qu’ils aient été contraints de se démener, à partir de 1941-42, pour recruter des millions d’ouvriers volontaires ou forcés, des ouvriers qu’il fallait loger, payer, assurer, laisser partir en vacances etc.[47] ? C’est un non-sens total. Je le dis et le répète : le fait que, jusqu’à la fin, un homme comme F. Sauckel ait eu pour unique tâche de trouver, par tous les moyens possibles, des millions d’ouvriers, démontre que la main d’œuvre dont disposait le Reich (y compris dans les camps) était insuffisante.

Même les déportés « incapables de travailler » furent employés


Enfin, il me paraît nécessaire d’appeler l’attention sur un document capital, document qui démontre la fausseté de la thèse selon laquelle les déportés reconnus « incapables de travailler » étaient éliminés. On y découvre qu’au moins à partir de 1943, des tâches furent données aux détenus impotents, tuberculeux etc., qui étaient contraints de garder le lit. Il s’agit d’une lettre datée du 27 avril 1943 émanant du Bureau central d’administration économique des SS et adressée aux commandants de quinze camps de concentration. Dans un paragraphe consacré aux « prisonniers incapables de travailler (tuberculeux, impotents contraints de garder le lit, etc.)», on lisait :

On donnera aux prisonniers qui gardent le lit, un travail qui sera adapté à leurs possibilités et qu’ils feront au lit. L’ordre du Reichsführer SS doit être strictement observé à l’avenir[48].

A Nuremberg, R. Höss confirma que les malades avaient également été mis au travail : « Le Reichsführer, déclara-t-il, avait même donné l’ordre d’utiliser là où ils pouvaient travailler les gens malades » (TMI, XI, 416).
Mais une autre confirmation, bien plus intéressante, peut être trouvée dans une pièce extraite du dossier de l’Accusation. Il s’agit du document… F-274 dans lequel on lit :

Pour les vieillards et les détenus épuisés par la maladie, des travaux spéciaux étaient réservés, tels :
Confection de tresses à Neuengamme ;
Raccommodage de chaussettes à Buchenwald ;
Tricotage à Ravensbrück [TMI, XXXVII, 158 ;

J’y vois la preuve :

1°) que les détenus inaptes au travail n’étaient pas exterminés ;
2°) que la crise de la main-d’œuvre était grave au point qu’il avait fallu se résoudre à employer même les alités.

Des camps bien tenus, avec des déportés en bonne santé


Voilà pourquoi je rejette la thèse selon laquelle les camps auraient été des usines de mort lente, des lieux dans lesquels des hommes et des femmes arrivés en bonne santé auraient été exploités jusqu’à ce que la famine organisée, les coups et l’absence de soins volontaires aient raison d’eux. Un pays qui manque cruellement de main-d’œuvre au point de recruter dans toute l’Europe et, finalement, d’utiliser même les alités ne gaspille pas le potentiel humain. Il le nourrit et le soigne suffisamment bien pour qu’il conserve sa capacité de production.

Une lettre bien oubliée


Témoin cette lettre bien oubliée, datée du 15 décembre 1942, dans laquelle H. Himmler écrivait à Oswald Pohl à propos des prisonniers des camps.

En ce qui concerne leur nourriture, essayez de vos procurer des légumes crus et des oignons en quantité. Donnez-leur en abondances, des carottes, des choux, des navets etc. suivant la saison. Faites des provisions, afin que pendant l’hiver les prisonniers reçoivent des rations suffisantes. Je pense qu’ainsi nous réussirons à améliorer leur état de santé[49].

Colis et argent


Dans son ouvrage intitulé Staline. Agent du Tsar, Roman Brackman mentionne le fils du dictateur, Yakov Djougashvili, fait prisonnier par les Allemands pendant la guerre. Après plusieurs tentatives d’évasion, il fut « transféré au camp de la mort de Sachsenhausen ». On lit :

l’ironie du sort voulut que ses compagnons fussent des officiers polonais capturés par les Allemands en 1939. Comme leurs camarades anglais en français, ils recevaient des colis et de l’argent de leurs parents, et même du gouvernement polonais en exil à Londres, par l’entremise de la Croix-Rouge. Mais Yakov ni les autres prisonniers soviétiques ne recevaient rien ; les Polonais partagèrent avec lui leurs colis mensuels […][50].

Pour un « camp de la mort », Sachsenhausen paraît avoir été plutôt libéral, même envers les Polonais. L’argent envoyé confirme que les prisonniers pouvaient acheter de la nourriture supplémentaire ou des effets personnels.

Bien des témoignages, d’ailleurs, donnent des camps une description très différente de celle véhiculée par la thèse officielle.

Le témoignage du juge Morgen sur Buchenwald


Dans un premier temps, je citerai celui de Konrad Morgen. K. Morgen, je le rappelle, était un juge SS. A partir de l’été 1942, il enquêta sur les délits commis dans les camps (corruption, meurtres…) par des membres de l’administration. Il traita environ 800 affaires, permit le jugement de 200 personnes, arrêta cinq chefs de camp dont deux furent finalement fusillés après jugement (TMI, XX, 523). En août 1946, ce magistrat intègre fut appelé à témoigner à Nuremberg. A la question : « Aviez-vous l’impression, et à quelle époque, que les camps de concentration étaient des lieux d’extermination ? », il répondit :

TÉMOIN MORGEN. — Je n’ai pas eu cette impression. Un camp de concentration n’a jamais été un lieu d’extermination. Je dois dire que dès la première visite que j’ai faite dans un camp de concentration — j’ai dit que c’était celui de Weimar-Buchenwald — ce fut pour moi un profond étonnement. Le camp était situé sur une hauteur boisée ; il y a une vue magnifique ; les bâtiments sont extrêmement propres, fraîchement peints. Il y a beaucoup de pelouses et de fleurs. Les détenus étaient bien portants, normalement alimentés ; ils avaient du hâle sur la peau ; quant au rythme de travail…
LE PRÉSIDENT. — De quand parlez-vous ?
TÉMOIN MORGEN. — Je parle du début de mes enquêtes, en juillet 1942 […]. Les installations du camp étaient en ordre parfait, surtout le bâtiment pour les malades ; la direction du camp était dans les mains du commandant Diester. Elle s’efforçait de faire aux détenus des conditions de vie tout à fait normales. Ils pouvaient correspondre et recevoir des envois postaux ; ils possédaient une grande bibliothèque dans le camp avec des ouvrages en plusieurs langues. Il y avait des séances de music-hall, des films, des concours de sport, et même une maison close. Tous les autres camps de concentration étaient installés à peu près comme Buchenwald[51].

Un rapport sur Buchenwald paru sans la presse alliée en 1944


Il est intéressant de noter que les propos du juge Morgen sont confirmés par un rapport paru le 20 octobre 1944, dans le quotidien français Libres. Sous le titre : « Nous avons des nouvelles du camp de Weimar », on lisait :

Le règlement du camp est le suivant :
4 h. 30. — Lever, toilette surveillée torse nu, lavage du corps obligatoire.
5 h. 30. — 500cm3 de potage ou café avec 450 g de pain, (parfois, ils ont moins de pain, mais ils ont une ration de pomme de terre de bonne qualité, abondante), 30 g de margarine, une rondelle de saucisson ou un morceau de fromage.
12 h. — Un café.
18 h. 30. — Un litre de bonne soupe épaisse.
Le matin à 6 heures, départ pour le travail. Le rassemblement se fait par emploi, usine, carrière, bûcheronnage, etc. [...]. Puis l’on part en musique.
L’état sanitaire du camp est très bon. A la tête se trouve le professeur Richet, déporté. Visite médicale chaque jour. Il y a de nombreux médecins, une infirmerie et un hôpital.
Les internés portent le costume des forçats allemands en drap artificiel relativement chaud. Leur linge a été désinfecté à l’arrivée. Ils ont une couverture pour deux hommes. [...].

Loisirs. — Liberté complète dans le camp le dimanche après-midi. Cette soirée est agrémentée de représentations données par une troupe théâtrale organisée par les internés. Cinéma une ou deux fois par semaine (films allemands), TSF dans chaque baraque (communiqués allemands). Beaux concerts donnés par l’orchestre des prisonniers.
Tous les prisonniers sont d’accord pour trouver qu’ils sont mieux à Weimar qu’ils ne l’étaient à Fresnes ou dans d’autres prisons françaises[52].

Le rapport d’un délégué de la Croix-Rouge sur Ravensbrück


K. Morgen ne fut pas le seul à témoigner dans ce sens. Dans un rapport, un fonctionnaire du Comité international de la Croix-Rouge raconte ainsi une visite qu’il effectua à Ravensbrück en 1945 (donc dans les tous derniers temps de la guerre), avant que celui-ci ne soit évacué :

Suhrens [le commandant] me fit tout visiter, les baraques, la cuisine, l’infirmerie, les installations hygiéniques, la buanderie, les cellules pour délinquantes et d’autres bâtiments encore. En regardant de plus près, j’ai pu constater que les baraques contenaient des lits à trois étages et que le cube d’air était nettement insuffisant. La cuisine est une installation moderne, telle que l’on en voit dans les usines et dans certains camps de prisonniers de guerre. A l’infirmerie, ce sont les détenues qui travaillent comme infirmières ; elles sont toutes vêtues de blanc. L’infirmerie elle-même comprend plusieurs vastes salles toutes très bien aménagées (salle d’opération, de pansement, etc.). La bibliothèque contient plusieurs milliers de volumes, la plus grande partie en langue allemande. L’ « Arrestlokal » est un bâtiment en pierre à deux étages, avec cour intérieure ouverte. Plusieurs cellules furent ouvertes et je fus étonné de constater la parfaite installation de ces cellules et la propreté qui y régnait. Chaque cellule contient un lit métallique avec deux couvertures, une chaise, un lavabo avec eau courante et un miroir, une cuvette WC avec chasse d’eau. Le camp ne possède pas de chapelle[53].

Le témoignage d’Albert Speer sur Mauthausen


Le 19 juin 1946, à Nuremberg, A. Speer décrivit ainsi une visite qu’il avait faite trois ans plus tôt à Mauthausen :

J’ai visité la baraque de la cuisine, celle des lavabos et une des baraques où étaient logés les détenus. Ces baraques étaient des constructions de pierre et elles étaient dotées d’une installation moderne exemplaire. Étant donné que ma visite n’avait été annoncée que peu de temps avant qu’elle n’ait eu lieu, il est exclu, à mon avis, que l’on ait pu procéder à de grands préparatifs avant ma venue. Malgré cela, le camp, ou plutôt la petite partie du camp que j’ai vue, me donna une impression de propreté exemplaire [TMI, XVI, 463].

Des déportés bien traités…


Cette visite s’étant déroulée à l’heure où les déportés étaient au travail, A. Speer ne put les voir. Mais il en vit de nombreux lorsqu’il visitait les usines d’armement. Toujours à Nuremberg, il déclara :

Lorsque je visitais des entreprises, je voyais des internés provenant des camps de concentration et qui, dans l’ensemble, donnaient l’impression d’être bien nourris [Ibid., p. 461].

A. Speer ne mentait pas. Deux mois plus tôt, un ancien fonctionnaire au ravitaillement, Joachim Riecke, avait souligné que, loin d’être sous-alimentés, les déportés qui travaillaient recevaient « les mêmes rations que le reste de la population »[54]. Ajoutons que les déportés employés dans les usines travaillaient le même nombre d’heures que les autres ouvriers, pour la simple raison suivante, rappelée par A. Speer :

les ouvriers qui provenaient des camps de concentration ne formaient, en règle générale, qu’une partie de la main-d’œuvre, et cette partie de la main-d’œuvre ne supportait pas de charges plus lourdes que le reste de la main-d’œuvre [TMI, XVI, 460].

Naturellement, dans certains ateliers où ne travaillaient que des déportés, les horaires ont pu être très lourds. De même, certains commandos effectuaient des travaux très pénibles ; citons par exemple Dora (un commando de Buchenwald) où, en 1943, des déportés durent construire une usine souterraine dans des conditions terribles (absence d’aération, nourriture mauvaise…)[55]. De nos jours, le cas de Dora est très souvent cité. On oublie simplement de dire :
a) que si les Allemands durent construire dans l’urgence des usines souterraines, c’était pour les protéger des bombardements massifs des Alliés ;
b) qu’une fois l’usine terminée, les déportés qui travaillèrent dans les ateliers souterrains à la fabrication des V1 et des V2 furent bien traités. A. Rogerie lui-même, qui participa à la construction de l’usine, écrit : « Dora deviendra ensuite un “bon” camp ; le tunnel sera aéré, la nourriture meilleure » (A. Rogerie, op. cit., p. 55). Les clichés de l’époque le confirment. Une nouvelle fois, ce fait ne sauraient surprendre : ces déportés fabriquaient les « armes nouvelles » qui étaient le dernier espoir de l’Allemagne agonisante. Par conséquent, ils devaient être bien traités afin d’atteindre un rendement satisfaisant. Lors du procès de Belsen, d’ailleurs, un accusé, Oscar Schmitz, qui avait été à Dora en 1945, fut interrogé pour savoir si, là-bas, il avait vu des déportés maltraités. Il répondit : « Non, parce que ces prisonniers étaient utilisés pour travailler sur les armes V1 et V2 »[56].

… et soignés jusqu’à la fin


Signalons également le document F-274 (déjà cité) dans lequel l’auteur affirmait :

[…] nous possédons une série de fiches médicales pour les malades de Dora. Leur courbe de température, le diagnostic, l’évolution de la maladie […] y étaient scrupuleusement notés[57].

Or, si, à Dora, les déportés avaient été destinés à l’extermination lente, personne n’aurait perdu son temps à les soigner…

Les exemples de déportés soignés jusqu’à la fin (en 1945) abondent. Dans sa livraison de l’été 2004 ; Génération 3 (magazine de l’EDF) a publié le témoignage de Jean Villeret, ancien déporté à l’âge de 17 ans pour résistance. Son récit contient certaines informations intéressantes. Il déclare par exemple :

Le 31 janvier 1944 […] je suis arrêté […] porteur d’une arme. Tout bascule. Je suis remis aux Allemands et incarcéré à Fresnes […]. J’avoue appartenir au FTP puis me rétracte lors de l’instruction, en racontant une histoire pour justifier mon port d’arme, histoire que l’officier instructeur n’a pas dû croire[58].

C’est bien la preuve que même lorsque vous étiez arrêté avec une arme, vous n’étiez pas immédiatement déporté dans le cadre d’une procédure arbitraire. Non, un officier instructeur vous interrogeait et vous pouviez vous défendre…

Le 7 juillet 1944, J. Villaret sera déporté au Struthof. Pas dans des wagons à bestiaux : « en wagon de voyageur troisième classe » (Id.). Il poursuit :

Arrivés au camp, un kapo nous conduit au crématoire situé en bas du camp. Nous y sommes rasés […], douchés [Id.].

Confirmation qu’au Struthof, les douches étaient bien situées dans le crématoire (la chaleur du four était récupérée pour chauffer l’eau). Or, je rappelle que dans les Kramas IV et V à Auschwitz, deux petites pièces étaient munies d’une évacuation d’eau et d’un poêle. D’après la thèse officielle, c’était des « chambres à gaz » homicides. Mais quand on connaît le Struthof, cette version ne tient pas une seconde : à l’évidence, il s’agissait de salles de douches avec évacuation et chauffage.

A partir de janvier 1945, J. Villaret connaîtra Dachau. Il raconte :

Une épidémie de typhus survient, mon bloc en est frappé, mis en quarantaine. J’ai un phlegmon à la gorge, non soigné, puis le typhus, en mars 1945 [Ibid., col. B].

Va-t-on le laisser mourir, puisqu’il est en bien piteux état et incapable de travailler ? Non :

Admis en infirmerie, je sombre dans le coma. Lorsque je reprends conscience, c’est pour être frappé d’érésipèle. Ma faiblesse est extrême, mais je suis vivant ! Le dimanche 29 avril 1945, le camp de Dachau est libéré par les troupes américaines [Id.].

Là encore, c’est clair : J. Villaret n’a pas été tué d’une piqûre alors qu’il était dans le coma. Au contraire : on s’en est occupé, on l’a soigné, on l’a sauvé. Mais il est possible que ce garçon ait été filmé ou photographié dans son état de faiblesse extrême et que son image ait servi à la propagande dénonçant le « sadisme nazi ».

Dans son édition du 19 mai 2004, le quotidien Est-Éclair a publié le témoignage d’un ancien Résistant déporté, André Alicot. Arrêté en mai 1944, il fut envoyé en Allemagne au cours de l’été et affecté au camp Neckarerlz. Le survivant raconte les habituelles histoires : « son quotidien, avec des Polonais, des Russes, était fait d’humiliations, de travail à la mine, de terrassement, de décès de compagnons, de pendaisons chaque soir […]. Cela sans presque rien à manger »[59]. Bref, un véritable « camp de la mort » où la vie des prisonniers ne comptait pour rien.
Il est vrai que les conditions qui régnaient dans les camps de la vallée du Neckar furent très dures. La raison est simple : ces camps, qui dépendaient administrativement de Natzweiller, furent créés dans l’urgence, en mars 1944, dans une Allemagne ravagée par les bombardements alliés. L’objectif était de faire bâtir par les détenus (entre 2 500 et 3 000) des usines souterraines destinées à la Luftwaffe[60]. On imagine donc aisément quelle fut la vie de ces malheureux, contraints de creuser des galeries en hâte dans un pays désorganisé — d’où des déficiences dans l’apport de ravitaillement (nourriture, matériel sanitaire, outillage…) — et constamment bombardé.
Là comme ailleurs, les conditions de vie résultèrent non d’une prétendue « inhumanité nazie », mais de la situation générale qui régnait en Allemagne dans les derniers mois du conflit. Soulignons d’ailleurs qu’en janvier 1945, un des camps du Neckar, Neckargerach, fut reconverti « en camp de repos ou camp sanitaire » (Id.) ; on y envoya les déportés malades, victimes d’accidents du travail ou… des bombardements. Or, si, vraiment, les « nazis » n’avaient accordé aucune valeur à la vie des détenus, allant jusqu’à en pendre « chaque soir » rien que pour satisfaire leurs pulsions sadiques, ils n’auraient pas reconverti Neckargerach ; ils auraient achevés les blessés et les affaiblis d’une balle dans la tête.
On m’objectera peut-être que ce prétendu « camp sanitaire » était un mouroir où les détenus crevaient sans soins ni nourriture. C’est cependant faux, et la preuve du contraire nous est apportée par… André Alicot lui-même. Dans l’article, la journaliste nous dit qu’il est passé par Neckargerach, mais sans préciser quelle était la destination de ce camp. Quelques lignes plus bas, toutefois, elle cite A. Alicot qui déclare :

En février 1945, j’ai été blessé par un bombardement sous un tunnel [qui a] fait une trentaine de morts. J’ai arrêté de travailler une quinzaine de jours. Il y avait des docteurs qui opéraient avec un équipement sommaire [Voy. Est-Éclair, déjà cité.].

J’y vois la confirmation du fait que Neckargerach était bien un « camp de repos et un camp sanitaire » où, jusqu’à la fin, les malades et les blessés étaient soignés et opérés, même si, en ces temps d’apocalypse, le matériel était sommaire. Ce fait ne s’accorde absolument pas avec la thèse de l’ « extermination par le travail »…

Toutes ces pièces apportent la preuve que, au moins jusqu’à la fin 1944 et si l’on excepte quelques commandos terribles, l’ensemble de la main-d’œuvre concentrationnaire fut traitée au mieux étant données les circonstances. Certes, on était soumis à une discipline militaire (lever très tôt, appels…), on travaillait dur, on était loin de chez soi, on était séparé de sa famille, on connaissait une certaine promiscuité — autant de choses qui peuvent rendre la vie très pénible —, mais tout cela reste sans rapport avec les images d’enfer qui sont aujourd’hui véhiculées. En conséquence :

Il est faux de croire que les Allemands auraient appliqué, à l’encontre des déportés, un plan « d’extermination par le travail ».

Naturellement, reste à savoir pourquoi, en 1945, les Alliés ont découvert d’horribles spectacles dans les camps : tas de cadavres, déportés squelettiques agonisant etc.
Pour le comprendre, il est nécessaire de ne pas dissocier l’histoire du système concentrationnaire allemand de l’histoire de l’Allemagne à partir de 1942.
 
Old April 29th, 2011 #31
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

L’ « extermination par le travail » :



mythe ou réalité ?



Trois événements capitaux survinrent en 1941, dont les répercussions allaient être immenses :
1°) le déclenchement de l’offensive en URSS ;
2°) l’arrivée précoce de l’hiver russe ; et
3°) l’entrée en guerre des Etats-Unis.

Une mondialisation de la guerre qui provoque en Allemagne une grave pénurie de main-d’œuvre

En 1939, l’Allemagne n’était pas prête pour résister à une attaque concentrique


A partir de juin 1941, le Reich fut amené à se battre sur deux fronts très étendus. A l’Ouest contre les Anglais et leurs alliés ; à l’Est contre l’URSS. En moins de deux ans, ainsi, le simple conflit local germano-polonais pour Dantzig et le Corridor s’était transformé en une guerre (presque) mondiale. Cette évolution, Hitler ne l’avait pas prévue[1] et l’Allemagne n’était pas prête, même sur le plan militaire, à supporter un tel combat. A Nuremberg, le général Jodl fut formel ; questionné sur l’état de l’armement allemand en 1939, il expliqua :

Jusqu’en 1939, nous étions, il est vrai, en mesure d’abattre la Pologne seule ; mais nous n’avons jamais été en mesure, ni en 1938, ni en 1939, de nous opposer à une attaque concentrique de ces nations [France, Angleterre, Pologne] réunies. Et si nous ne nous sommes pas effondrés dès 1939, cela est dû tout simplement au fait que, pendant la campagne de Pologne, les 110 divisions françaises et britanniques à l’Ouest sont demeurées absolument inactives en face des 23 divisions allemandes […]. Nous sommes entrés dans la guerre avec environ 75 divisions. Soixante pour cent de notre potentiel d’effectifs n’avait encore subi aucune formation militaire […]. Nos réserves en munitions et en obus […] atteignaient alors un niveau dérisoire[2].

A partir de la fin 1941, le Reich se heurte à une pénurie de la main-d’œuvre


En vingt mois, certes, l’Allemagne eut le temps de parer au plus au plus pressé afin de riposter à l’Ouest. Mais à partir du moment où elle se trouva prise entre l’empire anglais et l’empire russe, Hitler n’eut qu’un seul souci : soutenir l’effort de guerre. Or, avec le départ de nombreux hommes sur le front de l’Est, le Reich allait fatalement manquer de main-d’œuvre. Le 31 octobre 1941, un mémorandum très secret rédigé au Quartier Général de Hitler déclara :

La pénurie de main-d’œuvre devient un obstacle de plus en plus dangereux pour l’avenir de l’industrie allemande de guerre et d’armement. L’amélioration escomptée par l’effet des démobilisations est incertaine quant à son étendue et à sa date[3].

Hiver 1941-1942 : Hitler ne parvient pas à écraser l’URSS


Le seul espoir résidait dans une victoire rapide en URSS. Or, si les succès militaires des premiers mois permirent de l’espérer, l’arrivée précoce de l’hiver russe remit tout en question. L’offensive en URSS se trouva subitement stoppée. Le 8 décembre 1941, la directive n° 39 pour la conduite de la guerre fut envoyée à tous les postes de commandement. On lisait :

L’hiver à l’est, qui est apparu étonnamment tôt et particulièrement dur, ainsi que les difficultés d’approvisionnement qui en résultent, contraignent à l’arrêt immédiat de toutes les grandes opérations offensives et au passage à la défensive. La façon dont cette défensive doit être conduite est déterminée par l’objectif que nous poursuivons, à savoir :
a) Conserver les secteurs qui sont pour l’adversaire d’une grande importance pour ses opération ou son économie de guerre ;
b) Rendre possible pour les forces de la Wehrmacht engagées à l’est un repos et une réorganisation complets ;
c) Créer ainsi les conditions nécessaires pour la reprise de grandes opérations offensives en 1942[4].

La reprise de l’offensive nécessite des hommes et du matériel


La reprise des opérations offensives nécessitait toutefois l’apport de nouveaux hommes et de nouveau matériel. Car la récente campagne militaire et l’arrivée subite de l’hiver avaient eu pour conséquence des pertes énormes. Le 30 novembre 1941, le chef de l’État-Major des Armées, le général Halder, précisa que le total des pertes à l’Est se montait à 743 112 hommes (non compris les malades), que 340 000 soldats manquaient à l’Infanterie et que 50 % des camions seulement étaient en état de marche (Voy. Walrimont, op. cit., p. 120). A cela, il fallait ajouter les pannes en masse des locomotives, des armes mécaniques, des chars, des avions etc[5]. Le déficit en hommes était tel que la mobilisation de la classe 1922 ne pouvait suffire à le combler[6]. Voilà pourquoi le 8 décembre 1941, Hitler ordonna que les jeunes ouvriers allemands placés en affectation spéciale soient « de façon générale et le plus largement possible » envoyés au front (Id.). Mais cette décision risquait d’affecter un peu plus la production de guerre à un moment où le matériel devait impérativement être remplacé.
Trois jours plus tard, en outre, l’Allemagne déclara la guerre aux USA. Hitler prit cette initiative peu après Pearl Harbor afin que les commandants de sous-marins puissent désormais torpiller tous les navires ennemis dans l’Atlantique, sans crainte de commettre une erreur[7]. Mais cette décision plaçait l’Allemagne dans une situation délicate : désormais aux prises avec deux ennemis dont le potentiel humain et matériel était colossal, elle « devait nécessairement tenter d’en éliminer un avant que l’autre puisse déployer toute sa puissance » (voy. Walrimont, p. 131).
Comme on pouvait s’y attendre, le choix se porta sur le plus affaibli à ce moment : l’URSS. Toutefois, aucun espoir de victoire ne pouvait être caressé si le Reich ne gagnait pas en premier lieu la bataille de la production d’armement afin de combler les vides béants. L’Allemagne se retrouvait donc dans une situation inextricable : produire l’armement dans des usines vidées de leurs travailleurs, ces derniers devant partir au front.

Hitler prend des mesures d’urgence


Afin de parer au plus pressé, Hitler ordonna la mise au travail des prisonniers de guerre soviétiques et la réquisition de travailleurs civils issus des territoires conquis à l’Est. Dans la directive n° 39, déjà citée, on lisait :

Les jeunes ouvriers [allemands] placés en affectation spéciale devront être […] remplacés par des prisonniers et des travailleurs civils soviétiques qui seront engagés en groupe. Des ordonnances spéciales à ce sujet seront promulguées par le commandement supérieur de la Wehrmacht [H.R. Trevor-Roper, pp. 136-7].

Chez les dirigeants du Reich, malgré une confiance sans cesse affichée, une sorte de panique naquit : les autorités allemandes abandonnèrent subitement tous les travaux d’urbanisme qui ne servaient pas à l’effort de guerre[8]. Cette initiative permit de libérer du matériel et des travailleurs et de les utiliser pour l’effort de guerre. En janvier 1942, Hitler convoqua Speer et lui donna quelques mois pour accroître très fortement la production en armement[9]. Les demandes étaient telles que les infrastructures existantes ne pouvaient suffire et qu’il fallut très rapidement construire de nombreuses nouvelles usines[10]. La main-d’œuvre allemande faisant défaut, des milliers de prisonniers de guerres furent affectés à cette tâche urgente[11]. Mais pour produire, ces nouvelles usines réclamaient des ouvriers. Le Reich se retrouvait donc sans cesse devant le même problème...

Mars 1942 : Fritz Sauckel nommé plénipotentiaire à la main-d’œuvre


Il devait le résoudre d’autant plus rapidement qu’en mars 1942, la guerre avait repris à l’Est, avec les opérations offensives dans le Caucase. Face à l’urgence, Hitler dissout toutes les sections de main-d’œuvre (qui avaient été créées en 1936) et nomma un plénipotentiaire général pour la main-d’œuvre. Il s’agissait de Fritz Sauckel[12]. A Nuremberg, ce dernier raconta :

Le Führer m’expliqua que si l’on ne gagnait pas sur l’adversaire la course à la production de nouvelles armes et munitions, l’hiver suivant les Soviets seraient à la Manche. Faisant appel à mon sens du devoir et à toute ma science, il me chargea de procurer de nouveaux ouvriers étrangers à l’économie de guerre allemande[13].

Les principes du « travail obligatoire » dans les pays occupés est mis en place


Dès avril 1942, F. Sauckel eut pour première mission de fournir au Reich 1 600 000 travailleurs (TMI, XV, 61). Il y parvint en cinq mois[14], sur la base du volontariat et du travail obligatoire (seulement à l’Est)[15].

Septembre 1942 : F. Sauckel doit trouver 2 millions de travailleurs supplémentaires


Mais cette mobilisation ne suffit pas pour soutenir l’effort de guerre. Dans un rapport daté du 6 juin 1942, un adjoint du général Jodl tira la sonnette d’alarme à propos de la situation dans l’Armée de terre. Il exposait :

Déficit en personnel à l’Armée de l’Est au 1er mai 1942, 625 000 hommes ; impossible de remplacer la totalité des pertes subies au cours de l’hiver. Les divisions blindées des Groupes d’Armées Centre et Nord ne disposeront chacune que d’un seul bataillon de blindés (c’est-à-dire de 40 à 50 chars). Il faut s’attendre pour le mois d’août 1942 à des difficultés dans le domaine des munitions, qui pourraient influencer les opérations ; secours à puiser dans les stocks du Commandement en Chef Ouest. Mobilité fortement compromise par les lourdes pertes en véhicules et en chevaux qui ne peuvent être compensées. Impossible d’éviter les mesures de « démotorisation ». Actuellement, plus de réserves en Allemagne [Walrimont, p. 136].

En septembre 1942, F. Sauckel fut donc chargé de trouver un nouveau contingent de 2 000 000 de travailleurs (TMI, XV, 61). Il se tourna alors vers l’Ukraine (TMI, III, 427). Conscient de l’urgence, Hitler lui donna « tous les pouvoir pour prendre toutes les mesures utiles » et se déclara :

d’accord sur l’emploi de mesures de coercitions au cas où cette question ne pourrait être résolue sur la base du volontariat et cela, non seulement pour l’Est, mais aussi pour les territoires occupés de l’Ouest [TMI, III, 431].

Joignant le geste à la parole, le 8 septembre 1942, le Führer instaura le service du travail obligatoire dans les territoires de l’Ouest afin d’aider à la construction du Mur de l’Atlantique. Le décret prévoyait le retrait des cartes de ravitaillement et de textiles pour les réfractaires (TMI, III, 463-4). Aux Pays-Bas, 250 000 à 260 000 jeunes hommes furent astreints au travail en Allemagne (TMI, XV, 685). Le 6 octobre 1942, un nouvelle ordonnance instaura le service du travail obligatoire en Belgique et dans le nord de la France (TMI, XV, 103).
Cette recherche frénétique de la main d’œuvre était visible partout, y compris en France. En 1941, ainsi, 19 convois de travailleurs étaient partis de ce pays vers le Reich. Ce nombre passa à 104 en 1942, soit une augmentation de plus de 5 000 % (TMI, XXXVII, 125, doc. F-274). Grâce aux efforts de F. Sauckel, le contingent de 2 000 000 de travailleurs fut finalement trouvé (notons que parmi ces gens, il y avait un million d’Allemands [TMI, XV, 61]).

Novembre 1942 : le Reich subit ses premiers graves revers militaires et doit produire chaque jour davantage


Mais le mois de novembre 1942 vit les premiers graves revers allemands : les armées anglaises remportèrent la victoire d’El-Alamein et avancèrent rapidement en Libye ; les forces anglo-américaines débarquèrent en Afrique du Nord, s’emparant de Casablanca et d’Alger ; en URSS, enfin, l’avance de la Wehrmacht fut définitivement stoppée. Par conséquent, le Reich avait échoué : il n’était pas parvenu à éliminer l’un de ses deux principaux ennemis avant que l’autre ne déploie toute sa puissance. Cerné de toutes parts, il lui fallait envoyer ses derniers ouvriers spécialisés au front et produire chaque jour davantage pour espérer reprendre l’initiative.

F. Sauckel se démène pour trouver des travailleurs


F. Sauckel se vit alors demander 1 000 000 de travailleurs supplémentaires parmi lesquels un grand nombre d’ouvriers hautement qualifiés. Or, à cette date, les réserves en Allemagne étaient définitivement épuisées. Certes, de nombreuses femmes étaient encore disponibles, mais elles ne pouvaient remplacer les ouvriers spécialisés, les mineurs et les travailleurs de forces qui étaient partis les derniers et qui devaient être remplacés[16]. Face à cette situation désastreuse, les autorités allemandes décidèrent d’opérer des réquisitions sur une vaste échelle. Le 6 février 1943, une ordonnance généralisant le STO à l’Est fut publiée (TMI, III, 430). Le 11 mars, le chef de l’État-Major économique Est de l’Armée allemande communiqua :

En tenant compte des pertes extraordinaires de main-d’œuvre qui se sont produites dans l’industrie de guerre allemande en raison des événements de ces derniers mois, il est maintenant nécessaire de reprendre partout le recrutement des travailleurs en l’augmentant considérablement. La tendance à limiter ou à arrêter complètement le programme de recrutement du Reich […] est absolument inacceptable dans les circonstances actuelles. Le Gauleiter Sauckel qui est au courant de ces événements s’est, en conséquence, immédiatement adressé au General-Feldmarschall Keitel, le 10 mars 1943, par télétype, et lui a souligné à cette occasion que, comme dans tous les autres territoires occupés où les méthodes échouent, on devait, sur l’ordre du Führer, exercer une certaine pression[17].

Six jours plus tard, F. Sauckel insista sur l’urgence du recrutement à grande échelle. Dans une lettre à A. Rosenberg, il déclara :

Ce sont en particulier les apports de main-d’œuvre à l’agriculture allemande et au programme d’armement ordonné par le Führer qui exigent l’importation rapide d’environ un million d’hommes et de femme en provenance des territoires de l’Est dans les quatre mois à venir. A dater du 15 mars, les transports journaliers devront atteindre le chiffre de 5 000 hommes ou femmes ; au début d’avril ce chiffre devra s’élever à 10 000, si l’on veut que les programmes urgents ainsi que les labours de printemps et autres travaux agricoles ne soient pas retardés, au détriment du ravitaillement et de la Wehrmacht[18].

Le 3 mai, le commissaire du Reich pour l’Ostland écrivit aux autorités de Riga pour les informer de la « situation critique » dans laquelle se trouvait le Reich et de la nécessité de fournir 183 000 travailleurs dans les quatre mois :

Comme suite aux déclarations de principe faites par le plénipotentiaire général à la main-d’œuvre, le Gauleiter Sauckel […] il a été décidé en raison de la situation critique et en faisant abstraction de toutes autres considérations, qu’un total de 183 000 travailleurs devait être fourni par l’Ostland au territoire du Reich. Cette opération devra absolument être exécutée dans les quatre mois à venir et terminée au plus tard ) la fin d’août[19].

Le 17 août, le Groupe d’armées du Sud reçut l’ordre « de procéder [dans les territoires occupés] à la révision et au transfert immédiat dans le Reich de tous les travailleurs nés en 1926 et 1927 »[20].

Dans les territoires de l’Ouest également, le recrutement forcé s’accéléra. Au Pays-Bas, les autorités d’occupation furent averties qu’elles devaient « mobiliser des classes entières et les diriger sur le Reich »[21]. Le 4 janvier 1943, A. Speer téléphona à F. Sauckel pour l’informer que :

en vertu d’une décision de [Hitler], il n’y avait plus lieu de prendre des égards spéciaux dans le recrutement de spécialistes et des auxiliaires français. On p[ouvait] faire pression sur les gens pour recruter et accentuer la rigueur des mesures prises[22].

122 000 Français furent ainsi requis pour le STO (TMI, XV, 193).

1943 : face à l’aggravation de la situation, F. Sauckel doit trouver 4 millions de travailleurs supplémentaires


Encore une fois, F. Sauckel atteint l’objectif fixé. Mais l’année 1943 s’acheva sans que l’Allemagne ne soit parvenue à redresser la situation militaire, bien au contraire. Lors d’une réunion à la quelle participaient Hitler, A. Speer et F. Sauckel, celui-ci déclara que pour maintenir le niveau de production, il devrait au moins fournir 2,5 millions de travailleurs supplémentaires. De son côté, A. Speer réclama 1,3 million d’ouvriers. Enfin, Hitler rappela que 250 000 personnes devraient être affectées à l’établissement de dispositifs anti-aériens pour la protection des civils contre les raids. En conséquence, le plénipotentiaire à la main-d’œuvre reçut l’ordre de fournir au Reich 4 millions de travailleurs[23].
A cette époque, toute l’Allemagne était au travail, y compris les détenus des établissements pénitenciers. C’est ainsi qu’une firme de chaussures employaient les hommes de 18 prisons différentes (TMI, XXXVIII, 137).
Conscient des difficultés qu’il rencontrerait inévitablement, F. Sauckel ne promit rien. Dans le compte rendu de la réunion mentionnée plus haut, on lit :

Le plénipotentiaire à l’Utilisation de la main-d’œuvre, Sauckel, déclara qu’il était farouchement résolu à obtenir ces [4 millions d’] ouvriers. Jusqu’à maintenant, il avait toujours rempli ses promesses quant au nombre d’ouvriers à fournir. Cependant, avec la meilleure volonté, il était incapable de faire une promesse positive pour 1944 [TMI, III, 486].

Le Reich utilise tous les moyens pour se procurer des ouvriers


A bout de souffle, virtuellement écrasée, luttant « avec le dernier atome de force qui lui restait» (Hilberg, p. 444) l’Allemagne usa de tous les moyens pour tenter d’obtenir des travailleurs supplémentaires. Dans les territoires de l’Est, des enfants de dix à quatorze ans furent enrôlés[24]. Le 25 septembre 1944, Hitler ordonna que tous les prisonniers de guerre soient affectés à l’armement[25]. F. Sauckel écrivit à A. Rosenberg :

Tous les prisonniers de guerre des territoires de l’Ouest comme de l’Est qui se trouvent effectivement en Allemagne, doivent être complètement incorporés dans les industries allemandes d’armement et de munitions. Leur production doit être amenée au niveau le plus élevé possible…[26].

En novembre 1944, aux Pays-Bas, de véritables razzias furent organisées qui permirent l’enrôlement forcé de plusieurs dizaines de milliers de travailleurs. Un document hollandais produit à Nuremberg déclarait :

Un changement se produisit en novembre 1944. Les Allemands commencèrent alors une campagne impitoyable de recrutement, par l’intermédiaire des offices du travail. A l’improviste, ils cernaient des quartiers urbains entiers, s’emparaient des gens dans la rue ou à l’intérieur des maisons, et les déportés.
A Rotterdam et à Schiedam, où des razzias de ce genre eurent lieu les 10 et 11 novembre, le nombre de personnes arrêtées et déportées est estimé respectivement à 50 000 et 5 000[27].

Cette volonté d’obtenir des travailleurs était si importante qu’en juillet 1944, 4 000 personnes épaulaient F. Sauckel[28]. Malgré cela, le plénipotentiaire à la main-d’œuvre ne put atteindre l’objectif fixé. Sur les 4 000 000 d’ouvrier réclamés, il fournit 900 000 travailleurs étrangers et 2 100 000 travailleurs allemands[29].
Dans les mois qui suivirent la capitulation, un statisticien américain établit qu’en janvier 1945, 6 691 000 ouvriers étrangers travaillaient en Allemagne dans le domaine de l’armement, dont 4 795 000 travailleurs volontaires ou forcés, 1 873 000 prisonniers de guerre et 23 200 prisonniers politiques[30]

L’Allemagne ne pouvait se permettre de gaspiller le potentiel humain


Ces quelques rappels démontrent qu’à partir de 1941, avec la mondialisation brusque du conflit, l’Allemagne aux abois eut un besoin sans cesse plus grand de main-d’œuvre afin de pouvoir soutenir l’effort de guerre et que sur la fin, ce besoin ne put être satisfait. Dès lors, comment croire que les autorités allemandes aient gaspillé les ressources humaines en maltraitant et en tuant les étrangers qui pouvaient lui servir ? Questionné à Nuremberg pour savoir si le STO avait eu pour objectif « la destruction biologique des peuples étrangers », F. Sauckel répondit :

Je puis déclarer de la façon la plus formelle que jamais on ne m’a parlé de destruction biologique. J’étais moi-même l’homme le plus heureux lorsque j’avais des ouvriers. Je me doutais que la guerre durerait plus longtemps qu’on ne le pensait. Les demandes qu’on adressait à mes services étaient si importantes et si pressantes que j’étais bien content lorsque ces hommes étaient vivants et non pas morts [TMI, XIV, 658].

Se fondant sur des documents, l’ancien plénipotentiaire à la main-d’œuvre démontra qu’il avait toujours agi pour que les ouvriers étrangers soient bien traités, afin de donner un rendement maximum. Il rappela que, dans le programme de 1942 sur le recrutement et la mise au travail des étrangers, il avait écrit :

Tous ces hommes doivent être nourris, hébergés et traités de façon à ce qu’ils aient à fournir le maximum d’énergie […]. Pour nous, Allemands, il a toujours découlé de soi que vis-à-vis d’un ennemi vaincu, serait-il notre adversaire le plus acharné, le plus irréconciliable, nous devons nous abstenir de toute cruauté, de toute vexation si minime soit-elle, et le traiter correctement humainement, surtout quand nous attendons de lui des services fructueux [Ibid., p. 659].

Le 7 mai 1942, il rédigea une ordonnance pour que les rations alimentaires des ouvriers de l’Est soient augmentées et justifia ainsi sa demande :

Ce n’est qu’en traitant […] avec sollicitude, pour lui conserver sa capacité de travail, l’ensemble de la main-d’œuvre européenne disponible […] que l’on pourra, à l’intérieur du Reich et dans les territoires occupés, limiter au maximum les fluctuations de la main-d’œuvre et atteindre partout à des réalisations de bonne qualité, durables et sur lesquelles on puisse compter [Ibid., pp. 665-6].

Dans le rapport du 31 octobre 1941, déjà cité, on lisait :

Le Führer a ordonné d’utiliser dans une large mesure la capacité de travail des prisonniers de guerre russes, par leur affectation massive à l’industrie de guerre. La condition essentielle du rendement est une nourriture adéquate[31].

Lorsque, dans le courant de 1942, le chef du service de construction des locomotives apprit que, malgré ces directives, certains Russes recevaient des rations notoirement insuffisantes, il œuvra pour obtenir des améliorations (TMI, XVI, 560 à 562). Là encore, le responsable se fonda sur des considérations de rendement. Dans les notes rédigées par ses soins on lisait :

J’ai appris […] que les prisonniers recevaient 300 grammes de pain chacun entre 4 heures et 5 heures du matin. J’ai insisté sur le fait qu’il était impossible de vivre jusqu’à 18 heures sur cette ration de pain […] [et] qu’avec une telle nourriture les prisonniers de guerre ne pourraient pas faire le travail qu’on exigeait d’eux dans cette usine de construction de chaudières […]. Je dis à M. Söhling de s’occuper de la nourriture des prisonniers de guerre russes afin de l’organiser sur la même base que celle des prisonniers de guerre français, pour que les Russes pussent le plus tôt possible exécuter le travail qu’on leur demandait. Car il s’agissait d’une augmentation de la production qui nous était demandée par le ministre des Munitions et de l’Armement, et par le Front du Travail [TMI, XVI, 561].

On le voit sur cet exemple : le niveau de production à atteindre était d’une importance vitale pour le Reich, si bien qu’on ne pouvait se permettre de maltraiter les ouvriers. Le 30 mai 1943, d’ailleurs, A. Speer demanda et obtint d’Hitler que les mineurs allemands et russes reçoivent « des suppléments appréciables de ravitaillement » ainsi qu’un « payement en nature sous forme de tabac ou autres denrées en cas de rendement particulier » (TMI, XVI, 458). Vingt jours auparavant, F. Sauckel avait télégraphié à Hitler :

Je vous ai rapporté moi-même que les travailleurs des pays étrangers sont tous traités humainement et correctement, qu’ils jouissent de bonnes conditions d’hygiène, qu’ils sont bien nourris, bien logés et même habillés. En ce qui concerne mes propres services, j’agis vis-à-vis des nations étrangères de manière à pouvoir affirmer que jamais auparavant, nulle part dans le monde, les travailleurs étrangers n’ont été traités aussi correctement qu’ils ne le sont maintenant, dans la plus dure de toutes les guerres, par le peuple allemand[32].

J’ai démontré ailleurs que ce genre de déclaration n’était pas mensonger et que la main-d’œuvre étrangère fut effectivement bien traitée en Allemagne[33] (malgré cela, F. Sauckel sera pendu le 16 octobre 1946).

Naturellement, on dit le contraire aujourd’hui. Mais le mensonge est parfois si grossier qu’il est aisément détectable. En voici un exemple : l’article que joignons est extrait de Télé Star (édition Est ; programmes du 23 au 29 mars 2002). Les deux femmes en photo, Marthe Lang et Irène Gross, se prétendent victimes de la « barbarie nazie » au motif qu’en 1943, elles ont été incorporées dans le Service national du travail (un organisme allemand) et envoyées en Allemagne pour y travailler.
J’invite le lecteur à regarder les deux photographies d’époque dont nous publions l’agrandissement. Sur la première, on voit trois jeunes femmes en uniforme. Elles sont propres, bien habillées et paraissent en bonne santé. Sur la deuxième, dix jeunes femmes (ou jeunes filles) sont photographiées dans ce qui paraît être un dortoir. La pièce est propre et les lits convenables (on distingue des draps, des couvertures et un oreiller). Toutes ont le sourire aux lèvres (trois rient) et paraissent en très bonne santé. La joie de vivre qui émane de ce cliché fait penser aux dortoirs d’étudiants tels qu’ils existaient il y a encore vingt ou trente ans.
Maintenant, comparez ces images avec le texte. En guise de titre, on lit : « Les camps de travail, c’était l’enfer ». Les deux femmes nous racontent qu’elle n’avaient quasiment rien à manger, qu’elles étaient « épuisées », que certaines ne sont « jamais revenues », que d’autres « sont restées marquées à vie moralement ou physiquement tant les conditions de détention étaient difficiles ».
La contradiction avec les photographies est si manifeste qu’on reste confondu face à une telle naïveté et une telle mauvaise foi. De façon évidente, les deux femmes — qui paraissent d’ailleurs s’être fort bien remises de leur « calvaire » — sont des menteuses effrontées. En vérité, leur destin fut celui de millions de jeunes Allemandes et de millions de travailleurs civils qui participèrent — volontairement ou non — à l’effort de guerre allemand. Dans leur immense majorité, ces gens ont été convenablement traités, même s’ils avaient été requis dans le cadre du STO. Ils étaient payés, ils bénéficiaient de jours de repos, de périodes de vacances et d’assurances…

Le cas des déportés


A cela, certains répondront : « Ce que vous dites est sans doute vrai, mais vous prenez en considération les travailleurs volontaires ou forcés et les prisonniers de guerre. Vous oubliez de dire qu’il en allait tout autrement dans les camps de concentration. Là, l’objectif principal n’était pas de mettre au travail pour obtenir du rendement de production, mais d’exterminer les personnes que les nazis voulaient voir disparaître (ennemis politiques, juifs, Tziganes…). Lisez par exemple le témoignage de Pelagia Lewinska, ancienne déportée à Auschwitz. Elle décrit tous les travaux complètement inutiles qu’on leur demandait d’effectuer (transporter des fardeaux d’un endroit à l’autre par exemple), juste pour les épuiser[34]. Ne mélangez donc pas tout… ».

Cet argument, de nombreuses personnes me l’ont opposé. Elles avaient à l’esprit l’image amplement diffusée depuis 1945 de déportés qui transportent en pure perte des cailloux (les fameuses carrières de Mauthausen et du Struthof). Pour elles, jusqu’à la fin, les camps seraient restés des îlots hors du monde, des îlots dont l’unique objectif aurait été l’extermination rapide ou lente de ceux qui y étaient envoyés. Cette thèse de l’ « extermination par le travail », de nombreux livres et certains manuels d’histoire continuent à la véhiculer. Pourtant, de nombreux documents et de nombreux faits en démontrent la fausseté.

Les camps s’intègrent dans la machine de production allemande


Citons tout d’abord la visite qu’Himmler fit à Auschwitz le 1er mars 1941. Après avoir inspecté le camp, il ordonna :
a) d’agrandir les lieux pour porter l’effectif à 30 000 détenus ;
b) de mettre à la disposition de l’IG Farben 10 000 détenus pour la construction d’une grande zone industrielle sur le site.

Il annonça également l’installation d’une usine d’armement « à proximité du camp, afin que les détenus participent à l’effort de guerre»[35]. Ce fait confirme qu’avant même l’ouverture du front russe, les autorités envisageaient de faire participer les déportés à la production de guerre.
Comme on pouvait s’y attendre, les premiers revers en Russie et les perspectives d’une guerre longue accélérèrent le processus. Le 3 mars 1942, Himmler donna de nouvelles instructions. Quelques semaines plus tard, Oswald Pohl écrivit une lettre capitale, dans laquelle il annonçait l’intégration des camps dans la machine économique allemande. Datée du 30 avril 1942, cette lettre précisait :

La guerre a amené un changement marqué dans la structure des camps de concentration et a considérablement changé leur rôle en ce qui concerne l’emploi des prisonniers. L’internement de prisonniers pour les seules raisons de sécurité, d’éducation ou de prévention n’est plus la condition essentielle[36] ; l’accent est à porter maintenant sur le côté économique. Ce qui est maintenant au premier plan, et le devient de plus en plus, c’est la mobilisation de tous les prisonniers capables de travailler, d’une part pour la guerre actuelle, et d’autre part pour les tâches de la paix future.
De cette donnée résulte la nécessité de prendre certaines mesures ayant pour but de transformer les camps de concentration en organisations mieux adaptées aux tâche économiques, alors qu’ils ne présentaient auparavant qu’un intérêt purement politique.
Pour cette raison, j’ai rassemble tous les chefs de l’ancienne inspection des camps de concentration, tous les commandants des camps et tous les directeurs et surveillants de travaux, les 23 et 24 avril 1942. Je leur ai expliqué personnellement cette nouvelle évolution […].
Le commandant du camp est seul responsable de l’emploi de la main-d’œuvre disponible. Ce travail doit être total au sens propre du mot, afin d’obtenir un rendement maximum […].
Il n’y a pas de limite à la durée de travail ; celle-ci dépend du type d’établissement de travail dans les camps et du genre de travail à exécuter. Elle est fixée par les commandants des camps seuls[37].

Il est intéressant de souligner qu’à cette date, le contrôle des camps fut confié au WVHA, c’est-à-dire au service économique et administratif de la SS. A Nuremberg, l’Accusation ne s’y est pas trompée. Le 20 décembre 1945, le commandant Farr, substitut du procureur général américain, déclara :

Je faisais remarquer la transmission de contrôle des camps de concentration au WVHA, en 1942, transformation qui coïncide avec un changement dans la raison d’être fondamentale de ces camps qui, jusqu’alors, n’avaient servi qu’à interner des individus pour des raisons politiques ou de sécurité. A partir de ce moment, la raison d’être essentielle de ces camps fut de fournir de la main-d’œuvre […] [TMI, IV, 203].

Les déportés travaillent pour soutenir l’effort de guerre


Certains pourront répondre que les directives données par H. Himmler ne furent pas suivies d’effet. C’est faux : de nombreuses pièces confirment qu’après la catastrophe de l’hiver russe, les camps servirent de réservoir de main-d’œuvre. Mentionnons tout d’abord le très long document F-274, déjà plusieurs fois cité et produit à Nuremberg sous la cote RF-301. Il s’agit d’un « Rapport du ministère [français] des prisonniers et des déportés sur la déportation et les mauvais traitement ». Bien qu’on y trouve les plus grossiers bobards de l’époque[38], l’auteur, un certain Pierre Weibel, expliquait avec raison :

Nous verrons que les « forces vives » [i.e. les détenus aptes au travail] ont été utilisées pour les travaux les plus variés. Aussi des rapports très étroits sont établis entre Himmler, chef suprême des camps de concentration, et l’industrie allemande.
La multiplicité des Kommandos dépendant d’un camp est souvent liée à la multiplicité des filiales pour lesquelles le camp travaille :
Mauthausen a essaimé à plus de 100 km à la ronde ;
Buchenwald a fourni des forçats pour les mines de sel de Neu-Stassfurt, pour les usines souterraines de Dora et d’Ellrich ;
Ravensbrück a approvisionné les usines Siemens ou celles de Tchécoslovaquie, où les ateliers du Hanovre.
Cette multiplicité des camps et Kommandos explique souvent le désordre apparent des transferts des déportés d’un camp à l’autre : déplacements, replis pour les besoins de main-d’œuvre [TMI, XXXVIII, 141-2].

Les travaux auxquels on contraignait les déportés étaient multiples ; ils concernaient tous les besoins d’un grand pays en guerre.
Les industries de guerre furent les premières alimentées par la main-d’œuvre des déportés, au mépris de toute convention humanitaire, qui ne protégeait pas les déportés :
Désamorçage de bombes non éclatées après les bombardement ;
Fabrication de V1 à Dora et de V2 à Lora [?] ;
Construction de machines à torpilles à Kluczow, près de Stettin ;
Fabrication de grenades à main à Auschwitz ;
Amorçage d’obus à Carth et dans de nombreuses usines métallurgiques ;
Travail dans les usines d’aviation Heinkel à Gotehafen, Kemptfen (Dachau) ;
Travail dans les usines de chars de combat à Falkensee ;
Travail dans les chantiers navals de sous-marins à Wilhelmshafen.
Les déportés politiques travaillèrent aux industries annexes qui alimentaient les usines de guerre : usines d’optique à Rathenow (Brandebourg), d’essence synthétique à Blechammer, ou de caoutchouc synthétique à Buna-Monowitz : à Monowitz, la IG Farben employait, outre les civils et les prisonniers de guerre anglais, 10 000 détenus martyrisés par les contremaîtres civils autant que par les kapos.
Les spécialistes furent utilisés à des travaux de laboratoire, comme la fabrication du caoutchouc synthétique à Auschwitz ;
Les déportés durent descendre dans les mines de sel à Statssfurt et Bendorf, dans les mines de fer à Salzgitter, 20 km de Breslau, dans les mines de charbon à Janina (Kdo d’Auschwitz) ;
Ils construisirent, pour favoriser la circulation des troupes allemandes, l’autostrade d’Annaberg ;
Les femmes de Ravensbrück manœuvrèrent la pelle et la pioche pour tracer les routes à Kustrin et pour niveler le champ d’aviation à Kœnigsberg ;
Assèchement des marais à Ravensbrück et à Auschwitz, irrigation à Wansleben, construction de maisons à Sachsenhausen, fabrication de briques à Klinden-Sachsenhausen, bûcheronnage à Ravensbrück et Revel, il n’était pas de travaux pour lesquels les zébrés ne soient requis : déchargement de wagons ou péniches redoutés par les déportés de Neuengamme ;
L’exploitation des carrières de Natzwiller, Mauthausen et Gusen coûta la vie à des milliers de détenus [Ibid., pp. 157-8].

Mentionnons également le document L-159, un rapport d’une mission américaine qui, juste après la capitulation, visita entre autres le camp de Buchenwald. Les auteurs précisent que les prisonniers travaillaient dans une usine d’armement adjacente au camp, qui produisait « mitrailleuses, petites armes, munitions et autre matériel pour l’armée allemande » (TMI, XXXVII, 613). Dans les mois qui suivirent, un ancien prisonnier de Buchenwald confirma cette assertion et précisa que les déportés du camp avaient travaillé dans de nombreuses usines :

Les captifs de Buchenwald étaient mis à la besogne dans des entreprises privées, spécialement dans des entreprises appartenant à des personnages hitlériens considérables, par exemple dans les « Fritz Sauckel Werke » [en vérité, F. Sauckel ne possédait aucune usine, il se contentait, nous l’avons vu, de fournir la main-d’œuvre], dont certaines usines avaient été construites dans le camp même, à proximité du camp ou, plus loin, à Weimar et ailleurs, dans les usines : « Wernig Werke », « Junkers », « Brabag », « Hasag », « Erla », « Zeiss ». Buchenwald alimentait plus de trente « commandos » industriels, dont plusieurs situés à plus de cent kilomètres du camp [Voy. Jean Fonteyne, op. cit., p. 11.].

Auschwitz : un immense centre industriel


A Nuremberg, l’ancien chef du RSHA, Ernst Kaltenbrunner, déclara que lorsqu’on demandait à Himmler la raison pour laquelle un camp si vaste avait été installé dans la région d’Auschwitz :

la réponse était toujours « à cause de la proximité des grandes entreprises d’armement », et il mentionnait Witkowitz et quelques autres[39].

En affirmant qu’Auschwitz était un réservoir de main-d’œuvre pour les usines de la région, Himmler ne mentait pas. Le 11 juin 1942, lors d’une conférence à Berlin qui réunit les responsables des affaires juives de la police allemande de Paris, Bruxelles et La Haye, on fit savoir que le Reichsführer des SS avait ordonné l’envoi de « grandes quantités de juifs » dans ce camp « dans le but [d’accroître] la production» (zwecks Arbeitsleistung)[40]. Nous reviendrons plus tard sur le fait qu’il se soit agi de juifs. Pour l’instant, bornons-nous à constater qu’Himmler était soucieux d’accroître la production du complexe industriel d’Auschwitz, preuve qu’il y avait là un centre d’activité important. Une nouvelle confirmation fut apportée en 1952 dans un document de 500 pages dont j’ai déjà très souvent parlé : le Catalogue alphabétique des camps de concentration et de travaux forcés et de leurs commandos et sous-commandos ayant existé en Allemagne pendant la guerre 1940-45, édité par le ministère (belge) de la Santé publique et de la Famille. Pour Auschwitz, on lit :

Auschwitz fournit la main-d’œuvre aux industries situées dans le territoire couvrant la partie de l’ancienne Sudetengau à l’Est de Friedland, la partie de l’ancienne Oberschlesien au sud de la ligne de Neustadt i .o.-Blechammer et la partie de la Pologne se trouvant au sud de la ligne Stara Kuznica-Trzebinia/Krak [Catalogue…, p. 18.

Tous les camps fournissent de la main-d’œuvre aux industries environnantes


Des informations semblables sont données pour les autres principaux camps. Ainsi :

Stutthof avait à fournir de la main-d’œuvre dans le territoire Nord de la ligne Kolberg-Bromberg-Thorn-Soldau [Catalogue…, p. 384].
Le CC de Flossenburg procura de la main-d’œuvre à l’industrie de l’armement de l’Allemagne centrale […] [Catalogue…, p. 126].
[Dachau :] son but principal était de fournir de la main-d’œuvre aux industries d’armement situées en Autriche […]. En Bavière […]. En Wurtenberg et Bade […][Catalogue…, p. 84].
Les détenus du camp [du Struthof] fournissaient la main-d’œuvre dans le Sud-Ouest de l’Allemagne y compris l’Alsace-Lorraine [Catalogue…, p. 278].
Mauthausen devait fournir de la main-d’œuvre à l’industrie de l’armement dans les territoire couvrant les ancien districts de […][Catalogue…, p. 257].
[Gross-Rosen] avait à fournir de la main-d’œuvre aux industries d’armement dans les territoires suivants […][Catalogue…, p. 152].
[Ravensbrück] devait fournir la main-d’œuvre principalement pour l’industrie d’armement dans tout le territoire de l’Allemagne [Catalogue…, p. 333].
[Neuengamme] devait procurer de la main-d’œuvre aux fabriques d’armement du NO de l’Allemagne aux territoires situés au N de Buchenwald [Catalogue…, p. 285].

On le voit, les camps étaient désormais intégrés dans la machine de guerre allemande.
 
Old April 29th, 2011 #32
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Le cas du War Refugee Board Report

Un document qui se voulait exceptionnel


En novembre 1944, le War Refugee Board (une officine américaine chargée de secourir les réfugiés) publia un rapport fondé sur les allégations de deux juifs, Rudolf Vrba et Fred Wetzler, qui affirmaient s’être échappés de Birkenau sept mois auparavant. Les auteurs donnaient un plan schématique des quatre crématoires du camp et expliquaient ainsi le processus de gazage :

Les crématoires du type I et II se composent de trois parties : a) la salle des fours ; b) le grand hall ; c) la chambre à gaz. Une cheminée gigantesque s’élève du milieu de la salle des fours ; il y a là neuf fours, ayant quatre orifices chacun […].

A côté se trouve un grand hall de préparation, aménagé de façon à faire croire qu’on se trouve dans le hall d’une installation de bains. Il peut contenir 2 000 personnes et on dit qu’en dessous se trouve une salle d’attente de la même dimension. Derrière une porte, quelques marches conduisent dans la chambre à gaz, étroite et très longue, qui est située un peu plus bas. Des installations de douches sont peintes sur le mur, de manière à créer l’apparence d’une immense salle de bains. Le toit plat porte trois fenêtres qu’on peut fermer hermétiquement de l’extérieur au moyen de volets. Une paire de rails va de la chambre à gaz à la salle des fours, en passant par le grand hall.

L’opération de gazage se déroule de la manière suivante : les victimes sont conduites dans le hall B, où on leur dit qu’on les mènera aux bains. On les oblige à se déshabiller et, afin de renforcer leur conviction qu’en effet on les conduit aux bains, des hommes en blouses blanches remettent à chaque personne une serviette et un petit morceau de savon. Ensuite, on les presse dans la chambre à gaz C. 2 000 personnes s’y entassent de telle façon que, par la force des choses, tout le monde reste debout […]. Quand tout le monde est enfin entré dans la chambre, on ferme la lourde porte. Puis on attend un peu, probablement pour faire monter la température à l’intérieur de la chambre à un certain degré. Ensuite, des SS munis de masques à gaz et portant des boîtes en fer blanc montent sur le toit, ouvrent les volets et versent le contenu des boîtes, un produit poussiéreux, dans la chambre. Ces boîtes portent l’inscription « Cyclon – insecticide » […]. Au bout de trois minutes, toute vie dans la chambre a cessé […]. Puis on ouvre la chambre, on l’aère et, sur des wagonnets plats, le commando spécial transporte les corps à la salle des fours, où on procède à l’incinération[29].

Les Alliés n’ont pas utilisé le War Refugee Board Report…


Pour la première fois, donc, le monde était vraiment informé. Or, il est intéressant de voir que ce document ne fit pas grand bruit. En particulier, les dirigeants alliés n’en profitèrent pas pour rédiger une nouvelle déclaration commune sur les « atrocités nazies » du type de celles qu’ils avaient diffusées en décembre 1942, en novembre 1943 et, dans une moindre mesure, en octobre 1944. Pourtant, je rappelle qu’en novembre 1943, les Alliés avaient failli parler des « chambres à gaz » homicides, mais qu’ils s’en étaient abstenu au tout dernier moment à la suggestion du gouvernement britannique qui arguait — avec raison — l’absence de « preuve suffisante »[30]; je rappelle également qu’en octobre 1944, après que les radios anglaises et américaines eurent accusé les Allemands d’avoir « des plans [en vue de] l’exécution massive des populations des camps de concentration», le Service télégraphique allemand avaient immédiatement répliqué : « ces rumeurs sont fausses d’un bout à l’autre »[31]. Par conséquent, c’était l’occasion de river le clou aux « nazis menteurs » ; c’était l’occasion de dire : « Cette fois, on détient la preuve, et vos démentis ne serviront à rien ». Or, les Alliés n’en ont pas profité. Ils n’ont fait aucune déclaration commune…

Signalons également qu’en France, le rapport du « War Refugee Board » ne fit même pas l’objet d’une publication officielle. Une version française parut en 1945, mais dans une brochure publiée à compte d’auteur par un certain L. Simon et intitulée : Souvenirs de la maison des morts. Le massacre des juifs.

Soulignons enfin qu’à Nuremberg, ce document ne fut même pas lu. Il ne fut mentionné qu’une seule fois par l’Accusation, et très rapidement, le 14 décembre 1945, afin de « prouver » qu’à Birkenau, 1 765 000 juifs avaient été massacrés[32]. A aucun autre moment, il ne fut produit lors des débats pour expliquer, par exemple, le processus de gazage. Dans les tomes réservés aux documents, seule une page est reproduite, la page 33 sur laquelle on lisait le décompte qui permettait d’arriver à ce total de 1 765 000 morts.

… parce qu’ils savaient qu’il était mensonger


Pourquoi cette discrétion ? Tout simplement parce que les auteurs de ce rapport étaient des menteurs évidents. Par exemple, les crématoires tels qu’ils les dessinaient sur leur plan de Birkenau n’avaient aucun rapport avec les crématoires qui existaient dans la réalité. Or, depuis l’été 1944, grâce aux clichés aériens pris par leurs avions de reconnaissance, les Américains connaissaient la forme de ces bâtiments (j’y reviendrai). La complète différence apparaissait au moindre coup d’œil, surtout pour les crématoires 2 et 3.

J’ajoute qu’en janvier 1945, les Soviétiques investirent le camp d’Auschwitz et qu’en mars, une commission d’enquête commença son travail. Grâce aux archives saisies, elle put rapidement connaître le plan des crématoires, la disposition des pièces, le nombre de fours etc. Dès lors, il apparut :

- que les deux évadés avaient donné des renseignements erronés au sujet des fours crématoires : les Krema II et III étaient dotés de cinq fours trimoufles et non de neuf fours à quatre moufles ;

- que le processus de gazage expliqué par les deux évadés était faux ; en particulier l’histoire des rails qui auraient permis le transport des victimes sur des wagonnets jusqu’à la salle des fours était complètement fantaisiste, puisque d’après la version soviétique (qui, elle, se fondait au moins sur les plans exacts), la chambre à gaz était au sous-sol et les fours au rez-de-chaussée.

Le « War Refugee Board Report » était donc le fruit de l’imagination maladive de deux menteurs. R. Vrba fut d’ailleurs démasqué en 1985 à Toronto, lors du premier procès Zündel. Contraint de battre en retraite face aux questions que lui posait l’avocat de l’accusé, il finit par s’effondrer et n’osa pas revenir déposer trois ans plus tard, lors du deuxième procès Zündel[33].

Conclusion sur les sources d’information juives


Ces quelques rappels démontrent que les « informations » divulguées pendant la guerre par les juifs étaient issues de rumeurs sans fondement, de mensonges éhontés et d’une propagande conçue à l’aide d’anciens bobards recyclés. Voilà pourquoi de 1942 à 1945, malgré les rapports et les mémorandums d’origine juive qui ne cessaient de leur parvenir, les gouvernements anglais et américains n’ont réagi que par de vagues déclarations.

Le manque de crédit à accorder aux information juives apparaissait d’autant plus aux Alliés que ceux-ci avaient d’autres sources d’informations : les publications du Gouvernement polonais en exil et, surtout, les rapports de leurs propres services de renseignements. Or, nous allons voir que ni les uns ni les autres ne permettaient de conclure qu’un génocide se perpétrait, bien au contraire.

Les informations données par le Gouvernement polonais en exil

La Résistance polonaise avait infiltré Auschwitz…


Fait encore relativement méconnu, dès 1941, la Résistance polonaise avait infiltré Auschwitz, grâce à un homme répondant au nom de Witold Pilecki[34]. Celui-ci avait créé des groupes à l’intérieur du camp ; il était même parvenu à entretenir des relations permanentes avec l’extérieur, ce qui lui permettait d’envoyer « des nouvelles à Cracovie sur la situation et les possibilités d’action » (Ibid., p. 52). Ces relations furent telles que dans « les derniers mois de 1941, le quartier général de la Section de Cracovie de la ZWZ [Union de la lutte armée] créa […] une cellule spéciale de liaison avec le camp d’Auschwitz» (Id.).

… et informait Londres


La Résistance polonaise était de plus en contact permanent avec Londres par l’intermédiaire de messagers ou grâce à la centaine de postes émetteurs clandestins qu’elle possédait[35]. C’est ainsi que le Gouvernement polonais en exil (GPE) put être tenu informé et publier un bimensuel : la Polish Fortnightlt Review.

La Résistance polonaise ne parle jamais d’Auschwitz comme d’un centre d’extermination des juifs


Comme on pouvait s’y attendre, dès 1942, le GPE fit allusion à l’extermination des juifs. Le 23 décembre 1942, ainsi, le ministère de l’Intérieur de ce gouvernement, publia un rapport de 82 pages dont 20 traitaient de la liquidation du ghetto de Varsovie (pp. 34-36, 42-69). L’auteur affirmait que les juifs étaient anéantis dans les « camps de la mort de Belzec, de Sobibor et de Treblinka II» et « depuis peu » dans les chambres à gaz d’Auschwitz[36]. Il s’agissait toutefois d’informations encore très vagues, ce qui peut certes se comprendre puisque le rapport s’arrêtait au 1er juin 1942 (Id.). Mais toujours en décembre 1942, le ministère des Affaires étrangères du GPE publia un rapport intitulé : « L’extermination en masse des juifs dans la Pologne occupée ». L’auteur disait bénéficier des « plus récentes informations » reçues de Pologne « au cours des dernières semaines » (Id.). Il citait une vingtaine de lieux où, prétendait-il, les juifs étaient liquidés, en mentionnant tout particulièrement le ghetto de Varsovie. A aucun moment le nom d’Auschwitz n’apparaissait ! Or, il faut savoir que d’après la thèse officielle, la première « sélection » dans ce camp, avec envoi des « inaptes » à la mort, avait eu lieu le 4 juillet 1942[37]. Par conséquent, l’ « oubli » surprend.

Mais il y a plus. E. Aynat a étudié tous les numéros de la Polish Fortnightly Review. Il écrit :

Depuis le premier numéro de cette revue, en juillet 1940, jusqu’au 1er mai 1945, l’on ne trouve pas la moindre trace d’une extermination des juifs à Auschwitz. Avec cette particularité que, bien que le camp d’Auschwitz soit continuellement mentionné, il n’est nulle part indiqué qu’il s’agissait d’un lieu où l’on exterminait des juifs, et, parallèlement, bien que l’extermination des juifs soit mentionnée fréquemment, rien n’indique qu’elle était réalisée à Auschwitz[38].

Ce fait est d’autant plus extraordinaire que, dans sa livraison du 1er juillet 1942, cette revue mentionna un gazage occasionnel qui avait — « aurait » serait plus exact — été perpétré à Auschwitz dans la nuit du 5 au 6 septembre 1941 sur 700 prisonniers de guerre soviétiques et 300 Polonais[39].

Et E. Aynat de souligner :

Ainsi il se serait produit là quelque chose de paradoxal : la PFR [Polish Fortnightly Review] aurait appris — et publié — des renseignements sur l’extermination occasionnelle d’un millier de personnes à l’aide d’un gaz toxique et, en même temps, elle aurait complètement ignoré l’extermination massive et régulière de centaines de milliers de juifs tout au long de 1942, de 1943 et de 1944 [Id.].

Conclusions à tirer des informations données par la Résistance polonaise


Avec raison, l’auteur conclut son étude en affirmant que, selon toute probabilité, aucune extermination massive de juifs n’a eu lieu à Auschwitz. Il écrit :

a) La PFR pouvait et devait savoir qu’on anéantissait massivement les juifs à Auschwitz ; et

b) Elle aurait dû rapporter le fait, puisque le sujet de l’extermination des juifs constituait l’un des points centraux de sa propagande.
Et si elle ne l’a pas raconté, alors qu’elle le devait, c’est qu’en toute probabilité ladite extermination massive de juifs ne s’est jamais produite. Telle est, en conséquence, l’unique explication satisfaisante du silence sur ce point de la Polish Fortnightly Review [Ibid., p. 65].

Sachant que les Alliés étaient en contact avec la Résistance polonaise et qu’ils ont dû lire les publications de GPE, ils en auront tiré les mêmes conclusions qu’E. Aynat.

Les propres services de renseignements des Alliés n’ont pas confirmé les rumeurs juives sur l’ « Holocauste »

Les clichés aériens pris au-dessus d’Auschwitz


Mais leur conviction se fondait avant tout sur les rapports de leurs propres services de renseignements. Ceux-ci disposaient d’un outil très efficace pour l’espionnage : les avions de reconnaissance qui prenaient des photographies du Reich et des territoires qu’il occupait[40]. De 1940 à 1945, des centaines de milliers de clichés furent pris, qui sont conservés dans les archives américaines. Un certain nombre l’ont été au-dessus de Birkenau, notamment lors des missions du 31 mai, du 25 août et du 13 septembre 1944[41]. L’ensemble du camp y est parfaitement visible, y compris les quatre crématoires.

Des clichés soigneusement analysés


Or, il faut savoir que les Alliés ne se contentaient pas de prendre des clichés et d’y jeter un coup d’œil rapide. Non, des spécialistes les analysaient minutieusement à l’aide d’appareils spéciaux qui recréaient la troisième dimension (Ibid., p. 2). Dans les deux rapports concernant des photos prises au-dessus d’Auschwitz III les 26 juin et 20 août 1944. On découvre que :

1°) les Alliés connaissaient parfaitement Auschwitz. Il en avaient dressé des plans où chaque bâtiment était numéroté et sa destination connue. Ils connaissaient même la nature des produits chimiques contenus dans les différents réservoirs ;

2°) L’analyse des clichés était si minutieuse que les spécialistes pouvaient faire la différence entre la fumée et la vapeur ;

3°) les analystes étaient capables d’évaluer le taux d’activité dans les différentes usines, au point de dire si elle était ou non « normale ».

Des clichés qui n’ont pas confirmé les rumeurs juives sur l’ « Holocauste »


Cela dit, on se souvient qu’en 1943, dans leur déclaration commune, les Alliés avaient failli parler des « chambres à gaz », mais qu’ils s’en étaient abstenus à la suggestion du gouvernement britannique qui invoquait l’absence de « preuve suffisante ». Quand on sait qu’en mai, août et septembre 1944, des clichés ont été pris au-dessus de Birkenau, qui montraient les crématoires, on ne peut croire que les Américains n’en aient pas profité pour rechercher activement cette preuve qui manquait. Et on ne peut croire que, s’ils l’avaient trouvée, ils ne se soient empressés de la montrer aux Britanniques en disant : « Prêts pour parler des chambres à gaz maintenant ? » Or, je le répète, jusqu’à la fin du conflit, aucune déclaration commune alliée n’a mentionné ces abattoirs chimiques. C’est la preuve que, sur les photographies, les analystes n’avaient rien trouvé.

Voilà d’ailleurs pourquoi à Nuremberg, l’Accusation s’est abstenue de publier ces images, même quand l’accusé Julius Streicher déclara que, pour de simples raisons techniques, il ne croyait pas en la thèse de l’ « Holocauste »[42].

Les autorités américaines réduites à la falsification 35 ans après


Pendant plus de trente ans, elles ont dormi dans les archives américaines. Il a fallu attendre 1979 pour que, sous la poussée des révisionnistes, ces clichés soient enfin mis à la disposition du public[43]. Sachant qu’on n’y trouvait aucun indice d’un quelconque génocide, les deux membres de la CIA qui les analysèrent truquèrent les négatifs afin d’y faire apparaître des traces suspectes. Mais ils travaillèrent trop vite et trop mal, si bien que la supercherie fut découverte et dénoncée par l’expert canadien J. Ball[44]. C’était en 1992 : onze ans plus tard, les conclusions de J. Ball n’ont toujours pas été réfutées.

Des clichés aériens qui gênent énormément les propagateurs de la thèse officielle


Je note d’ailleurs qu’aujourd’hui, ces clichés gênent terriblement les propagateurs de la thèse officielle. Ainsi, l’ouvrage de S. Bruchfeld et P. Levine qui contient 59 illustrations ne renferme-t-il aucune photographie aérienne. De son côté, l’historienne A. Wieviorka s’embrouille et ment pour tenter d’écarter ces clichés malvenus.

Quant au catalogue de l’exposition intitulée Mémoire des camps. Photographies des camps de concentration et d’extermination nazis (1933-1999), ilmontre 269 clichés repartis sur 246 pages. On n’y trouve qu’une seule photographie aérienne (p. 99) qu’accompagne un petit texte d’une trentaine de lignes (sur une demie page ; p. 98). La photographie montre le camp de Birkenau, ses environs et une partie du camp d’Auschwitz I. Elle est prise de si haut qu’aucun détail n’est visible. Fait extrêmement révélateur, les auteurs n’ont même pas pris la peine d’indiquer les crématoires, si bien que le néophyte ne verra rien.

Quant aux explications, elles sont savoureuses. L’auteur, Clément Chéroux tente maladroitement d’expliquer pourquoi les analystes de l’époque n’ont rien vu alors que certaines photographies étaient pourtant très riches en détails. Après avoir déclaré qu’aujourd’hui, l’analyse de ces documents permet de « distinguer le nombre de wagons des convois, les files de prisonniers et les chambres à gaz elle-même (dont c’est là l’une des rares représentations photographiques contemporaines des massacres)» — pourquoi, alors, ne les montre-t-il pas sur la photo ? — il écrit :

Mais cette analyse n’était, selon eux [les historiens d’aujourd’hui], possible que a posteriori grâce aux recoupements des divers informations et témoignages sur le camp. L’interprète de l’époque, les yeux rivés sur les usines IG Farben, ne pouvait guère imaginer que se pratiquait à côté une autre forme d’industrie… une industrie de mort[45].

C’est vraiment se moquer du monde ! Car c’est oublier, entre autres, la publication du « War Refugee Board Report » en novembre 1944, avec le plan de Birkenau qui indiquait précisément l’emplacement des quatre crématoires. Par conséquent, les analystes étaient en possession de tous les éléments ; ils n’avaient plus qu’à reprendre les clichés et à regarder aux endroits mentionnés par R. Vrba et F. Wetzler. Je suis persuadé qu’ils l’ont fait et que, comme J. Ball 45 ans plus tard, ils n’ont rien vu : pas de foules en attente d’être tuées, pas d’activité aux abords des crématoires, pas de cheminées fumantes, pas de tas de coke (pour l’alimentation des fours), pas de fosses de crémation en plein air.

Les renseignements obtenus par les Alliés expliquent pourquoi ils n’ont jamais bombardé les voies ferrées qui menaient à Auschwitz


Voilà pourquoi ni les camp de Birkenau ni les voies ferrées qui y menaient n’ont été bombardés par les Alliés ; malgré les demandes répétées des juifs[46] Ceux-ci savaient parfaitement que, malgré les rumeurs persistantes, aucun massacre de masse ne s’y déroulait. Les silences du Gouvernement polonais en exil à propos d’Auschwitz centre d’extermination pour juifs et les clichés aériens pris au-dessus de Birkenau suffisaient pour les convaincre que les « informations » étaient un affreux mélange de rumeurs infondées, de mensonges éhontés et de bobards recyclés.

La malhonnêteté des propagateurs du mythe de l’ « Holocauste »


Aujourd’hui, cependant, les propagateurs de la thèse officielle agissent avec malhonnêteté :

- ils occultent les silences du GPE et les rapports d’analyse des clichés aériens ;

- ils falsifient les négatifs afin d’y faire apparaître des indices suspects ;

- ils cachent l’immense majorité des vraies photographies aériennes prise en 1944 au-dessus de Birkenau et qui ne montrent rien (pas de foule, pas de cheminées crachant de la fumée, pas de fosses de crémation, pas de tas de cadavres, pas de tas de coke pour alimenter les fours etc.) ;

- ils se focalisent sur les informations d’origine juive en ne prenant que celles qui, finalement, s’accorderont avec la thèse plus tard imposée (gazages et fusillades ; oubliées les chambres électriques, les chambres à vapeur, les crémations dans les wagons plombés, les machines à briser les têtes, les noyades en masse, la bombe atomique d’Auschwitz, les transformations en savon etc.).

Puis il clament : « Vous voyez bien que les Alliés savaient dès 1942, que toutes les informations recueillies étaient concordantes et qu’elle seront vérifiées en 1945. C’est donc que le génocide des juifs a eu lieu… »

On ne saurait être plus malhonnête.



[1] Voy. François Bédarida, op. cit., p. 43.

[2] Voy. André Kaspi, L’Allemagne de Hitler [éd. du Seuil, 1991], p. 280. Voy. également l’article paru en décembre 1999 dans le mensuel Historia sous le titre : « Auschwitz : les Alliés savaient dès 1942 » (p. 22).

[3] Voy. F. Bédarida, op. cit., p. 44. Sur cette question, voy. également S. Bruchfeld et P. Levine, op. cit., pp. 169 à 174.

[4] « De mai à juillet 1944, le monde regarda sans bouger les Allemands déporter des centaines de milliers de juifs hongrois, à travers la Slovaquie, vers Auschwitz-Birkenau. » (voy. S. Bruchfeld et P. Levine, op. cit., p. 172).

[5] Voy, Historia, déjà cité. Une analyse de l’article est parue sous le titre : Les véritables falsificateurs de l’Histoire (éd. du VHO, sans date).

[6] Paru aux éditions du « Progrès Civique », Paris, sans date.

[7] Voy., par exemple, E. Lavisse et Ch. Andler, Pratique et doctrine allemandes de la guerre (Librairie Armand Colin, 1915), p. 11. Il y est question de « Mme X » (toujours pratique l’anonymat !), de Sommeilles (Meuse), qui aurait été retrouvée avec d’autres « dans une mare de sang », avec « le sein et le bras droit coupés ».

[8] « Je jure que je ne vais rien inventer, que je n’exagérerai pas d’une virgule. Ce qui va suivre sera le résumé rigoureux et fidèle des témoignages et des documents » (p. 185).

[9] « Une trentaine de tués », « Cinq cent tués » (p. 174) ; « Une vingtaine de juifs fusillés » (p. 176) ; « Quelques centaines de juifs tués, d’aucuns disent trois mille» (p. 180) ; « 158 juifs furent massacrés » (p. 181) ; « Je rapporte près de trois cents noms de martyrisés » (p. 192) ; « Il y a déjà près de 3 000 tués» (p. 221)…

[10] Voy. S. Wiesenthal. Le livre de la mémoire juive. Calendrier d’un martyrologe (éd. Robert Laffont, 1986), p. 66, col. A-B.

[11] Après la victoire des bolcheviks, S. Petlioura se réfugia en France. Il fut assassiné en 1926 par un jeune juif ukrainien qui, dit-on, voulait venger les pogroms.

[12] « Des prisonnières y étaient entassées. On en faisait sortir la nuit pour les mettre à la question. C’étaient des tortures abjectes et terribles. Eva Manberg me conta qu’elle avait vu sept femmes qui ne revinrent jamais du supplice » (Id.).

[13] Voy. Paul Allard, La guerre du mensonge (Les Éditions de France, 1940).

[14] Voy. Paul Allard, « Ici Londres » (Les Éditions de France, 1942).

[15] Voy. Libres, 19 septembre 1944, p. 2.

[16] Voy. Libres, 26 décembre 1944, p. 1 : « Skorzeny l’officier parachutiste nazi qui libéra Mussolini est abattu par Nicolas Horthy qu’il voulait arrêter ».

[17] Voy. P. Lewinska, op. cit., pp. 27 et 24.

[18] Voy. A. Rogerie, op. cit., p. 51.

[19] Dans son monumental ouvrage, R. Hilberg concède qu’il s’agir d’une simple « rumeur » apparue en août 1942 (voy. R. Hilberg, La destruction des juifs d’Europe, déjà cité, p. 966, note 22).

[20] Voy. Libres, 30 août 1944, p. 2, article d’André Chassaignon intitulé : « Le convoi de misère » et racontant le destin d’évadés repris étaient menées à Rawa-Ruska. On lit que lors du transport, il reçurent : « Un pain moisi, une peu de tremblante gelée vinaigrée qu’on appelle “du Russe” parce qu’elle est censée avoir été fabriquée avec les cadavres des martyrs qu’on a vu charrier par tombereaux vers la fosse commune ».

[21] Voy. R. Faurisson, Écrits révisionnistes, t. I, p. 301.

[22] Voy. W. Szpilman, op. cit., p. 96.

[23]La liquidation du ghetto de Varsovie se poursuit. Sans aucune distinction de sexe ou d’âge, tous les juifs sont retirés du ghetto par groupes et fusillés. Leurs corps sont utilisés pour faire des graisses et leurs os pour faire des engrais » (voy. la lettre de Taylor au cardinal Maglione, datée du 26 septembre 1942 et reproduite dans Foreign Relations of the United States. Diplomatic Papers. 1942, vol. III [US Government Printing Office, 1961], p. 775.

[24] voy. J’Accuse, n° 2, 20 octobre 1942, p. 1, col. A

[25] voy. P.M., 25 novembre 1942, article intitulé : « Millions Jews Dead ».

[26] On trouvera une traduction de cet article du 22 mars 1916 dans la Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, pp. 166-72 et dans le troisième tome des Écrits révisionnistes, pp. 1355-7.

[27] Voy. W. Szpilman, op. cit., p. 96.

[28] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 394.

[29] Voy. L. Simon, Souvenirs de la maison des morts. Le massacre des juifs (auto-édité, 1945), pp. 52-3.

[30] Voy. le télégramme de Cordell Hull à l’ambassadeur américain à Moscou, 30 août 1943, dans Foreign Relations…, op. cit., 1943, vol. 1, pp. 416-7 : « A la suggestion du Gouvernement britannique qui dit qu’il n’y a pas de preuve suffisante pour justifier la déclaration concernant les exécutions en chambres à gaz[…] ».

[31] Voy. A. Butz, « Contexte historique et perspective d’ensemble dans la controverse sur l’ “Holocauste” », paru dans la Revue d’histoire révisionniste, n° 2, août 1990, p. 120.

[32] « COMMANDANT WALSH. — […] Je présente maintenant comme preuve le document L-22, (USA-294). C’est un rapport officiel du Gouvernement des Etats-Unis […] concernant les camps de concentration allemands d’Auschwitz et de Birkenau, daté 1944. A la page 33 de ce compte rendu on montre que beaucoup de juifs furent tués par les gaz à Birkenau en 2 ans, d’avril 1942 à avril 1944. On m’a affirmé que le chiffre figurant ici n’est pas une erreur : il est de 1 765 000 » (TMI, III, 571).

[33] Sur l’effondrement de R. Vrba lors du premier procès Zündel, voy. les Annales d’histoire révisionniste, n° 8 (pp. 34-38) et 5 (pp. 35-37). Sur le fait qu’en 1988, R. Vrba ne revint pas témoigner, voy. les Annales…, n° 5, p. 43.

[34] Voy. Jozef Garlinski, Volontaire pour Auschwitz. La Résistance organisée à l’intérieur du camp (éd. Elsevier Séquoia, 1976), p. 13, 73 et 74.

[35] Voy. E. Aynat, « Le Gouvernement polonais en exil et Auschwitz. D’après le périodique Polish Fortnightlt Review, 1940-1945 », paru en français dans la Revue d’histoire révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 44.

[36] Voy. E. Aynat, Considérations sur…, art. cit., p. 31.

[37] « 4 juillet [1942] : A Auschwitz, première “sélection” par des médecins nazis sur la “rampe” d’arrivée. Les “inaptes au travail” sont envoyés aux chambres à gaz. Le convoi transporte des juifs de Slovaquie. » (voy. S. Bruchfeld et P. Levine, op. cit., p. 75).

[38] Voy. E. Aynat, « Considérations sur… », art. cit., p. 32. Dans une autre étude, E. Aynat explique comment Auschwitz fut mentionné sans qu’il soit question d’extermination de juifs et comment l’extermination des juifs fut mentionnée sans qu’il soit question d’Auschwitz : voy. « Le gouvernement polonais en exil… », art. cit., pp. 49-58.

[39] Voy. E. Aynat, « Le gouvernement polonais en exil… », art. cit., p. 52.

[40] Cette technique avait été mise au point dès la première guerre mondiale. Voy. par exemple L’Image de guerre, n° 109, décembre 1916. Deux clichés montrant deux villages substantiellement détruits étaient publiés. L’auteur écrivait : « On se demandera sans doute de quelle façon on procède pour obtenir de tels clichés ? Rien n’et plus simple cependant. L’avion qui survole la région à photographier est percé à sa base d’une ouverture assez large pour permettre au pilote d’embrasser son sujet. Il est muni d’un appareil photographe qui joue et escamote lui-même sa plaque au moyen d’un ingénieux déclic commandé par une simple ficelle. »

[41] Voy. J. Ball, op. cit., pp. 39 et suivantes.

[42] J. Streicher fut l’un des premiers révisionnistes sur la question de l’ « Holocauste ». Quarante ans avant R. Faurisson, il affirma que, techniquement, un tel meurtre de masse était impossible. Face à ses juges, il lança : « Aujourd’hui encore, je ne puis croire que 5 000 000 de juifs aient été tués. Du point de vue technique, je considère la chose comme impossible. Je n’y crois pas. Je n’en ai, jusqu’ici, aucune preuve » (TMI, XII, 381).

[43] Voy. Dino A. Brugioni et Robert G. Poirier. The Holocaust Revisited. A retrospective analysis of the Auschwitz-Birkenau extermination complex (CIA, Washington D.C., février 1979).

[44] Voy. J. Ball, op. cit., pp. 42-47.

[45] Voy. Mémoire des camps…, p. 98.

[46] Le 9 août 1944, le secrétaire général de Congrès juif mondial demanda au secrétaire adjoint américain à la Défense, McCloy, de bombarder les voies ferrées aboutissant à Auschwitz (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 196). En vain.
 
Old April 29th, 2011 #33
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Les Alliés ont-ils su qu’un génocide se perpétrait ?



D’après la thèse officielle, les Alliés savaient dès 1942

Ce que disent les historiens


Les historiens officiels prétendent que dès 1942, les Alliés et les neutres savaient qu’un génocide se perpétrait à l’Est.

Voici, par exemple, ce qu’on peut lire dans leurs publications :

On sait aujourd’hui grâce à des travaux récents que les Alliés ont reçu à partir de 1941-1942 quantité d’informations tant sur l’extermination des juifs que sur les massacres des populations slaves[1].

Il n’empêche qu’à la fin de 1943 et au début de 1944 les informations s’accumulent sur […] les camps de Majdanek, de Treblinka, de Rawa-Ruska. Depuis janvier 1944, l’OSS dispose d’un rapport très complet sur Auschwitz, avec des chiffres précis, une description des méthodes de sélection et de gazage […]. Bref, le stade des rumeurs et des supputations est franchi. Les vérifications ont été faites. Qui veut savoir sait[2].,

Ce mêmes historiens prétendent que, malgré ces informations certaines, les Alliés n’ont pas voulu agir, pour des raisons plus ou moins avouables. F. Bédarida écrit :

En fait, plusieurs facteurs ont concouru au comportement des Alliés : la priorité absolue donnée aux objectifs militaires en vue de détruire les forces armées du Reich et de contraindre l’Allemagne à la capitulation sans condition ; le souvenir tout proche de la Première Guerre mondiale avec sa propagande et son “bourrage de crâne” […] ; la crainte de tomber dans le piège de la propagande nazie qui présentait régulièrement le conflit comme une “guerre juive”, provoquée par les juifs et conduite en fonction de leurs intérêts […] ; la méconnaissance, fréquente chez les Alliés, de la nature spécifique du national-socialisme […] ; la confusion alors si répandue dans les esprits (et qui ne s’est dissipée que peu à peu après la guerre) entre le génocide (crime contre l’humanité) et les “atrocités” allemandes (crime de guerre) ; mais peut-être plus que tout l’incapacité à imaginer la perversité exterminatrice d’un système de tueries industriel et planifié[3].

Dans cette affaire, le principal accusé reste le pape Pie XII qui aurait gardé le silence malgré les révélations très précises du SS Kurt Gerstein.

Une thèse qui permet de pallier l’absence de preuves


Cette thèse est capitale pour les exterminationnistes : car elle permet non seulement de rendre tout le monde responsable[4], mais aussi, et surtout, de pallier l’absence de documents allemands : « Même si les nazis ont effacé toutes les traces, dit-on, même si l’on ne peut retrouver des écrits allemands qui parlent explicitement du génocide, de nombreux documents sans ambiguïté sont conservés dans les archives alliées. Considérez par exemple le mémorandum d’une vingtaine de pages sur “l’extermination” remis le 8 décembre 1942 à la Maison blanche par le président du Congrès juif mondial, Stephen Wise. Il y était, entre autres, question demassacre par trains entiers d’enfants et d’adultes juifs dans des grands crématoriums à Ozwiecim [Auschwitz] près de Cracovie[5]. Déjà en décembre 1942 ! Comment aurait-on pu inventer tout cela s’il n’y avait rien eu ? C’est bien la preuve qu’un génocide se perpétrait. Ajoutons à cela les révélations du SS K. Gerstein qui, en 1945, raconta comment il avait voulu, mais en vain, alerter les autorités dès 1942 ».

Une nouvelle fois, cette argumentation impressionnera. Car elle s’appuie non seulement sur des documents dont ni l’existence ni le sens ne sauraient être discutés, mais aussi sur une logique apparemment parfaite (« Des gens l’ont révélé dès le début ; ils n’avaient pas pu l’inventer ; donc c’est vrai »).

Toutes les sources d’information n’avaient pas la même valeur

Le cas de K. Gerstein


Je passerai rapidement sur les « confessions » du SS K. Gerstein, dont il a beaucoup été question en 2002 avec le film Amen de Costa-Gavras. Dans une annexe à ce dossier, le spécialiste de la question, Henri Roques, nous dit ce qu’il faut penser de cette œuvre cinématographique et de son personnage central.

F. Bédarida cite en vrac les différentes sources d’information


Au sujet des informations diffusées à partir de 1942, la malhonnêteté consiste à prétendre que toutes les sources dont disposaient les Alliés avaient la même valeur et qu’elles auraient toutes donné des indications concordantes, parlant par exemple de gazages à Auschwitz. Dans sa brochure, F. Bédarida cite à la suite et sans aucune distinction les « organisations juives (Congrès juif mondial, Agence juive pour la Palestine, Joint Distribution Commitee) », les « services de renseignements (Intelligence Service et OSS) », des « informateurs et des émissaires du gouvernement polonais en exil » et les « quelques rescapés de ces camps […] en particulier deux jeunes juifs slovaques, membres d’un Sonderkommando, Vrba et Wetzler, échappés d’Auschwitz en avril 1944 » (voy. F. Bédarida, op. cit., p. 43). C’est grâce à tout ce petit monde, dit-il, que, dès 1941-1942, les Alliés auraient su. Le néophyte s’imaginera donc que les dirigeants alliés reçurent presque simultanément de toutes ces sources des renseignements analogues les uns aux autres.

Des précédents qui rendaient suspectes les informations d’origine juive


Toutefois, lorsqu’on étudie la question de plus près, on s’aperçoit qu’il n’en est rien. En vérité, les premières « informations » sur une prétendue extermination furent divulguées par des juifs. Ce fait est très important, car personne ne conteste que les personnalités juives engagées et les organisations juives ont toujours eu tendance à grossir démesurément les faits (au point de verser dans le mensonge pur et simple).

L’ouvrage de B. Lecache en 1927


A ce sujet, un exemple moderne, bien qu’oublié, mérite d’être mentionné. En 1927, celui qui allait plus tard participer à la fondation de la LICA (Ligue internationale contre l’antisémitisme), Bernard Lecache, publia un ouvrage intitulé : Quand Israël meurt…[6]. Il y était question des pogroms en Ukraine. Sur la bande de couverture, on lisait :

300 000 personnes assassinées à 600 lieues de la France…
Pour qu’un crime aussi effroyable ne s’oublie pas, Bernard Lecache est allé enquêter sur place. Les témoignages qu’il a rapportés reflètent l’épouvante des atrocités dont les survivants furent les témoins et souvent les victimes.

A la page 6, l’auteur « récapitulait » ainsi :

Quinze mille kilomètres parcourus, plus de trois cents témoignages personnellement recueillis, des documents à foison, un contact quotidien et libre avec les survivants m’ont amené à la connaissance véridique d’une époque à la fois héroïque et basse, pleine de gloire et de sang.

Or, malgré cette belle envolée du début, cet ouvrage est tout sauf une enquête sérieuse :
- On n’y trouve aucun rapport consultable, aucune bibliographie, aucune référence précise à un quelconque document de synthèse.
- Les affirmations sans preuve succèdent aux « témoignages d’atrocités » non vérifiés et invérifiables. Voyez notamment les chapitres intitulés : « Chapelet d’atrocités » (pp. 152-161) et « Broutilles » (pp. 173-181). L’auteur prétend qu’à Makarov, on a « décimé les juifs, éventré les juives, porté [l]es petits juifs au bout des piques » (p. 158), qu’une délégation de 17 vieillard juifs « fut littéralement hachée en morceaux » (pp. 158-9), que l’assassin Petlura arrivait partout en déclarant : « Je veux que le sang juif coule jusqu’au Dniepr » (p. 159), qu’à Rejychev, « les juifs étaient mis sur la croix, ou bien enterrés vivants, ou brûlés à petit feu, la tête en bas» (p. 160), qu’à Tripollie, « Zelyoni comblait les puits avec des juifs vivants […] coupait les seins des femmes, et, quand elles étaient enceintes, les accouchait à grands coups de sabre. Aux hommes, il coupait les parties sexuelles et crevait les yeux » (Id.) ; qu’à Kagarlyk, des juifs « suspendus par les bras, furent ensuite empalés » (p. 180). On retrouvait-là quelques-uns des thèmes principaux de la propagande anti-allemande des années 1914-1919 : personnes crucifiées, femmes éventrées, seins coupés[7], bébés embrochés.

- Les rares notes de bas de page n’apportent absolument rien.

- Les quelques photographies qui montrent des cadavres attestent bien l’existence de tueries locales, mais pas des abominables tortures décrites au long des pages sur la foi de « témoignages » et de « documents » que l’auteur prétend résumer sans « rien inventer », sans « exagérer […] d’une virgule »[8].

- Quant au décompte final, « trois cent mille morts» (p. 3), « Trois cent mille juifs martyrisés » (p. 254), il n’est fondé sur rien. L’ouvrage ne contient aucune étude statistique. On n’y trouve bien, ici et là, quelques estimations, mais elles sont très souvent vagues et n’ont aucun fondement[9]. Je note d’ailleurs que d’après B. Lecache, le pogrom de Proskouroff (ou Proskurov) le 15 février 1919 aurait fait 3 000 victimes. Or, dans son Livre de la mémoire juive, Simon Wiesenthal — dont on connaît également la propension à mentir et à exagérer — parle de « 1 500 juifs » égorgés[10], soit une différence de 100 % entre les deux. En outre, l’addition de ces estimations locales (même à les supposer vraies) ne justifie nullement, et de très loin, le nombre global (300 000).
Mais qu’importait à l’auteur. L’important était de présenter les juifs comme les victimes innocentes d’une campagne d’extermination unique dans l’Histoire. Ainsi B. Lecache n’hésitait-il pas à parler du pogrom de Proskouroff comme d’un crime sans comparaison possible, unique de par son ampleur et son organisation méthodique. Aux pages 216-7, on lit :

A quoi bon tenter des comparaisons, peser tel ou tel massacre dans la balance de l’Histoire ? Le plus grand crime des temps modernes fut commis à Proskouroff.
Aucun n’est pareil à celui-ci, aucun n’est aussi vaste que celui-ci. Jamais on ne vit pareille hécatombe. Jamais on ne vit contre des gens innocents, pacifiques et sans défense, férocité pareille, atrocité aussi nombreuses et aussi ordonnées, organisation aussi formelle et systématique d’un ensemble de tortures et de meurtres dont le détail relève de la pathologie.

On le voit, bien avant 1942, la dialectique était en place : certains juifs, comme Bernard Lecache, hurlaient déjà que des bandes organisées tentaient (ou avaient tenté) de les exterminer.

Dès mars 1932, des juifs hurlent que Hitler et d’autres veulent exterminer les juifs


Cinq ans plus tard, Hitler était aux portes du pouvoir. Immédiatement, la campagne d’intoxication commença. Dans son deuxième numéro de mars 1932, l’organe de la LICA, Le Droit de Vivre, titra : « Hitler menace la vie des juifs » (p. 1). En guise d’illustration, on voyait un vieillard juif, blessé au visage et à la main droite (pouce sectionné). La légende portait : « Non content de l’avoir grièvement blessé les bandes de Petlioura lui ont sectionné les doigts de la main droite ».

Le lecteur inattentif ou peu au courant s’imaginait ainsi que des scènes d’une grave violence avaient déjà commencé en Allemagne. Or, il faut savoir que les « petliouristes » étaient les partisans de Simon Petlura (ou Petlioura), un socialiste ukrainien dont le nom fut associé à de terribles violences anti-juives commises en Ukraine (notamment dans la région de Jitomir) fin 1918-début 1919[11]. Par conséquent, le cliché n’avait aucun rapport, même lointain, avec l’Allemagne et Hitler.
Dans cette même livraison, le droit de vivre allait jusqu’à prétendre qu’un danger d’ « extermination » planait dans six pays d’Europe. On lisait :

Resterions-nous insensibles au fait que six nations européennes abritent, sans les châtier, des organisations qui ont pour premier but le triomphe de l’antisémitisme ? Ce n’est pas seulement la ruine des minorités juives qu’elles poursuivent. C’est leur extermination [Voy. le droit de vivre, mars 1932, p. 1].

Neuf mois plus tard, Bernard Lecache avertissait le monde que « les hitlériens polonais » (sic) avaient « tenté de […] massacrer » la population juive de Lwow et que « si l’on en cro[yait] les informations de dernière heure», ces violences étaient « le prodrome d’une action concertée et généralisée contre les juifs » (voy. le droit de vivre, décembre 1932, p. 1). Bref, nous étions invités à croire que les juifs de Pologne étaient menacés d’extermination. L’article de B. Lecache était rédigé sous forme d’un appel à participer à une manifestation, le 7 décembre 1932, à Paris. Le titre était : « Pour sauver les juifs de Pologne / tous, mercredi 7 décembre, à Wagram ! ». L’avenir démontra que ces cris d’alarme n’étaient nullement justifiés… Bien que les juifs polonais aient toujours été victimes d’un antisémitisme « traditionnel », ils ne furent jamais menacés d’extermination par le pouvoir.

Mais les propagandistes professionnels se moquent de tous les démentis apportés par le temps. B. Lecache et ses comparses vivaient de l’indignation et de la dénonciation de menaces fantômes. Par conséquent, ils n’allaient pas cesser.
Le 30 janvier 1933, Hitler arriva au pouvoir. Sans surprise, le droit de vivre se déchaîna. Dans sa livraison de mars 1933, il titra en première page et sur six colonnes : « Rassemblement ! Hitler est au pouvoir. 700 0000 juifs sont menacés de mort. Il faut les sauver ! Tous autour de la LICA ».

Un mois plus tard, ce mensuel écrivit : « Tous les juifs d’Allemagne sont menacés de mort, officiellement voués au pillage, à la torture, au massacre» (voy. Le Droit du Vivre, mai 1933, p. 1). Puis ce furent les tracts annonçant que le national-socialisme avait « juré l’extermination du judaïsme allemand » et demandant de boycotter les produits allemands.

Les instances officielles ne prennent pas ces appels au sérieux


Quand on sait que B. Lecache était le fondateur de cet organe de presse, ces manchettes ne surprennent pas. Ces appels restèrent d’ailleurs l’apanage de quelques excités ; ni la presse nationale, ni les gouvernements n’y apportèrent leur soutien actif. Dans les hautes sphères, on connaissait B. Lecache ; on se souvenait de son ouvrage publié en 1927 ; on se souvenait de ses appels pour les juifs polonais fin 1932 ; on savait qu’il ne faisait que reprendre la même rhétorique, en l’appliquant cette fois à l’Allemagne.

On savait en outre qu’il ne reculait pas devant certains procédés malhonnêtes, comme l’utilisation abusive de clichés. J’ai déjà mentionné le cas du vieillard juif victime des « petliouristes » et 1919 et réutilisé pour dénoncer les violences en Allemagne en 1932. Un autre exemple mérite d’être cité. Dans sa livraison du 1er février 1936, le droit de vivre consacra à long article à une Suédoise, Eva Manberg, qui avait été emprisonnée en Allemagne. A l’hôpital de la prison de Moabit, elle aurait vu des détenues affreusement torturées. En guise d’illustration, on pouvait voir le cliché montrant une personne dont le postérieur était sévèrement blessé. La légende portait : « Après le supplice dans la prison » (voy. le droit de vivre, 1er février 1936, p. 3). Étrangement, alors que l’article évoquait le quartier les tortures dont des femmes auraient été les victimes[12], la personne montrée était un homme. En vérité, ce cliché avait déjà été publié trois ans auparavant par le même magazine, dans sa livraison de mai 1933 (p. 3). A l’époque, cependant, il n’était question ni d’Eva Manberg, ni de la prison de Moabit ; l’article dénonçait les violences antisémites en Allemagne et la légende portait : « A la suite des mauvais traitements infligés par les S.A., un dirigeant du Reichsbanner a été obligé de s’aliter et il est dans l’incapacité de travailler ».

On le voit, le droit vivre adoptait les pratiques les plus malhonnêtes de la basse propagande…

La guerre favorise l’apparition et la circulation de nouvelles rumeurs


La guerre et les premières déportations allaient fournir à de tels individus un terrain plus propice encore. Toutes les époques troublées connaissent une augmentation sensibles des rumeurs les plus diverses. La deuxième guerre mondiale n’allait pas échapper à la règle. Pour s’en convaincre, il suffit de relire la presse de l’époque. Disgrâce et même mort de hauts personnages pourtant toujours bien vivants et bien en place, scènes de révolution chez l’ennemi où, après vérification, tout est calme, prétendus débarquements sur des plages qui se révèlent désertes… tout y passe. Certaines rumeurs naissaient seules, d’autres étaient lancées par des officines de propagande dans un but bien précis (affoler ou rassurer les populations ou les soldats…).

Dans un ouvrage de 268 pages paru fin 1940 et intitulé La guerre du mensonge, Paul Allard rappela comment, d’août 1939 à juin 1940, les Français avaient subi un odieux « bourrage de crâne » : la victoire de l’armée polonaise (septembre 1939), le discours désespéré d’un Hitler aux abois (6 octobre 1939), la révolution qui grondait en Allemagne (septembre 1939-mai 1940), le folle offensive du 10 mai 1940 et son échec (mai-juin 1940), la « victoire » de Dunkerque (juin 1940), les pannes d’essence chez les Allemands (mai-juin 1940), le « dernier quart d’heure » où la victoire allait changer de camp (juin 1940)[13]… Deux ans plus tard, ce même auteur dénonça une série de rumeurs qui avaient été véhiculées (sinon inventées) par Radio-Londres : promesse d’Hitler à Pétain et à Darlan de les nommer respectivement maréchal d’Europe et amiral d’Europe, microbes déversés sur Paris, rupture imminente des relations diplomatiques entre la France et les USA, assassinat de M. de Brinon, bonbons vitaminés destinés à stériliser les jeunes Français, Allemands organisant des messes où les hosties portent des croix gammées, avions allemands déguisés en avions de la RAF allant bombarder des objectifs civils…[14]

La « Libération » en 1944 ne changea rien. Le 19 septembre 1944, ainsi, sous le titre « Hitler et ses lieutenants se réfugieraient au Japon », le quotidien français Libres écrivit :

A en croire une source particulièrement bien informée de Berne, Hitler et ses lieutenants auraient choisi comme lieu de refuge le Japon.
De récentes entrevues entre Hitler et l’ambassadeur nippon Oshima, au Grand Quartier général allemand, auraient porté essentiellement sur ce point.
Au Japon, Hitler qui conserverait l’espoir de revenir, un jour, dans son pays, dirigerait la lutte clandestine en Allemagne[15].

Cette rumeur perdura, puisque le 28 octobre 1944, ce même quotidien annonça en première page : « Hitler aurait organisé lui-même l’attentat du 20 juillet pour faire arrêter les généraux qui s’opposaient à sa fuite au Japon ». Quel machiavélisme !
Le 26 décembre 1944, la presse française annonça la mort d’Otto Skorzeny, « abattu par Nicolas Horthy qu’il voulait arrêter »[16]. Or, rappelons qu’O. Skorzeny est mort à Madrid le 7 juillet 1975…

De nombreuses rumeurs circulent à propos des camps et dans les camps


Quant aux rumeurs sur les camps, elles se répandirent d’autant plus vite que ces lieux étaient entourés d’un grand secret par des Allemands soucieux de cacher leurs activités industrielles. Dans son témoignage, l’ancienne déportée P. Lewinska écrit que la déportation « était l’inquiétante plongée dans un véritable brouillard rendu plus menaçant et plus terrible par les bruits qui couraient parmi les hommes en liberté » ; « on parlait d’une chambre à gaz, d’un four crématoire d’où l’on pouvait retirer les cendres »[17].

A l’intérieur même des camps, de nombreuses histoires circulaient. Dans son témoignage, ainsi, A. Rogerie se souvient qu’en janvier 1944, ils apprirent le… débarquement américain ; « puis après, poursuit-il, nous avons su aussitôt que c’était un bobard, un de ces affreux bobards qui courent dans les camps»[18]. Certaines rumeurs étaient beaucoup plus morbides. Rappelons par exemple celle du savon que l’on disait fait à partir de la graisse de juifs[19]. De son côté, un ancien déporté rapporta que la gelée vinaigrée qu’on leur donnait à manger était appelée « du Russe » parce qu’elle était « censée avoir été fabriquée avec les cadavres » de Soviétiques[20].

Les bruits concernant le « génocide » : une simple rumeur parmi tant d’autres


Dans cette ambiance de folie, et quand on connaît les appels lancés depuis 1932 par des individus comme B. Lecache, il n’est pas surprenant que des bruits aient commencé à courir sur les juifs. La rumeur du « génocide » naquit probablement vers la fin 1941 dans certains milieux juifs slovaques ou polonais[21]. En mai 1942, elle courait déjà dans le ghetto de Varsovie.

Le fait qu’il se soit agi de simples bruits se révèle nettement à la lecture des mémoires d’un ancien habitant du ghetto, Wladyslaw Szpilman. Il écrit :

C’est à peu près vers cette époque que des bruits de plus en plus inquiétants ont commencé à circuler dans le ghetto avec une régularité grandissante, même s’ils ne s’appuyaient sur aucune preuve, comme d’habitude. Personne ne trouvait jamais leur source directe, ni la plus infime confirmation qu’ils étaient fondés sur une tangible réalité, et pourtant ils revenaient sans cesse[22].

Peu après, grâce aux militants sionistes très actifs en Europe, la rumeur avait atteint les Alliés, notamment leurs représentants dans les pays neutres. Mais les bruits colportés par les agences suives étaient les plus contradictoires et les plus invraisemblables. Le 26 septembre 1942, ainsi, le représentant américain au Vatican écrivit au cardinal Maglione pour l’informer que, d’après un rapport de l’Agence juive pour la Palestine, les corps des juifs fusillés étaient utilisés pour fabriquer de la graisse et des engrais, certains ayant même été exhumés dans ce but[23]. Un mois plus tard, l’ « Organe de liaison des Forces françaises contre la barbarie raciste » prétendit que sur les « milliers de femmes et d’enfants juifs déportés de France », de nombreux avaient été « brûlés vifs dans des wagons plombés »[24]. Le 24 novembre, en page 10, le New York Times allégua que les juifs étaient exterminés par noyade dans la rivière Bug. Le lendemain, le président du Congrès juif mondial, Stephen Wise, déclara que « Hitler avait ordonné l’extermination des tous les juifs avant la fin de l’année dans l’Europe occupée». L’homme prétendait tenir ses informations d’un « émissaire européen non identifié du Président [américain] » qui, interrogé sur ce programme d’extermination, aurait répondu : « Les pires de vos craintes sont justes ». Il ajoutait que « des renseignements en sa possession » — « probablement des dépositions », écrivait le journaliste — « l’avaient amené à croire que 2 500 000 des 5 000 000 de juifs dans les territoires de l’Europe occupée avaient déjà été exterminés ». Il terminait en affirmant que « plusieurs méthodes de mise à mort avaient été employées », parmi lesquelles « le poison, l’asphyxie et l’injection d’une bulle d’air dans le flot sanguin des victimes » ; cette dernière « était devenue commune » et elle permettait de traiter « plus de 100 hommes à l’heure »[25]. Le 20 décembre 1942, en page 23, le New York Times parla des chambres d’électrocution de Chelmno et de Belzec. Sept mois plus tard, J’Accuse dénonça les « nazis [qui] tu[ai]ent des milliers d’êtres humains dans les chambres à gaz, par électrocution au contact des fils à haute tension » et qui donnaient aux internés d’Auschwitz des vêtements « faits de papier » (voy. la livraison de juillet 1943, pp. 1 et 2). Peu auparavant, ce même organe avait parlé de « 6 000 juifs enterrés vivants » à Vitebsk ainsi que des « villes de la Russie blanche» dans lesquelles, d’après des « témoins oculaires », les bourreaux ouvraient le ventre des femmes et leur coupaient les seins (voy. J’Accuse, février 1943).

Ainsi, d’après ces informations issues de sources juives, les juifs auraient été : fusillé, brûlés vifs, éventrés, noyés, enterrés vivants, empoisonnés, tués par bulle d’air, électrocutés soit dans des chambres, soit contre des fils à haute tension, asphyxiés ou gazés. Cette disparité dans l’information démontre qu’il s’agissait de simples rumeurs sans aucun fondement et se développant dans la plus totale anarchie. Ces rumeurs venaient s’ajouter aux milliers d’autres qui circulaient depuis septembre 1939.

Les Alliés n’accordent aucun crédit à ces rumeurs


Ce fait apparaissait d’autant plus nettement que les Alliés n’avaient pas la mémoire courte : ils se souvenaient que le 22 mars 1916, déjà, le Daily Telegraph (de Londres) avait — faussement — accusé les Allemands d’avoir assassiné des centaines de milliers de Serbes en les passant à la baïonnette ou en les étouffant « au moyen de gaz asphyxiants »[26].
Ils se souvenaient en outre des allégations du sieur Lecache en 1927 sur les juives ukrainiennes au ventre ouvert et aux seins coupés et sur les enterrés vivants. Il se souvenaient enfin des campagnes d’excitation orchestrées à partir de 1932 par le droit de vivre. Par conséquent, tous ces rapports et toutes ces déclarations issues des organisations juives étaient prises pour ce qu’elles étaient : de la basse propagande recyclée et véhiculée par des individus sans imagination.

Même des juifs n’y accordaient aucun crédit et faisaient davantage confiance aux démentis allemands


Fait extrêmement révélateur : de nombreux juifs n’accordaient aucun crédit à ces récits. W. Szpilman écrit :

Certains prenaient ces informations très au sérieux alors que, chez d’autres, elles entraient par une oreille et ressortaient par l’autre[27].

Plus loin, l’auteur raconte qu’un jour, le bruit courut qu’à Lublin et Tarnow « les juifs avaient apparemment été asphyxiés avec du gaz » ; mais, poursuit-il, l’ « affirmation [était] tellement incroyable que personne ne voulait lui accorder le moindre crédit » (Id.).

Ajoutons que certains juifs haut placés semblaient faire davantage confiance aux Allemands qu’aux rumeurs. C’est ainsi par exemple qu’en 1943, le directeur de la communauté israélite de Vienne, Josef Löwenherz, demanda aux autorités allemandes si le bruit selon lequel « les juifs étaient mis à mort » correspondait à la réalité. Le directeur de la Gestapo de Vienne, Franz Huber, téléphona au RSHA sur la ligne directe d’Heinrich Müller afin de s’informer. D’après un Allemand qui était présent :

Quand nous rentrâmes [avec J. Löwenherz dans le bureau], Huber nous dit que Müller avait écarté toutes ces allégations qui n’étaient que des rumeurs malveillantes. Löwenherz fut visiblement soulagé[28].

On le voit : même dans les milieux juifs vivant sous domination allemande, le scepticisme régnait…
 
Old May 1st, 2011 #34
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Les juifs n’ont pas été exterminés à l’Est

Aucune preuve matérielle d’une extermination



Mais on ne saurait nier que cette chronologie ouvre des brèches mortelles dans l’édifice exterminationniste ; elle détruit notamment la thèse selon laquelle Auschwitz, Majdanek ou l’un des trois « camps de la mort » auraient été des destinations finales pour les juifs déportés. Voilà d’ailleurs pourquoi les informations qu’elle contient sont la plupart du temps cachées au grand public. Dans son monumental ouvrage, par exemple, R. Hilberg évoque, certes, ces déportations à l’Est, mais très rapidement, et à aucun moment, il ne se réfère au document URSS-004 ni ne s’intéresse à tous les camps cités par R.A. Rudenko à Nuremberg. Soucieux de sauver sa thèse, il profite du mystère qui les entoure encore pour prétendre que les « juifs déportés vers l’Ostland furent fusillés à Kaunas, Riga et Minsk » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 402). Il en est de même pour S. Wiesenthal ; tout au long de son Livre de la mémoire juive, il est question d’abominables tueries de milliers de juifs à Minsk, à Kovno et ailleurs[56]. Ainsi nous demande-t-il de croire que les Allemands, dont on connaît pourtant l’efficacité, auraient affrété des centaines de trains pour emmener des juifs de France, de Belgique, des Pays-Bas, d’Autriche, de Slovaquie etc. loin, très loin, jusqu’en Biélorussie, en Lituanie, en Lettonie voire en Estonie, uniquement pour les tuer ? Cette thèse est totalement absurde. En outre, à supposer qu’à l’Est, les Allemands aient fusillé les juifs par dizaines de milliers avant des les enterrer ou de les brûler, de très nombreuses traces devraient subsister : « corps ou parties de corps non brûlés, millions d’os et de dents, masse de cendres »[57]. Or, comme le souligne G. Rudolf :

Si l’on avait découvert de telles choses, les communistes staliniens, dont on connaît l’appareil efficace de propagande, leur aurait fait une large publicité en présence de commissions d’enquête internationales. Ils auraient ainsi rattrapé leur impair de Katyn et rendu la pareille aux Allemands, qui, précisément à cette époque, révélaient à l’aide de commissions d’enquête internationales le massacre commis par les Soviétiques sur des officiers polonais. Mais non, [et même] aujourd’hui, alors qu’après 50 ou 60 ans on découvre souvent par hasard des charniers contenant des centaines de milliers de victimes de Staline, il n’y a toujours aucune trace des charniers ou des bûchers allemands et on évite soigneusement de se demander en public si les méthodes les plus modernes ne permettraient pas de les retrouver [Id.].

Des enquêtes sans valeur


On pourra nous répondre qu’en 2006, un communiqué de presse émanant du Vatican a déclaré qu’à la tête d’une équipe de chercheurs, un religieux était en train de recenser les charniers de juifs massacrés par les « nazis » en Ukraine lors de la deuxième guerre mondiale et que, déjà, plus de mille charniers avaient étaient découverts, contenant chacun entre quelques dizaines une centaine de milliers de corps. Nous avons cependant expliqué pourquoi les enquêtes de ce religieux sont sans aucune valeur.

La fonction de Treblinka, Sobibor et Belzec


Revenons cependant à notre question de départ : à quoi servaient les camps de Treblinka, de Belzec et de Sobibor ? Quand on connaît la chronologie établie plus haut, tout s’éclaire : Treblinka, Sobibor et Belzec ont servi de camps de transit pour les juifs qui étaient déportés plus à l’Est afin d’y être réinstallés[58]. Voilà pourquoi ils étaient situés à la frontière polonaise, là où commençaient les territoires soviétiques récemment conquis, à la jonction de deux systèmes ferroviaires autonomes. Car comme le rappelle, J.-M. Boisdefeu à la suite de Stefen Werner :

Treblinka, Sobibor et Belzec constituaient des gares-relais entre deux réseaux de chemins de fer : le GEDOB dans le Gouvernement général et la GVD-Osten dans les territoires occupés. Certes, ces deux réseaux étaient compatibles (écartement des voies par exemple) et couplés, mais ils étaient autonomes et il fallait parfois un mois pour obtenir un plan de transport de sorte que ces gares constituaient des points d’interruption du trafic et de tri tout indiqués[59].

Et J.-M. Boisdefeu d’écrire : « Je ne sais pas si cela est entièrement vrai, mail il est remarquable que les historiens n’arrivent pas à justifier le choix des ces localités à cheval sur la frontière avec l’URSS » (Id.)

Cette remarque est exacte. Dans son ouvrage, R. Hilberg déclare simplement : « On choisit ces sites [Treblinka, Sobibor et Belzec] en fonction de leur isolement et de leur proximité des voies ferrées » (op. cit., p. 758). Mais en écrivant cela, il n’explique rien : des usines, des entrepôts, des terrains militaires étaient construits sur de tels sites. Ce qu’il fallait expliquer, c’était :

1°) pourquoi trois camps et non pas un seul, plus grand, ce qui aurait permis une meilleure centralisation et évité des dispersions ?
2°) pourquoi des camps tous établis sur la frontière (on ne peut y voir un hasard) ?
3°) pourquoi un camp construit sur une artère menant aux pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie), un autre sur une artère menant soit au nord de l’Ukraine, soit au sud de la Biélorussie et un dernier sur une artère menant au cœur de l’Ukraine ?

R. Hilberg a soigneusement évité de poser ces trois questions parce que les poser, c’est presque y répondre : des camps près de la frontière parce qu’ils étaient à la jonction des réseaux ferroviaires ; trois camps sur trois artères différentes afin de ventiler les juifs lors de leur réinstallation à l’Est. Tout concorde.

De nouvelles confirmations


Dans ces camps passèrent de nombreux juifs de l’Ouest, qui étaient ensuite acheminés plus loin. Certains convois (sans doute la majorité) étaient composés d’inaptes au travail qui allaient être réinstallés à l’Est ; d’autres convois emmenaient des juifs pour qu’ils travaillent, sans doute dans le cadre de la réinstallation ou pour satisfaire les besoins de l’armée près du front[60].

Notons que certains documents allemands d’époque confirment cette version. Dans son ouvrage, ainsi, R. Hilberg, mentionne un mémorandum du 17 mars 1942 dans lequel on lisait qu’une fois partis pour Belzec :

Ces juifs passeraient la frontière et ne retourneraient jamais plus dans le Gouvernement général [Voy. R. Hiberg, op. cit., p. 761].

Mentionnons aussi quelques faits troublants :

- par deux fois (dont une le 29 mai 1942) 3 000 juifs d’Opole furent déportés à Sobibor (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 134). D’après la thèse officielle, c’était pour y être exterminés. Or, Opole, ville du sud-ouest de la Pologne, est à environ 400 km à l’Ouest de Sobibor et a seulement 120 km d’Auschwitz. Pourquoi les Allemands ont-ils choisi de les emmener loin, au fin fond de la Pologne, puisqu’ils disposaient, dit-on, d’un camp d’extermination relativement près, où depuis février les juifs étaient gazés par convois entiers ? C’est inexplicable, sauf si l’on considère que ces juifs n’étaient pas destinés à la mort, mais à la déportation à l’Est, via le camp de transit de Sobibor ;

- les 1er et 6 juin 1942, respectivement 2 000 et 6 000 juifs de Cracovie furent déportés à Belzec (voy. S. Wiesenthal, op. cit., pp. 137 et 140). Même remarque que précédemment : Cracovie était à environ 300 km de Belzec, mais à 50 km d’Auschwitz ;


Conclusion : les sélections à Auschwitz ne s’inscrivaient pas dans le cadre d’une extermination


Quand on sait tout cela, la thèse selon laquelle les « sélections » des nouveaux arrivés à Auschwitz s’inscrivaient dans le cadre d’un processus d’extermination s’effondre complètement.

En vérité, ces « sélections » s’inscrivaient dans le cadre de recrutement de la main d’œuvre et de l’évacuation de juifs hors de la sphère d’influence allemande.

Les déportés les plus robustes étaient retenus pour le travail dans les différents commandos, les autres étaient mis en quarantaine et repartaient un peu plus tard, soit vers le Gouvernement général, soit vers l’Est (souvent via Treblinka, Sobibor et Belzec).

Par conséquent, les manuels scolaires mentent lorsque, soixante ans après, ils osent encore présenter les « sélections » comme une étape dans le processus d’extermination.




[1] Voy. la traduction du discours paru dans La Documentation Catholique, n° 895, 20 avril 1939, col. 502.

[2] Hilberg, p. 225.

[3] Voy. R. Hilberg, La destruction…, p. 217.

[4] En voici quelques exemples avec, entre parenthèses, leur durée d’existence et leur effectif lorsqu’ils sont indiqués : Babitz, Breslau-Wroclaw, Dabrowice (1942-1944 ; 300 personnes), Dabrowka Wiekla (mars-septembre 1942, 300 personnes), Dzieczyna (avril-septembre 1943 ; 150 personnes), Frysztak (juille-novembre 1941 ; 2 000 personnes), Glogow (juillet-octobre 1942 ; 120 personnes), Katowice, Kotlicki-Trebin (évacué en février 1945, 1 700 personnes), Kreuzsee-lez-Reppen (3 à 4 000 personnes), Lesiow (1942-1945 ; 700 personnes), Lesna-Podlaska (1940-1941 ; 400 personnes), Kaczwowice (1941-1944 ; 5 000 personnes), Libau libéré en mai 1945), Limanowa (août-novembre 1942 ; 190 personnes), Lipie (1942-1943 ; 100 personnes), Markuszow (mai-septembre 1942 ; 100 personnes), Mogila (1944-1945 ; 300 personnes), Pawlowo (1941-1943 ; 120 personnes), Posen (1942-1943 : 1 000 à 1200 personnes), Przylek (1942-1943 ; 300 personnes) ; Pulawy (1942-1943 ; 200 personnes), Radymno (1942-1943 ; 200 personnes), Sandomierz (1942-1944 ; 350 juifs), Skarzysko-Kamienka (1942-1944 ; 8 000 personnes), Spytkowice (1942-1943 ; 360 personnes) ; Starachowice (1942-1944, 3 à 5 000 personnes)Stawiszyn (1941-1942 ; 100 personnes) Strzeszyn (1942-1944 ; 500 personnes).

[5] Voy. W. Szpilman, Le pianiste (éd. Robert Laffont, 1998), p. 76. W. Szpilman habitait le ghetto et assista à cette conversation.

[6] Voy. TMI, XXXVII, 411-425. L’Accusation a produit ce document, qui contient une liasse de télégrammes, comme « preuve » qu’en Galicie, les Juifs auraient finalement été exterminés.

[7] Doc. R-91 à Nuremberg produit sous la cote RF-347.

[8] Voy. Eugene Kulischer, The Displacement of Population in Europe (1943), p. 110. Cette brochure est consultable à la BDIC sous la cote O 380008. Enrique Aynat cite ce passage dans une étude intitulée : « Considérations sur la déportation des juifs de France et de Belgique à l’est de l’Europe en 1942 », publiée en langue française dans Akribeia, n° 2, mars 1998, p. 34.

[9] Doc. R-124 présenté à Nuremberg sous la cote USA-179 ; TMI, III, 475.

[10] Voy. J. Graf, « Qu’advint-il des juifs déportés à Auschwitz mais qui ne furent pas enregistrés ? », publié en langue française dans Études révisionnistes, vol. 1, pp. 220-1.

[11] Doc. PS-1166, déposé à Nuremberg sous la cote USA-458 ; TMI, IV, 206-7.

[12] Voy. E. Aynat, « Considérations… », art. cit., p. 16.

[13] TMI, XXXVII, 125-6.

[14] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 454.

[15] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 446.

[16] Voy. Les atrocités allemandes pendant la Guerre 1914-1918. Rapports officiels (Imprimerie J. Cussac, Paris, sans date), p. 54.

[17] A l’époque, naturellement, on prétendait que l’Allemagne voulait rayer la France de la carte. Dans le neuvième rapport, ainsi, on prétend que le 31 août 1914, un officier supérieur allemand aurait déclaré a deux habitants de Lassigny : « Nous voulons anéantir la France. Il faut qu’elle disparaisse. Dans trois jours nous serons à Paris, nous nous en emparerons, nous enlèverons toutes ses richesses artistiques et commerciales, nous le pillerons et nous le dévasterons : il n’en restera que cendres et ruines, Paris ne doit plus exister. » (Ibid., p. 76).

[18] Sur les différents syllogismes, voy. par exemple Fr. Maximin-Louis, Précis de Logique (Imprimerie J. Duclot, Gembloux, 1938), pp. 38 et suivantes. Le cas de l’enthymème est traité pp. 30-40 et 43. Cet ouvrage, qui s’adressait aux élèves de l’enseignement normal et secondaire, a le mérite d’être clair et concis.

[19] Voy. par exemple le Catalogue alphabétique…, p. 17, rubrique « Auschwitz ». On lit : « les prisonniers désignés pour l’extermination par la chambre à gaz, n’étaient pas immatriculés ».

[20] Voy. l’Anthologie d’Auschwitz (t. II, 2ème partie, Varsovie, 1969), pp. 159 et suivantes.

[21] Voy. P. Lewinska, op. cit., pp. 122-3 : « on a annoncé que les femmes grosses seraient libérées ».

[22] Voy. I. Deutschkron, Tel était leur enfer (éd. La Jeune Parque, 1965), p. 37 : témoignage d’Erich Kulka, ancien déporté, au procès d’Auschwitz le 16 avril 1964.

[23] Voy. I. Deutschkron, op. cit., pp. 30-33.

[24] Témoignant en 1964, R. Iliav prétendra que, sur les conseils d’une autre détenue, elle a tué sa fille au bout du huitième jours d’une piqûre de morphine. Pourquoi ? Parce que si cette dernière avait survécu, le docteur Mengele les auraient envoyées toutes les deux au crématoire (« Huit jours plus tard, il [Mengele] ordonne : “Demain, tenez-vous prête avec votre enfant. Je viendrai vous chercher !” Oui, mon enfant, enfin nous serons débarrassées de nos souffrances. La chambre à gaz va nous en délivrer. Je pleure. Je crie. Je sais que demain nous allons mourir. Une étrangère vient près de mon lit […] une seringue à injection à la main. “Administre cette piqûre à ton enfant. C’est une forte dose de morphine. Il en mourra […]”. Après deux heures de résistance, j’ai commis l’acte […]. Il est cinq heures du matin […]. Le docteur Mengele arrive ponctuellement. Je suis prête. “Où est votre enfant ? » — Avec lassitude, je réponds : “Il est mort cette nuit.” […] Il dit simplement : “Vous avez de la chance encore une fois. Vous partirez au travail avec le prochain transport. » ; Ibid., p. 33). On nous demande donc de croire qu’à Auschwitz, on gardait une femme dix jours avant son accouchement, qu’on la faisait mettre au monde à l’aide d’une sage-femme, puis qu’on la gardait encore huit jours juste pour l’envoyer avec son enfant à la chambre à gaz. C’est grotesque !

[25] TMI, XXXVII, 164. Notons que plus loin, l’auteur oublie ces faits et répète la version officielle selon laquelle « les femmes enceintes […] ne sont jamais entré[e]s au camp d’Auschwitz, mais allaient directement vers la chambre à gaz » (Ibid., p. 177).

[26] Le 29 septembre 1944, le quotidien Libres informa ses lecteurs que parmi les femmes rapatriées de Ravensbrück, figuraient quatre Belges et une Française — Violette Rambaud — qui étaient enceintes (« Elles sont cinq dans le cas de Violette Rambaud, dont 4 Belges. 5 femmes libérées parce qu’elles étaient enceintes. L’une d’elles, Belge, était à quinze jours de son accouchement » ; p. 2). Interrogée, V. Rambaud déclara : « Chaque jour, une partie du camp allait travailler. Moi, il faut le dire, je n’y allais pas parce que j’étais enceinte » (p. 1). Elle fut libérée en septembre 1944 parce qu’elle est enceinte de six mois (Id.). Notons toutefois que cette ancienne déportée croyait en l’existence de chambres à gaz. Elle déclara qu’à Ravenbrück, on gazait les juives : « On venait les prendre en autobus, les chambres étaient un peu plus loin derrière le camp... Oh ! les pauvres, les pauvres... A pleines chambres, on le passait au gaz...». (p. 2). Naturellement, elle-même n’avait rien vu… Cette histoire de chambre à gaz à Ravensbrück est mensongère.

[27] Voy. Auschwitz. Ces documents occultés parce qu’ils contredisent l’histoire officielle (éd. du VHO, 1997), pp. 23-4.

[28] Voy. « Considérations… », art. cit., p. 17 ; E. Aynat s’appuie sur le document CDJC, XXVI-46, 21 juillet 1942.

[29] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 455.

[30] Voy. « Considérations… », art. cit., p. 18 ; E. Aynat s’appuie sur le document CDJC, XXb-126 ; 21 juillet 1942.

[31] V Voy. E. Aynat, art. cit., pp. 44-5.

[32] Voy. J. Graf, art. cit., p. 223, note 52.

[33] La légende porte : « Dessin de Claude Martin, 18 ans, déportée au camp d’Auschwitz-Birkenau». Ce dessin est conservé au musée d’Auschwitz. En 1965, il a été publié dans l’ouvrage d’Inge Deutschkron intitulé : Tel était leur enfer (éd. La Jeune Parque). La légende portait : « Dessinateur inconnu – avec l’autorisation du musée d’Auschwitz » (voy. la sixième planche entre les pages 144 et 145). Publié une nouvelle fois en 1983 dans le manuel d’Histoire paru aux éditions Scodel : Histoire. De 1939 à nos jours, aucun nom d’auteur n’apparaissait encore ; la légende portait simplement : « une condition infra-humaine : le camp d’Auschwitz-Birkenau (dessin exécuté par une jeune déportée juive) » (p. 34). J’ignore sur quelle source s’appuient les auteurs du Bréal de 2003 pour attribuer ce dessin à une certaine C. Martin…

[34] Voy. Arthur R. Butz, The Hoax of the Twentieth Century (Institute for Historical Review, 1976), p. 109.

[35] Voy. François Bédarida, Le nazisme et le génocide. Histoire et enjeux (éd ; Nathan, 1989), p. 13.

[36] Voy. John C. Ball, La preuve par la photographie aérienne (éd. du VHO, 2000), chapitres 6 à 8.

[37] Voy. Pierre Marais, Les camions à gaz en question (éd. Polémiques, 1994). L’auteur ayant publié son ouvrage après la promulgation en France de la loi anti-révisionniste dite loi Fabius-Gayssot, (juillet 1990), il reste très prudent dans sa conclusion. Il termine son étude par cette phrase : « Qu’il nous soit au moins permis de douter [de l’existence des camions à gaz] » (p. 118). Mais ce qu’il écrit avant est suffisamment clair : il déclare que les témoignages selon lesquels la caisse des camions était « étanche » et « hermétique » se heurtent à une impossibilité technique ; que « La preuve de leur existence [celle des camions à gaz] ne ressort pas de l’étude théorique que nous avons faite » ; qu’aucun « camion à gaz », même à l’état de vestige n’a pu être retrouvé, malgré les démarches effectuées auprès de l’ambassade de Pologne à Paris, de l’administration de la ville de Konin (où, disait-on, un camion à gaz était exposé en guise de monument commémoratif) et de l’administration de la ville de Chelmno (pp. 117-8). Bref, l’auteur a cherché partout des camions à gaz, et il n’a trouvé que du vent…

[38] « En octobre 1938, le ministère des Affaires étrangères se pencha sur les statistiques relatives à la population juive et s’aperçut qu’environ 10 % des Juifs placés sous juridiction allemande étaient des ressortissants polonais. Mais le gouvernement polonais ne manifestait guère d’empressement à récupérer ses citoyens » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 339).

[39] « Tandis que la Pologne refusait d’accepter ses ressortissants juifs, quelques pays occidentaux ouvraient généreusement leurs portes à des juifs de nationalité allemande » (Ibid., p. 340).

[40] « Ce dernier [Heydrich] fut enthousiasmé par l’idée » (R. Hilberg, op. cit., p. 342).

[41] Sur ce projet, sa vie et sa mort, voy. R. Hilberg, op. cit., pp. 342-343.

[42] Voy. le mémoire de Martin Luther en date du 21 août 1942 ; doc. NG-2586-J, cité intégralement par Arthur R. Butz dans son ouvrage The Hoax…, p. 206.

[43] Dans le compte rendu d’un entretien qui eut lieu le 14 juillet 1941 entre le Führer et le comte Oshima, on lit : « Il [Hitler] ne croit pas que la résistance, en Russie d’Europe, puisse encore se prolonger au-delà de six semaines. Où les Russes iraient, il l’ignorait. Peut-être dans l’Oural ou au-delà de l’Oural. mais nous les poursuivrons et lui, le Führer, ne reculerait pas devant la perspective de pousser au-delà de l’Oural» (voy. A. Hillgruber, pp. 607-8.

[44] Doc PS-710, produit à Nuremberg sous la cote USA-509 ; voy. TMI, XXVI, 267.

[45] Voy. Histoire. 1939 à nos jours (éd. Scodel, 1983), p. 34.

[46] « Dr THOMA. — […] Et maintenant, je vous pose cette question : Himmler vous a-t-il jamais dit que la solution finale du problème juif consistait à exterminer les juifs ?
TÉMOIN LAMMERS. — Il n’en a jamais été question. Il a seulement parlé d’expulsion.
Dr THOMA. — Il a seulement parlé d’expulsion.
TÉMOIN LAMMERS. — Oui, seulement d’expulsion.
Dr THOMA. — Quand avez-vous entendu dire que 5 000 000 de juifs avaient été tués ?
TÉMOIN LAMMERS. — C’est seulement ici que je l’ai entendu dire, il y a peu de temps » (TMI, XI, 59).

[47] voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 171.

[48] Voy. Répertoire des lieux de détention SS (1933-1945) (S.I.R., Arolsen, 1977), p. CXCV.

[49] Voy. le rapport n° 10 des territoires occupés de l’Est, cité dans le Répertoire des lieux…, p. CXCV.

[50] Cité par E. Aynat, art. cit., p. 36.

[51] Doc. CDJC XXVI-59, 1er septembre 1942 ; reproduit par Jean-Marie Boisdefeu, La Controverse…, t. II, op. cit., pp. 78-9.

[52] Voy. J.-C. Pressac, Auschwitz. Technique ans Operation of the Gas Chambers (Beate Klarsfelf Foundation, New York, 1989), p. 567. Voy. également E. Aynat, art. cit., pp. 45-6.

[53] Dans son ouvrage, R. Hilberg prétend que les juifs étaient exterminés, qu’ils connaissaient leur inexorable destin (même s’ils tentaient d’éviter la mort) mais que les aptes au travail se montrèrent dociles jusqu’à la fin. Il écrit : « Leur soumission ne laissait pas d’étonner le Reichsminister Syess-Inquart, ancien adjoint de Frank. “Je ne pouvais pas m’imaginer, disait-il, que, d’une part, les juifs capables de travailler travaillent et que, d’autre part, leurs parents fussent exterminés. Je croyais que dans un pareil cas, on ne pouvait qu’imaginer que chaque juif sauterait à la gorge d’un allemand pour l’étrangler » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 463). Présentée ainsi, cette citation laisse croire qu’A. Seyss-Inquart aurait été au courant de l’extermination. En vérité, l’ancien administrateur des Pays-Bas a tenu ces propos très peu de temps après avoir rappelé ce que lui avait dit Hitler en 1943 et immédiatement après avoir expliqué qu’au début 1944, Himmler lui-même lui avait certifié : « Ce sont là [comprenez : les juifs qui travaillent] mes meilleurs ouvriers » (TMI, XVI, 9). Replacés ainsi dans leur contexte, les propos d’A. Seyss-Inquart s’éclairent : l’accusé voulait dire : « Comment aurais-je pu croire que les juifs inaptes étaient exterminés puisque leurs parents travaillaient correctement pour l’Allemagne ? » R. Hilberg se révèle donc une fois de plus être un tricheur…

[54] Document reproduit par Jean-Marie Boisdefeu dans La controverse sur l’extermination des juifs par les Allemands, tome II, déjà cité, pp. 86.

[55] Voy. le Doc. F-274 : « […] le 15 mai 1944 est parti de Drancy un convoi de 900 israélites auxquels on avait promis qu’ils allaient travailler à Bordeaux pour l’organisation Todt […]. En réalité, le convoi fut acheminé en deux tronçons ; nul ne sait ce que sont devenus les 600 déportés laissés à Kaunas. Des 300 laissés à Revel, 40 au plus sont revenus ». Voy. également J. Graf, art. cit., p. 213 : l’auteur s’appuie sur le Mémorial de la déportation des Juifs de France de Serge Klarsfeld.

[56] Voy., par exemple, p. 186. D’après l’auteur, le 28 juillet, 10 000 juifs du ghetto de Minsk auraient été assassinés par les SS, parmi lesquels 3 500 venaient d’Allemagne. Le même jour, 1 000 juifs venus du ghetto de Varsovie auraient été fusillés « dans la région de Minsk ». Le lendemain, 3 000 juifs allemands ayant eux aussi été parqués dans le ghetto de Minsk auraient été fusillés « dans des fossés creusés hors de la ville ». Je pourrais citer au moins une quarantaine d’autres exemples.

[57] Voy. G. Rudolf, Combien de juifs ont effectivement disparu ? (éd. du VHO, 1997), p. 46.

[58] Ces camps ont également pu servir « dans l’autre sens », c’est à dire pour des juifs de l’Est qui, déclarés aptes au travail, étaient amenés à Auschwitz ou ailleurs afin d’y être employés. R. Hilberg écrit par exemple qu’en 1943, le ghetto de Vilnius fut dissout, que « beaucoup [de juifs] furent rassemblés et fusillés sur place » et que « des milliers d’autres » furent expédiés à Sobibor. Bien qu’il prétende que ce camp servait à l’ « anéantissement », il précise que ces déportations furent « présentées par les Allemands comme une redistribution de la main-d’œuvre » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 333). La version allemande est beaucoup plus crédible, car on ne voit pas pourquoi les nationaux-socialistes auraient perdu leur temps et leur énergie à transporter relativement loin des juifs qui auraient pu être exterminés tout près, avec les autres. Sur leur fonctionnement « dans l’autre sens », voy. également J.M. Boisdefeu, La controverse sur l’extermination des juifs par les Allemands, tome II : « Réalités de la “Solution finale” » (éd. du VHO, s.d.), p. 81, note 50.

[59] Voy. J.-M. Boidefeu, La controverse…, t. II, op. cit., p. 81.

[60] Il est probable que Chelmno était un petit camp de triage. Un juif qui y travailla se souvient qu’un jour, les Allemands ont répondu à un garçonnet qui s’interrogeait : « à Chelmno, on ne fait que trier les juif et les plus robustes [sont] envoyés dans les régions de l’Est pour y travailler » (voy. Ladislas Bednarz, Le camp d’extermination de Chelmno sur le Ner [Éditions de l’Amitié franco-polonaise, 1955], p. 43). La même personne raconte avoir entendu un Allemand dire à des arrivants : « Vous irez dans la région de l’Est, où il y a de grands terrains, pour y travailler, mais il faut seulement revêtir des vêtements propres, qui vous seront donnés, et aussi prendre un bain » (Ibid., p. 45). Un autre juif déclare que dans les vestiaires, « il y avait des inscriptions : “direction des bains”, “direction du médecin” » et qu’ « on donnait une serviette et un morceau de savon » aux arrivants (Ibid., p. 65), ce qui ne surprend guère si Chelmno était un camp où l’on triait les plus robustes. Il est intéressant de noter que, tant qu’ils décrivent le camp dans son fonctionnement « normal » (ici le triage et la désinfection avant le grand départ), tous les témoins sont d’une grande précision et leurs récits apparaissent sans exagération. Mais dès qu’il en viennent aux prétendus meurtres de masse, les exagérations et les impossibilités foisonnent. Ainsi le juif qui a décrit les vestiaire prétend-il que sur les bûchers de Chelmno : « Les cadavres se consumaient rapidement. En quinze minutes environ, ils étaient consumés» (Ibid., p. 66), ce qui est une impossibilité physique.
 
Old May 1st, 2011 #35
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Auschwitz, également camp de transit


Certains pourront être surpris que des juifs « inaptes » soient passés par un camp dit « d’extermination » sans être assassinés. Mais il existe d’autres cas attestés. Dans son étude, E. Aynat évoque par exemple la déportation des juifs slovaques qui a eu lieu quelques mois avant la rafle du Vel’ d’Hiv’. Il écrit :

Il est intéressant également d’observer ce qui est arrivé aux juifs slovaques déportés au printemps 1942. Du 27 mars au 14 juin 1942, autour de 38 000 personnes, dans 38 trains, furent déplacées. Sur ces trains, 4 allèrent au camp de concentration de Majdanek (Lublin, Pologne) ; les 34 autres transportèrent leurs membres dans différentes localités de la région de Lublin (Lubartów, Opole, Luków, Chelm, Pulawy, Sobibor…). La majorité de ces convois étaient composés de familles. Plusieurs trains furent soumis à un processus de « sélection » en passant par Lublin. Ceux qui furent considérés aptes au travail furent internés à Majdanek. Les autres poursuivirent leur voyage. Une proportion considérable des déplacés échouèrent dans des « ghettos de transit » (Durchgangsghettos). Après un séjour dans ces ghettos , qui peut varier entre quelques jours ou semaines et de nombreux mois, les juifs furent déportés de nouveau. Cette seconde déportation s’effectua, dit-on, vers les « camps de la mort »(99) [note 99 : « Yehoshua Büchler, “The Deportation of Slovakian Jews to the Lublin District of Poland in 1942”, Holocaust and the Genocide Studies, vol. 6, n° 2, 1991. »][31].

Or, il faut savoir que d’après la version officielle, Majdanek aurait été un camp d’extermination jusqu’en novembre 1943[32], avec chambres à gaz et crématoires. Par conséquent, et si l’on en croit la version officielle, les juifs slovaques déclarés inaptes auraient dû être exterminés là-bas, immédiatement après les « sélections ». Et pourtant, on admet qu’il « poursuivirent leur voyage ».

C’est bien la preuve que des juifs pouvaient passer par un camp dit « d’extermination », ne pas être retenus comme ouvriers, et repartir.
E. Aynat poursuit ainsi :

Par analogie, il y a lieu de penser que les trains de juifs venant de France et de Belgique suivaient un parcours similaire, à ceci près que le voyage durait plus longtemps. Il existe également une autre raison. Comme cela été signalé, les Allemands avaient prévu de déporter des milliers de travailleurs juifs à Auschwitz pour les employer dans l’industrie […]. Il est alors logique que, devant évacuer les enfants et, d’une manière générale, les personnes inaptes au travail, ils l’ont fait dans les mêmes convois que ceux des travailleurs. De cette manière, tous arrivèrent ensemble à Auschwitz. Les vieillards, les femmes et les enfants attendaient à Auschwitz jusqu’à ce qu’on organise de nouveaux convois ou que l’on prenne les dispositions en vue de les accueillir dans les zones d’installation à l’Est [Ibid., p. 45].

Des enfants ont vécu à Auschwitz


Le fait que des enfants (jeunes ou adolescents) aient vécu assez longtemps à Auschwitz est indéniable. Certains petits déportés étaient d’ailleurs tatoués, ce qui gêne manifestement les tenants de la thèses officielle. Dans son édition de 2003, un manuel d’Histoire pour classes de troisième, le Bréal, publie un dessin exécuté par un enfant interné à Auschwitz ; il montre un appel à Birkenau (probablement au camp des femmes)[33]. De nombreux autres dessins de ce genre existent. Trente-deux d’entre eux ont été publiés en 1965 dans l’ouvrage d’Inge Deutschkron intitulé dans sa version française : Tel était leur enfer (éd. La Jeune Parque). P. Marais les a soigneusement étudiés. Fait révélateur : il n’y pas trouvé le moindre début de représentation d’une quelconque chambre à gaz ou d’un quelconque meurtre de masse. Il écrit :

L’examen attentif de ces trente-deux dessins du livre d’I. Deutschkron nous révèle qu’ils dépeignent le monde concentrationnaire qu’ont pu vivre des enfants internés tels qu’il a été maintes fois décrit par des témoins dignes de foi et tel qu’il peut être aisément imaginé par ceux qui ne l’ont pas connu. Rien dans ce qu’ils représentent avec précision ou évoquent ne heurte la vraisemblance et n’a jamais été contesté : arrestations, déportation, travaux forcé, mauvais traitements, exécution par pendaison et arme à feu, l’épouvante et la maladie, visible sur les visages, incinérations en four crématoire. […] ces enfants connaissaient parfaitement l’existence d’installations de désinfection (voy. le dessin n° 16 : bâtiment portant l’inscription ENTWESUNG). Mais, et c’est là le point important, aucun de leurs dessins, pas même ceux (n° 5, 12, 25 et 32) attribués à Jehuda Bacon, déporté à Auschwitz [à l’âge de 14 ans], ne décrit ou n’évoque une chambre à gaz homicide d’exécutions collectives. Or, il nous paraît évident que, s’il existait des dessins d’époque décrivant ou évoquant les « chambres à gaz », des auteurs, et notamment I. Deutschkron, n’auraient pas manqué de les faire publier, ce qui eût constitué un argument en faveur de la thèse de la réalité historique de ces chambres ; de tels dessins, manifestement, n’existent pas. On peut alors se poser les questions suivantes : comment des enfants déportés à Auschwitz-Birkenau ayant connu l’existence — qui n’était nullement tenue secrète — des fours crématoires — puisqu’ils les ont représentés — auraient-ils pu ignorer, si cela était vrai, que l’on y gazait continuellement des trains entiers de déportés ? Comment n’auraient-ils pas trouvé un mode de représentation quelconque de telles horreurs ? Et comment ne pas conclure, devant cette collection que nous considérons comme édifiante, que si les enfants déportés n’ont pas dessiné de chambres à gaz homicides, c’est tout simplement parce qu’ils n’en ont jamais vu ni entendu parler ? [Voy. article reproduit en annexe].

Sans être des preuves définitives, ces dessins renforcent la version selon laquelle des inaptes au travail (ici, des enfants) arrivèrent à Birkenau et y vécurent sans être exterminés et sans même entendre parler d’exterminations…

Sobibor, Treblinka, Belzec et Chelmno : camps d’extermination ?


Dans son ouvrage, Arthur R. Butz rappelle qu’en décembre 1943, 5 000 juifs du ghetto de Thersienstadt arrivèrent à Auschwitz et que, six mois plus tard, environ 2 000 d’entre eux avaient été mis au travail, 1 452 étaient encore en quarantaine et 1 575 étaient considérés comme « prêts pour le transport » (Vorbareitung zum Transport)[34]. J’y vois la preuve que des juifs passaient uniquement par Auschwitz, le temps d’une quarantaine, avant de repartir.

Mais repartir pour où ? Certains me répondront : « Pour les camps de la mort, c’est-à-dire à Sobibor, Treblinka, Belzec ou Chelmno. Là, il n’existait aucun commando de travail, tous les juifs qui arrivaient étaient immédiatement gazés ».

Une thèse qui se heurte à deux faits


Avant même d’aller plus loin, j’affirme que cette thèse se heurte à deux faits :

1°) Puisque, d’après l’histoire officielle, Auschwitz et Majdanek étaient des « camps mixtes », c’est-à-dire prévus pour la mise au travail et pour l’extermination rapide (chambres à gaz)[35], on ne voit pas pourquoi les Allemands auraient transféré ailleurs les inaptes au travail afin de les gazer. Cette façon d’agir aurait entraîné des pertes de temps, une mobilisation inutile de trains, des pertes de carburant etc. dans une période où l’on cherchait précisément à minimiser les gaspillages ;

2°) A supposer que, depuis le début, les inaptes au travail aient été promis à la chambre à gaz, pourquoi les Allemands les auraient-ils mis six mois (ou plus) en quarantaine, période pendant laquelle il aurait fallu — au minimum — leur allouer des baraques et les nourrir ?

Les clichés aériens confirment qu’il ne s’agissait pas de camps d’extermination


Cependant, allons maintenant plus loin. Oublions ces deux obstacles logiques. La thèse officielle n’en sera pas sauvée pour autant. Car on sait aujourd’hui que ni Sobibor, ni Treblinka, ni Belzec n’ont été des camps d’extermination. Les clichés aériens de ces lieux pris par les Alliés pendant la guerre et analysés dans les années 90 le démontrent amplement ; on n’y voit ni chambres à gaz homicides, ni fosses communes, ni bûchers d’incinération[36].

Les « camions à gaz » de Chelmno n’ont jamais existé


Quant à Chelmno (Kulmhof), l’histoire des gazages homicides qui auraient été perpétrés dans des camions spécialement aménagés à cet effet (les « camions à gaz ») a été réfutée par Pierre Marais[37].

De simples camps de transit


Mais alors, à quoi servaient-ils ? Répondre à cette question nécessite un petit retour dans le passé.

Les Allemands voulaient expulser les juifs hors de leur sphère d’influence


Depuis 1938, les Allemands souhaitaient ardemment se débarrasser des juifs. A l’époque, il s’agissait de les envoyer soit en Pologne — et dans ce cas, il serait plus exact de parler de renvoi, car étaient concernés les ressortissants polonais établis dans le Reich[38] — soit dans d’autres pays susceptibles de les accueillir[39]. Afin de coordonner cette action, le 24 janvier 1939, H. Göring créa le Centre d’émigration juive dont le chef serait R. Heydrich (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 341).

Sans surprise, le déclenchement de la guerre vint tout bouleverser. Mais si, un moment, la question juive fut reléguée à l’arrière-plan, elle ne fut jamais oubliée. Après la défaite de la France, un service du ministère des Affaires étrangères allemand proposa que, lors du futur traité de paix, l’île de Madagascar soit cédée aux Allemands qui pourraient alors y envoyer « des millions de juifs ». Ce projet enthousiasma Heydrich[40], preuve qu’en 1940/1941, les dirigeants nationaux-socialistes envisageaient toujours l’évacuation des juifs. Mais il fut abandonné au début de 1941, car il ne pouvait être question de transporter tous les juifs par bateau en pleine guerre[41].

La fameuse lettre du H. Göring à R. Heydrich en date du 31 juillet 1941


Une période d’attente suivit, où rien d’important ne se passa. Les juifs étaient concentrés dans des ghettos. Le 24 juin 1941, R. Heydrich informa le ministre des Affaires étrangères du Reich que la solution d’ensemble de la question juive concernait 3,25 millions de juifs disséminés dans toute la sphère d’influence allemande, donc qu’on ne pouvait plus espérer la résoudre par la voie de l’émigration ; une solution territoriale s’imposait[42]. Quelques semaines plus tard, les victoires fulgurantes sur l’Armée rouge et la certitude que l’URSS serait écrasée vers la fin du mois d’août[43] firent germer dans l’esprit de certains un nouveau plan : l’évacuation des juifs à l’Est, au-delà du Gouvernement général, dans les territoires devenus accessibles suite au recul de l’armée soviétique (Ukraine, Biélorussie, Lituanie, Lettonie, voire même de l’Estonie). C’est ainsi que le 31 juillet 1941, H. Göring écrivit une lettre capitale à R. Heydrich. Après lui avoir rappelé que, par décret du 24 janvier 1939, il avait été chargé d’obtenir une solution à la question juive « par la voie de l’émigration ou de l’évacuation » (in Form der Auswanderung oder Evakuierung), il lui demandait, en tant que personne compétente, « de procéder à tous les préparatifs nécessaires sur le plan de l’organisation et des question concrètes pour aboutir à une solution totale de la question juive dans la zone d’influence allemande en Europe » (Gesamtlösung der Judenfrage im deutschen Einfluβgebiet in Europa)[44].

La « Solution totale » de la question juive signifiait l’évacuation des juifs à l’Est


Dans un manuel d’Histoire pour classes de terminale paru en 1983, les auteurs présentent cette lettre comme une « proclamation » de l’ « extermination totale et planifiée». Sous le titre, « Les étapes du génocide », on lit : « 30 [sic] juillet 1941 : proclamation de la “solution définitive” (ou “solution finale”) par Göring dans une lettre à Himmler [sic] : extermination totale et planifiée »[45]. C’est une absurdité. Quand on lit correctement la missive et qu’on la replace dans son contexte, il apparaît clairement que la « solution totale » envisagée était l’expulsion des juifs et leur installation loin à l’Est. Face à ses juges, d’ailleurs, H. Göring en confirma le contenu et rappela qu’à sa connaissance, la politique allemande envers les juifs étaient restée la même jusqu’à la fin. Au procureur général adjoint britannique qui lui demandait : « vous saviez qu’il existait une politique qui visait à l’extermination des juifs ? », il répondit sans détour : « Non, une politique d’émigration et non pas d’extermination des juifs » (TMI, IX, 655). Il ne fut pas le seul à parler ainsi : convoqué comme témoin, l’ancien chef de la Chancellerie du Reich, Hans Lammers, certifia qu’H. Himmler ne lui avait jamais parlé d’une extermination des juifs, mais juste d’un programme d’expulsion et qu’il avait fallu attendre la fin de la guerre pour qu’il entende parler de 5 millions d’exterminés[46].

De multiples confirmations


A une exception près (pour A. Seyss-Inquart), je ne perdrai toutefois pas mon temps à citer tous les autres dirigeants nationaux-socialistes qui, après 1945, confirmèrent l’existence de cette politique d’évacuation vers l’Est à partir de l’automne 1941, car il est toujours aisé de répondre qu’ils mentaient pour tenter de sauver leur tête. Je préfère donc mentionner des faits ou des documents qui l’attestent. Ils sont nombreux. En voici quelques-uns dans l’ordre chronologique :

- 10 octobre 1941 : « lors d’une conférence sur la “Solution finale” du RSHA, Heydrich déclara que Hitler désirait vider le Reich de ses juifs, dans toute la mesure du possible, d’ici à la fin de l’année. Après quoi le chef du RSHA évoqua les déportations imminentes en direction de Lodz et mentionna Riga et Minsk » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 757). ). Je rappelle que Minsk se trouve en Biélorussie (un ghetto y avait été édifié le 12 juillet 1941[47]), Riga en Lettonie ;

- 13 novembre 1941 : « la communauté juive de Cologne adressa une lettre à tous les juifs de sa juridiction pour leur annoncer “un autre transport de 1 000 personnes, à destination de Minsk” le 8 décembre » (Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 391). Dès l’automne 1941, donc, des juifs étaient envoyés là-bas ;
- Dans une publication du Service international de recherches de la Croix-Rouge, on apprend qu’« à partir de novembre 1941 », « un grand nombre de “juifs du Reich” […] furent envoyés dans des ghettos, tels ceux de Kovno et Riga »[48]. Kovno s’appelle aujourd’hui Kaunas et se trouve en Lituanie ;
un ghetto y avait été établi le 9 juillet 1941 (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 169) ;

- Jusqu’au 6 février 1942 « 25 103 juifs ont été évacués en 25 convois vers Riga et installés dans des camps ou plus exactement dans des ghettos »[49] ;

- 9 janvier 1942 : « Début de la déportation vers l’est des internés du ghetto de Theresienstadt. 1 000 hommes, femmes et enfants sont déportés à Riga (Lettonie) et 400 juifs environ au camp de concentration voisin de Salaspils, où ils sont assassinés [pourquoi les avoir emmenés si loin rien que pour ça ?] » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 45) ;

- 11 janvier 1942 : « 1 000 juifs de Vienne sont déportés vers le ghetto de Riga (Lettonie) » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 46) ;

- 15 janvier 1942 : « 1 000 juifs sont déportés du camp de concentration de Theresienstadt au ghetto de Riga (RSS de Lettonie). » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 49) ;

- En 1942, un témoin oculaire, I. Hertz, signala dans un témoignage présenté au Comité antifasciste d’Union soviétique la présence de juifs français et belges en Ukraine : « Des convois de juifs sont arrivés dans la station de chemin de fer de Lvov depuis Tarnopol, Sambor et Brzeziny, et le chargement humain est arrivé à Belzec. En outre, des trains contenant des juifs de Bruxelles, d’Amsterdam et de Paris ont traversé Lvov ; ils ont été envoyés dans le même centre d’extermination [sic] »[50]. Sachant que jamais Belzec n’a été un « centre d’extermination », je ne m’attarderai pas sur les allégations des témoins à ce propos. Je retiendrai juste qu’en 1942, des juifs de l’Ouest se trouvaient en Ukraine et passaient par Lvov ;

- 6 mai 1942 : un train de 1 000 juifs partit de Vienne et arriva deux jours plus tard à Volkovysk, une ville frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Là, les juifs furent transbordés et emmenés dans un autre train jusqu’à Minsk où il arrivèrent le 11 mai (Voy. R. Hilberg, op. cit., pp. 400-1 ; S. Wiesenthal, op. cit., p. 122) ;

- 9 mai 1942 : « Un transport de 1 000 juifs quitte le camp de concentration de Theresiendstadt […] pour le ghetto d’Ossovo (RSS d’Ukraine)» (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 123) ;

- 20 mai 1942 : « 986 juifs sont déportés de Vienne (Autriche) à Minsk (capitale de la RSS de Biélorussie)» (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 129) ;

- 14 juillet 1942 : « Un convoi de 1 000 hommes, femmes et enfants juifs quitte le ghetto de Theresienstadt en direction de Minsk. » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 174) ;

- 13 août 1942 : alors que, depuis la fin juillet, 5 000 juifs partaient quotidiennement en train de Varsovie vers Treblinka, l’Obergruppenführer Wolff, chef de l’état-major de Himmler, écrivit à M. Ganzenmülller, du ministère des Transports : « C’est avec une joie toute particulière que j’ai lu que depuis deux semaines aujourd’hui, un train acheminait, chaque jour, 5 000 membres du peuple élu à Treblinka, de sorte que nous sommes maintenant en mesure de procéder à ce mouvement de population (Bevölkerungsbewegung) [souligné par moi] à un rythme accéléré » (Cité par R. Hilberg, op. cit., p. 422). Preuve que les déportations vers Treblinka s’inscrivaient dans le cadre d’une vaste opération d’expulsions (à moins de prétendre que les Allemands auraient employé un langage codé, « mouvement de population » signifiant « extermination » ; mais cette thèse est inepte, pour savoir pourquoi, ;

- 28 août 1942 : une conférence sur les « questions juives » (Judenfragen) eut lieu à Berlin. De façon extrêmement révélatrice, on y parla du « problème actuel de l’évacuation » (Evakuierungsproblem) et il y fut convenu d’acheter immédiatement (sofort) des baraquements pour l’installation d’un camp… en Russie. Dans un compte rendu rédigé quatre jours plus tard, on lit : « Le SS-Oberstrumbannführer Eichmann fit savoir, au cours de la réunion, que le problème actuel de l’évacuation (déportation des juifs apatrides) doit être réglé avant la fin de l’année civile. Pour la déportation des autres juifs étrangers restants, le terme est prévu fin juin 1943 […]. e) Achat de baraquement. Le SS Obersturmbannführer Eichmann a demandé que l’on procède immédiatement à l’achat de baraquements commandés par le chef de la police de sécurité de La Haye. Le camp doit être installé en Russie. L’envoi des baraquements peut se faire de manière à ce que chaque train emporte 3 à 5 baraquement»[51]. C’est la preuve que des juifs étaient évacués très loin vers l’Est ;

- 1er septembre 1942 : « Un convoi de 1 000 hommes, femmes et enfants juifs quitte le ghetto de Theresienstadt pour Rasika (Estonie)» (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 215) ;

- 19 septembre 1942 : « Un convoi de 1 000 juifs du camp de concentration de Theresienstadt est envoyé à Minsk-Trostinets (RSS de Biélorussie) » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 232) ;

- 2 octobre 1942 : un message envoyé de Berlin à Auschwitz autorisa un camion de cinq tonnes à effectuer un voyage aller-retour à Dessau « dans le but d’aller chercher des matériaux pour le transfert de la population juive »[52]. Sachant que la thèse du langage codé est une aberration, on en déduit qu’à Auschwitz se trouvaient des juifs en transit ;

- 16 octobre 1942 : comme s’il voulait confirmer le compte rendu du 1er septembre 1942, l’Israelitisches Wochenblatt, organe suisse d’information, écrivit : « Depuis quelque temps, la tendance est à la dissolution des ghettos en Pologne. Ce fut le cas de Lublin, puis ce fut le tour de Varsovie. On ne connaît pas l’ampleur qu’a déjà pris l’exécution de ce plan. Les anciens habitants du ghetto vont plus à l’Est dans les territoires russes occupés [souligné par moi], ils sont partiellement remplacés par des juifs d’Allemagne. […] Un témoin, qui était à Riga il y a peu de temps et qui est parvenu à s’enfuir, rapporte qu’il y aurait encore, actuellement, 32 000 juifs dans le ghetto de Riga. Depuis l’occupation, des milliers de juifs seraient morts. Maintenant, les juifs doivent, le matin, partir en rangs, pour le travail forcé à l’extérieur de la ville. […] Dans les derniers temps, on a remarqué à Riga des convois de juifs de Belgique et d’autres pays d’Europe de l’Ouest qui continuaient cependant leur voyage vers une destination inconnue[souligné par moi] » (Voy. J. Graf, art. cit., pp. 210-1) ;

- 5 décembre 1942 : Himmler fut avisé qu’en raison d’une interruption des transports « toute possibilité de transport destiné à la réinstallation des juifs [serait] suspendue du 15 décembre 1942 au 15 janvier 1943 » (Cité par R. Hilberg, op. cit., p. 422). Là encore, c’est clair : il n’est pas question d’extermination, mais de « réinstallation ».

- Dans le courant de l’année 1943, A. Seyss-Inquart eut des conversations avec Hitler au sujet des juifs. A Nuremberg, cet accusé qui ne recula pas devant ses responsabilités déclara : « [Hitler] m’a assuré de la manière si persuasive qui était la sienne et il a tout de même admis en même temps qu’il songeait à une évacuation définitive des juifs, si possible, de tous les pays de l’Europe avec lesquels l’Allemagne voulait rester en relation amicale. Il avait l’intention de veiller à ce qu les juifs fussent établis à la frontière orientale des zones d’intérêt allemandes, dans la mesure où l’on ne pourrait pas les faire émigrer dans d’autres parties du monde » (TMI, XVI, 8)[53] ;

- Août-septembre 1943 : le ghetto de Vilnius (au sud de la Lituanie) fut dissout. Où les juifs furent-ils envoyés ? A Auschwitz ? A Treblinka ? Non : « Les Allemands envoyèrent la plupart des habitants [plus haut encore] en Estonie ou en Lituanie» (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 33 ; voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 236).

- 19 mars 1944 : en Russie blanche, les troupes de l’Armée rouge découvrirent, près de Ozaritschi, « trois camps de concentration où se trouvaient plus de 33 000 enfants, femmes, malades et vieillards » : « 15 960 enfants de moins de 13 ans, 13 072 femmes malades et 4 448 vieillards » (Doc. URSS-004 ; TMI, VII, 579) ;

- Avril 1944 : un journal communiste clandestin, Notre Voix, annonça que, d’après Radio-Moscou, « huit mille juifs de Paris [venaient] d’être sauvés par la glorieuse Armée rouge. Ils se trouvaient tous en Ukraine au moment de la dernière offensive soviétique et les bandits SS devaient les fusiller avant de quitter le pays »[54]. Là encore, passons sur les prétendus plans sinistres de SS pour ne retenir que le fait brut : en avril 1944, des milliers de juifs français se trouvaient encore en Ukraine ;

- 15 mai 1944 : un convoi partit de Drancy avec environ 900 juifs. Une partie des prisonniers descendit à Kaunas, en Lituanie, l’autre fut acheminée jusqu’à Reval (Tallin) en Estonie[55] ;

- 1er octobre 1944 : le quotidien Libres parle du camp de Kloga, près de Reval, où, juste avant de partir, les All auraient massacré 3 000 détenus « parmi lesquels se trouvaient de nombreuses femmes et enfants » (p. 1).

- 8 février 1946 : à Nuremberg, le procureur général soviétique, le général R. A. Rudenko, confirma que les Allemands avaient créé un vaste complexe de camps à l’Est. Dans son exposé introductif, il déclara :

Les enquêtes menées par la Commission extraordinaire d’État de l’Union soviétique ont établi qu’au front, derrière leurs premières lignes de défense, les hitlériens créaient systématiquement des camps de concentration spéciaux, dans lesquels se trouvaient internés des dizaines de milliers d’enfants, de femmes et de vieillards inaptes au travail. Les abords de ces camps étaient minés […]. Dans ces camps, on a découvert des milliers de malades atteints de typhus […].

On a déjà cité les camps de Majdanek et d’Auschwitz, avec leurs chambres à gaz [sic] où furent exécutés plus de 5 500 000 citoyens [sic] totalement innocents […]. Je dois citer les camps de concentration de Smolensk, de Stavropol, de Kharkov, de Kiev, de Lvov, de Poltava, de Novgorod, d’Orel, de Rovno, de Dniepropetrovsk, d’Odessa, de Kamenetz-Podolsk, de Gomel, de Kertch, de la région de Stalingrad, de Kaunas, de Riga, de Mariampos (RSS de Lituanie), de Klooga (RSS d’Estonie) ainsi que de nombreux autres camps […] [TMI, VII, 180-1].

Certains pourront répondre qu’aucune carte publiée dans les ouvrages sur la déportation ne mentionne ces camps. Outre que ce n’est pas une preuve de leur inexistence, je souligne qu’une carte en mentionne bien quelques-uns. On la trouve dans l’ouvrage déjà cité de S. Wiesenthal : Le livre de la mémoire juive, à la page 40. Quatre camps de concentration sont mentionnés : deux en Estonie (Klooga et Vaivara), un en Lettonie (Kaiserwald) et un en Lituanie (Pravieniskis). Au fil des pages, on en trouve d’autres : « camp de concentration […] de Salaspils » en Lettonie (p. 45) ; « le camp de concentration de Domanevka (RSS d’Ukraine) » (p. 56) ; « camps de Narva, Tallin» (p. 212).

Tous ces faits démontrent que la déportation à l’Est fut bel et bien une réalité. Ils viennent ainsi confirmer que la « solution totale » (ou « solution d’ensemble ») de la question juive ne fut pas une vaste entreprise d’extermination, mais une vaste entreprise d’expulsion. Certes, ces déportations restent encore entourés d’un épais mystère. En particulier, on ne peut ni formuler de conclusions chiffrées (combien de juifs ont été envoyés là-bas, combien sont morts, combien sont revenus…) ni connaître les conditions de vie dans les camps, les éventuels emplois et le destin de ces déportés après 1945.
 
Old May 1st, 2011 #36
alex revision
Senior Member
 
alex revision's Avatar
 
Join Date: Mar 2008
Posts: 27,577
Default

Les « sélections » à Auschwitz : une étape dans un processus d’extermination de masse ?


Abordons le cas des « sélections » opérées à l’entrée du camp d’Auschwitz-Birkenau. La question est : « Peut-on dire que ces sélections s’inscrivaient dans un processus d’extermination global : extermination lente pour les juifs reconnus aptes au travail, extermination rapide pour les autres (vieillards, enfants, infirmes, femmes enceintes) ? »


Personnellement, j’estime que la démonstration apportée dans d’autres textes permet de répondre sans hésiter par la négative.

1°) Sachant que les Allemands avaient un besoin primordial de main-d’œuvre productive, il n’y a aucune raison pour que les juifs reconnus aptes au travail n’aient pas été traités comme les non-juifs, afin qu’ils donnent un rendement maximum;

2°) Sachant qu’à Auschwitz, il n’y a pas eu de chambres à gaz homicides, les juifs reconnus inaptes au travail n’ont pas pu y être exterminés.

La thèse officielle


Mais je sais qu’un esprit pétri par 50 ans de propagande alliée ne se satisfera pas de cette réponse. « Les nazis, dira-t-il, en voulaient à mort aux juifs. Ils les prenaient pour des parasites, incapables de produire, et des adversaires qu’il fallait éliminer. Dès le 30 janvier 1939, Hitler lui-même, dans un discours public, déclara qu’une nouvelle guerre en Europe signifierait « la destruction de la race juive d’Europe » (Doc. PS-2663 à Nuremberg). L’extermination était donc déjà envisagée ; Hitler n’attendait plus que le prétexte. La haine des nazis était telle qu’ils ont traité cette catégorie d’hommes et de femmes hors de toute considération économique. A Partir de 1942, les nazis ont décidé de se débarrasser des Juifs. Ils les ont déportés vers l’Est. Là, ils étaient sélectionnés : le plus forts étaient employés à des travaux durs (mines, terrassement, carrières…) qui provoquaient rapidement la mort des forçats. Les plus faibles étaient exterminés, que ce soit à Auschwitz ou un peu plus loin, à Treblinka, à Belzec ou à Sobibor… Telle fut la conséquence de la logique folle des nazis ».

Cette thèse est d’autant plus impressionnante qu’elle s’appuie sur deux réalités historiques indéniables :
- le fameux discours de Hitler prononcé le 30 janvier 1939 ;
- le fait qu’à partir de 1942, les juifs d’Europe occupée ont été massivement déportés vers la Pologne.

Le discours d’Hitler du 30 janvier 1939


Dans un premier temps, intéressons-nous au discours du 30 janvier 1939. Nous allons démontrer qu’il ne contient nulle annonce d’une quelconque extermination. Pour saisir le sens exact du passage si souvent cité, il suffit de le replacer dans le contexte. Voici ce qu’a déclaré Hitler le 30 janvier 1939 :

Au cas où la finance judéo-internationale des pays européens et extra-européens réussirait encore à précipiter les nations dans une guerre mondiale, celle-ci se terminerait non par la bolchévisation, et, en conséquence, par la victoire du judaïsme, mais bien par l’anéantissement de la race juive en Europe (die Vernichtung der jüdischen Rasse in Europa).
En effet, le temps n’est plus où les peuples non juifs étaient sans défense dans le domaine de la propagande. L’Allemagne nationale-socialiste et l’Italie fasciste possèdent à présent des institutions qui leur permettent, le cas échéant, d’éclairer le monde sur la nature d’une question dont bien des peuples ont une notion instinctive, mais qui leur paraît obscure au point de vue scientifique. Pour le moment, la juiverie peut, dans certains États, mener sa campagne avec le concours d’une presse qui est entre ses mains, du cinéma, de la radiophonie, du théâtre, de la littérature etc. Cependant, pour le cas où les juifs réussiraient à nouveau à inciter des millions d’êtres humains à une lutte insensée en ce qui les concerne, et ayant pour unique objet la défense des intérêts juifs, on verra se manifester l’efficacité d’une propagande éducatrice qui, en Allemagne même, a réussi en quelques années à terrasser la juiverie[1].

La dernière phrase, notamment, est capitale. Elle démontre que dans l’esprit du Führer, il n’était pas question d’un anéantissement physique par l’assassinat systématique, mais d’un anéantissement social (expulsion de la vie économique) grâce à une propagande éducatrice orchestrée en direction des goyim. C’est effectivement ce qui s’était passé en Allemagne à partir de 1935, avec les lois de Nuremberg.

Poursuivons cependant.

Les juifs « aptes au travail » sont utilisés comme main-d’œuvre au même titre que les non-juifs

Les juifs contribuent à l’effort de guerre allemand


Contrairement à ce que l’on serait tenté de croire, les Allemands ne considéraient pas les juifs comme des parasites incapables de produire. La meilleure preuve est qu’il en utilisèrent pour… l’industrie de guerre. Dans son ouvrage, R. Hilberg évoque les ghettos dans lesquels les autorités du Reich « favorisaient les productions à fort taux de main-d’œuvre » :

En conséquence, les articles les plus courants furent les uniformes, caisses à munitions, chaussures de cuir, de paille tressée et de bois, petite quincaillerie (parfois seulement pour le stade de la finition), brosses, balais, matelas, récipients divers, jouets ; à quoi s’ajoutaient la réparation des meubles et le ravaudage des vieux vêtements[2].

Les articles produits firent que « l’armée [allemande] devint rapidement le premier acheteur, et tendit même à évincer les autres » (Id.). R. Hilberg conclut : « Ainsi les ghettos devinrent-ils partie intégrante de l’économie de guerre » (Id.). Plus loin, il précise : « En 1941, des dizaines de milliers de juifs étaient profondément intégrés à l’industrie de l’armement » (Ibid., p. 378).

Certains juifs sont utilisés comme ouvriers spécialisés


On aurait en outre tort d’imaginer que ces travailleurs étaient utilisés à des travaux de force, très durs et ne nécessitant aucune qualification. Lorsque, en 1941, des premières vagues de déportations survinrent, un chef d’entreprise qui travaillait dans l’armement envoya à Berlin un télégramme dans lequel on lisait :

Comme chacun sait, on procède actuellement à une nouvelle déportation de juifs qui touche nos ouvriers juifs laborieusement formés en vue de leur spécialisation. Ils ont été dressés à la soudure et au blindage en zinc, et leur départ entraînerait une diminution de la production, peut-être égale à un tiers [Ibid., pp. 377-8].

J’y vois une preuve que des juifs ont été utilisés dans l’armement en tant qu’ouvriers spécialisés.
Même après les grandes déportations vers l’Est, en 1942, de nombreux juifs restèrent employés dans ce secteur. Dans le Gouvernement général, ainsi, le nombre d’ouvriers juifs qui travaillaient pour la machine de guerre du Reich ne cessa d’augmenter : de 15 091 en janvier 1943, il passa progressivement à 27 439 en mai 1944 (Ibid., p. 461).

Dès 1939, les juifs avaient été utilisés comme main-d’œuvre


Certains pourront me répondre que l’utilisation de quelques « dizaines de milliers de juifs » sur plusieurs millions ne prouve rien. C’est vrai. Mais de très nombreux juifs furent également employés dans d’autres branches. R. Hilberg explique que dès la fin de l’année 1939 :

A Varsovie, le Judenrat […] constitua un « bataillon de travail » dont les Allemands disposeraient selon leurs besoins. Krüger, haut chef des SS et de la Police pour le Gouvernement général, officialisa la mesure par un décret du 2 décembre 1939, autorisant tous les Judenräte du territoire à organiser des détachements de travail forcé[3].

Ces détachements furent utilisés « à des tâches urgentes effectuées au jour le jour ou à certains chantiers » (Ibid., pp. 219-220). D’après Hilberg, les Allemands semblèrent « avoir été très satisfaits de ce système » :

Désormais, toute administration qui avait besoin de main-d’œuvre pouvait présenter ses demandes au Judenrat […] . Sur les bureaux des responsables juifs s’étalaient des graphiques où des lignes régulièrement ascendantes montraient l’activité croissante des détachements. Un journaliste allemand, témoin oculaire, écrivait à l’époque [août 1940] : « Dans le Gouvernement général, on peut aujourd’hui voir des troupes juives se déplacer dans les campagnes, la pelle sur l’épaule, sans aucune escorte allemande. Et c’est aussi un juif qui marche en tête » [Ibid., pp. 217-8].

De très nombreux camps de travail pour juifs ont été recensés


Les mois passant, la main-d’œuvre juive fut utilisée toujours plus largement :

L’administration du district de Lublin lança un grand programme d’aménagement fluvial et de construction de canaux, pour lequel elle requit 10 000 juifs répartis en quarante-cinq camps sous la direction générale du Regierungsbaurat Haller. En 1941, le district de Varsovie mit en œuvre un projet similaire, qui exigea environ 25 000 juifs. Vers le milieu de l’année 1941, en Haute-Silésie, le plénipotentiaire Schmelt employait 5 000 juifs, pour 50 pfennigs par jour, à des travaux de force sur l’axe routier Gleiwitz-Oppeln (Opole). Le territoire finit par être parsemé de camps. Le plus important, Markstädt, comptait 3 000 travailleurs juifs […].
Dans les premiers temps, on n’utilisa toute cette main-d’œuvre que sur les chantiers de fossés antichars, d’aménagement hydraulique, de voies ferrées ou autres. Par la suite, des entreprises industrielles vinrent installer des ateliers dans certains camps ; corrélativement, on créa d’autres camps à proximité des grandes usines. Cessant ainsi de correspondre à tel ou tel projet limité, ces aspects du travail forcé devinrent une institution réellement permanente [Ibid., p. 220].

L’auteur poursuit en affirmant que ces camps « prirent rapidement beaucoup plus d’importance » qu’au début, lorsqu’ils avaient été créés pour abriter tel ou tel détachement (Ibid., p. 222). A plusieurs reprises, il rappelle l’utilisation de la main-d’œuvre juive sur une vaste échelle. On lit par exemple :

En Haute-Silésie, des dizaines de milliers de juifs avaient été sortis des ghettos pour être dirigés vers des camps par l’Organisation Schmelt, un bureau responsable des réquisitions de main-d’œuvre dans la région de la Silésie [Ibid., p. 450].
Dans les ghettos qui subsistaient dans le Gouvernement général, la SS et la Police s’emparaient des ouvriers les plus forts et les plus qualifiés pour constituer un réservoir de main-d’œuvre forcée industrielle qui serait préservé pendant deux ans environ.
Les « juifs au travail » étaient dirigés sur les camps de travail SS (SS Arbeitslager) et sur les camps des grandes sociétés (Firmenlager). Les camps SS abritaient des entreprises détenues par la SS, un projet galicien de l’Ostbahn et quelques entreprises d’armement [Ibid., p. 455].

Le Catalogue alphabétique confirme ces allégations : il mentionne plusieurs dizaines de camps de travaux forcés pour juifs qui, de 1940 à 1945, employèrent de quelques centaines à quelques milliers d’ouvriers[4]. A cela, il faut ajouter les juifs qui travaillaient dans les camps principaux, dans leurs commandos et dans les ghettos. Dès lors, on ne saurait prétendre que les Allemands n’ont pas utilisé la main-d’œuvre juive.

Un document capital


Enfin, quand on sait combien le Reich manquait de main-d’œuvre, on ne peut croire que ce potentiel ait été gaspillé ; on ne peut croire que ces juifs aient été entassés dans des camps insalubres sans aucun confort, réduits à la famine, roués de coups, pas soignés etc. Je note d’ailleurs que lors de l’évacuation de ghetto de Varsovie, beaucoup de juifs s’interrogèrent sur le destin qui leur était réservé. Certains croyaient qu’ils allaient à la mort ; mais l’ancien directeur d’un important magasin n’était pas d’accord et expliqua :

Les Allemands ne pouvaient pas être assez stupides pour dilapider l’énorme force de travail que les Juifs représentaient potentiellement. D’après lui, nous [les juifs] étions destinés à des usines, à de grands chantiers où la discipline serait de fer, mais non à la mort[5].

C’était le bon sens même.
Certains me répondront que, bon sens ou pas, cet homme pouvait se tromper. J’en conviens. Mais je souligne qu’à Nuremberg, l’Accusation a produit un document très important : un rapport du chef de la Police et des SS du district de Galicie datée du 30 juin 1943 (Doc. L-018). On y trouve plusieurs photographies qui montrent les « conditions d’habitation et du travail des juifs ». Nous le reproduisons ci-après ; à notre connaissance, il s’agit des seuls clichés publiés d’un camp de travaux forcés pour juifs. J’appelle l’attention du lecteur sur l’apparente propreté du camp, l’état physique des travailleurs (ils ne sont ni squelettiques, ni revêtus de haillons, ils ont au contraire de gros manteaux), la salle de bain (avec douches et lavabos communs) et les dortoirs[6].

Les dirigeants allemands réclament toujours plus d’ouvriers juifs


Avec la prolongation de la guerre et la crise grandissante de la main-d’œuvre, les dirigeants allemands réclamèrent toujours plus de juifs. Le 16 décembre 1942, ainsi, l’état-major d’Himmler exigea la déportation à Auschwitz de 10 à 15 000 juifs aptes au travail qui devraient provenir soit du ghetto de Theresienstadt, soit du district de Bialystok[7]. Il est très possible que pour beaucoup d’entre eux, Auschwitz n’ait constitué qu’une étape, car de nombreux travailleurs étaient ensuite envoyés — ou renvoyés — plus à l’Est, dans des camps de travaux forcés établis près du front afin de travailler pour l’Armée. En 1943, dans une étude sur les mouvements de population en Europe, un démographe américain affirma que la déportation des juifs à l’Est était « l’équivalent du recrutement pour le travail dans le Reich auquel était soumis le reste de la population de l’Europe contrôlée par les Allemands, et son déplacement chaque fois plus loin à l’Est était sans doute liée à la nécessité de satisfaire les besoins de l’armée près du front »[8].
En avril 1944, Hitler promit à A. Speer d’entrer si nécessaire en contact avec Himmler pour lui demander la déportation de 100 000 juifs hongrois afin qu’ils travaillent à la construction d’usines aéronautiques souterraines[9]. Un document, confirme que le Führer contacta le Reichsführer des SS et lui demanda non 100 000 juifs, mais le double. Dans une étude, Jürgen Graf écrit :

Les archives allemandes de l’époque nous ont révélé, en toute clarté, la raison de ces déportations massives : l’Allemagne avait un besoin urgent de main-d’œuvre pour son industrie d’armement. Le 9 mai 1944, Heinrich Himmler informa par lettre le chef de Bureau central des la SS ainsi que le chef de la SS-WVHA que 10 000 hommes seraient affectés à la SS, pour la garde de la main-d’œuvre nécessaire au programme de construction Jäger, sinon « le rassemblement, la garde, et l’exploitation rentable d’environ 200 000 juifs » seraient impossibles (47) [note 47 : NO-5689]. Deux jours plus tard, Himmler ajoutait [Ibid.] : « Le Führer a ordonné que 10 000 hommes, avec leurs officiers et sous-officiers, soient affectés à la SS pour la garde des 200 000 juifs que le Reichsführer-SS a fait transférer dans les camps de concentration du Reich pour les employer aux grands travaux de l’O.T. (Organisation Todt) et autres missions militaires importantes »[10].

Le 15 août 1945, le bureau D du WVHA confirma que plus de 500 000 prisonniers étaient comptabilisés et qu’on attendait encore 90 000 juifs de Hongrie, 60 000 juifs de Lodz et environ 460 000 autres (Polonais de Gouvernement général ou de Varsovie, condamnés de droit commun des territoires de l’Est, anciens officiers polonais, « arrivages français » [?][11]).

Conclusion provisoire


Ces documents sont très important car ils confirment :

1°) que de nombreux juifs hongrois ont été déportés pour être mis au travail (alors que la thèse officielle prétend qu’ils ont été exterminés à Auschwitz) ;
2°) que les juifs hongrois n’ont pas été déportés pour en remplacer d’autres qui auraient été exterminés. En effet, s’il en avait été ainsi, il n’aurait pas été utile d’embaucher de nouveaux gardiens ; ceux qui surveillaient les anciens auraient suffi. L’embauche de nouveaux gardes démontre que ces juifs hongrois arrivaient en surnombre ;
3°) que la main-d’œuvre juive était réclamée en même temps que la main-d’œuvre non juive, très probablement pour les mêmes travaux. Dès lors, on ne voit pas pourquoi les juifs auraient été maltraités, contrairement aux autres.

Le cas des juifs « inaptes au travail »


Parvenu à ce stade de notre exposé, les tenants de la thèse officielle répondront : « Si, vraiment, les Allemands réclamaient de la main-d’œuvre juive pour soutenir leur production de guerre, comment expliquez-vous qu’ils aient également déporté les enfants, les femmes enceintes et les vieillards, qui ne leur servaient à rien ? Il y a là une contradiction insurmontable ».

Au début, les « inaptes » ne sont pas destinés à la déportation


Encore une objection qui pourra impressionner le néophyte. Mais, avant de conclure précipitamment, il faut rappeler une évidence : si, vraiment, la déportation des juifs s’était inscrite dans le cadre d’une opération d’extermination totale, les Allemands auraient, dès le début, raflé tout le monde : hommes et femmes, enfants et vieillards, malades et bien portants, sans considération ni d’âge, ni d’aptitude à travailler. Cela posé, il est nécessaire de répondre à une simple question : dans les pays occupés, et notamment dans les pays de l’Ouest (Pays-Bas, France, Belgique), les Allemands ont-ils, dès le début, réclamé tout le monde ? Assurément non.

Les documents archivés au Centre de documentation juive contemporaine


Dans son étude déjà cité, E. Aynat écrit :

[…] lors de conversations entre Allemands et Français destinées à organiser une grande rafle à Paris de juifs étrangers et apatrides, on déclara que, parmi la population juive objet de la rafle, il fallait déduire « les juifs malades, inaptes au transport et trop vieux ». On décida également que les enfants dont les parents seraient arrêtés resteraient en France à la charge des organisations juives (25) [note 25 : CDJC, XXVb-55, 8 juillet 1942 ].
Au cours d’une réunion postérieure, on fixa la limite d’âge pour être arrêté lors de la prochaine rafle, qui était imminente, à 55 ans pour les femmes et à 60 pour les hommes (26) [note : CDJC, XXVb-60, 11 juillet 1942][12].

Avec raison, l’auteur y voit la confirmation que les grandes opérations de déportation commencées en 1942 à l’Ouest répondaient à un objectif premier : le recrutement de main-d’œuvre. Il écrit :

Il ressort, à la lecture des documents allemands, que l’objectif des occupants était avant tout de fournir de la main-d’œuvre juive à l’industrie de guerre allemande et, plus précisément, à celle qui était située à Auschwitz. Il s’ensuit que les Allemands n’avaient pas intérêt, à ce moment-là [1942], à arrêter des gens qui ne servaient pas leurs desseins [Id.].

Le document F-274 à Nuremberg


Mais peut-être certains rejetteront-ils les affirmations d’E. Aynat au motif qu’elles émanent d’un révisionniste ? Je leur soumets donc une autre pièce qui vient les confirmer. Il s’agit du document F-274 — déjà cité —, rédigé en 1945 par un fonctionnaire du gouvernement français et présenté par l’Accusation à Nuremberg. On lit :

A partir du moment où les arrestations en France s’intensifient, la déportation doit être organisée rationnellement dans des buts immédiats, définis :
[…]
3°) Augmenter la main-d’œuvre en Allemagne.
[…] L’organisation du convoi elle-même était une première sélection, éliminant les éléments faibles et inaptes au travail[13].

Ce document confirme que les Allemands voulaient des ouvriers, donc pas d’inaptes (malades, vieillards, femmes enceintes, enfants…). J’ajoute que, dans son ouvrage, R. Hilberg évoque un accord conclu entre la SS et l’armée pour la fourniture d’une main-d’œuvre juive. Là encore, on découvre que seuls les travailleurs devaient être déportés. L’auteur écrit : « Il n’y avait même pas de place pour la proche famille dans l’accord conclu entre la SS et l’armée »[14].

Les déclarations de Seyss-Inquart


Cette séparation inévitable des familles fut cause de scrupules chez A. Seyss-Inquart, qui gouvernait les Pays-Bas occupés. A Nuremberg, il déclara, à propos des déportations : « je pensais aussi à l’arrachement dont les familles allaient inévitablement être les victimes, tout au moins jusqu’à un certain point, en cas d’utilisation de la main-d’œuvre » (TMI, XVI, 8).

Toutes ces pièces confirment que longtemps, les Allemands n’ont pas voulu déporter les juifs inaptes au travail. Certes, il avait été décidé que tous les juifs quitteraient l’Allemagne et, plus tard, la sphère d’influence allemande en Europe. Mais pendant la guerre, il est manifeste que, dans les pays occupés de l’Ouest, les inaptes furent au départ exclus des déportations. Or, si vraiment les Allemands avaient voulu déporter les juifs tombés entre leurs mains pour tous les exterminer, ils n’auraient pas hésité : dès le commencement, ils se seraient emparés de tout le monde — et notamment des enfants ! — qui se trouvaient en France, en Belgique, aux Pays-Bas etc.

Les Allemands ont agi de la même façon avec la main-d’œuvre non juive

Pendant la deuxième guerre mondiale


Notons d’ailleurs que les Allemands ont fait de même avec la main-d’œuvre non juive. A Nuremberg, F. Sauckel rappela qu’il s’était toujours opposé à l’envoi en Allemagne de personnes trop faibles ou malades. Face aux juges, il déclara « Je dois attirer votre attention sur le fait que j’avais formellement interdit, de mon côté, l’envoi en Allemagne de malades ou de gens incapables de travailler. C’eût été un crime et une impossibilité au point de vue économique » (TMI, XV, 26). Même constat concernant les enfants. Le 1er octobre 1942, une rafle fut organisée dans les quartiers nord de Lublin : « Tous les habitants furent convoqués et rassemblés en un endroit précis. On vérifia tous les certificats de travail, et tous les Polonais, hommes ou femmes, qui ne pouvaient justifier d’un emploi furent emmenés dans un camp [de travail], tandis que les enfants de moins de quinze ans étaient envoyés à l’orphelinat »[15]. Citons enfin l’avocat général à Nuremberg, Thomas J. Dodd, qui, le 12 décembre 1945, lança : « Les conspirateurs nazis ne se sont pas contentés d’arracher quelque 5 millions de personnes [les « travailleurs étrangers »] à leurs enfants, à leur maison, à leur patrie » (TMI, III, 444).
Ces documents démontrent que les juifs furent traités comme les autres : recrutement des valides, mise à l’écart des inaptes. Nouvelle preuve que les déportations s’inscrivaient dans un plan général de recrutement de main-d’œuvre.

Dès la première guerre mondiale


Allant plus loin, je rappellerai que les Allemands avaient agi de la même façon durant la première guerre mondiale. En France, notamment, dans les zones occupées, les individus valides ayant entre 16 et 60 ans (ou 18 et 55 ans) furent déportés pour y être mis au travail. Le 8 octobre 1916, ainsi, l’auteur d’un rapport intitulé : « Comment l’Allemagne a traité les populations qu’elle avait à charge d’administrer et de ravitailler » parla de :

la violence dont furent victimes les habitants du département du Nord, arrachés en grand nombre à leur foyer et à leur famille, et transportés dans des régions plus ou moins éloignées pour y être contraints au travail[16].

Plus loin, il précisa que les « personnes déportées […] étaient âgées de dix-huit à cinquante-cinq ans » (Ibid., p. 56). Quelques mois plus tard, un rapport sur les « violations du droit des gens commises par l’ennemi pendant l’occupation des territoires libérés en mars 1917 » déclarait :

Il avait été déjà procédé antérieurement à la déportation de nombreux habitants, que l’envahisseur, séparant sans pitié les familles, envoyait travailler en Allemagne ou dans le nord de la France. Cette mesure est devenue générale et a frappé toute la partie valide de la population des deux sexes, de seize à soixante ans, à l’exception des femmes ayant des jeunes enfants [Ibid., p. 59].

Or, personne ne prétend qu’en 1916 et 1917, les Allemands auraient voulu exterminer les Français du Nord[17]. Tout le monde est d’accord pour affirmer que s’ils déportaient les plus valides, c’était parce qu’ils avaient un besoin urgent de main-d’œuvre. Dès lors, on ne voit pas pourquoi vingt-cinq ans plus tard, les mêmes agissements se seraient cette fois inscrits dans un vaste programme d’anéantissement…

Déportation des « inaptes » : les malhonnêtetés de l’exterminationniste


Là, l’exterminationniste rétorquera que les juifs inaptes au travail furent finalement déportés vers la Pologne. Et profitant de ce que les révisionnistes l’admettent sans difficulté, il lancera : « Puisque les inaptes ont finalement été déportés, votre thèse s’effondre. De plus, je rappelle que les femmes enceintes, les enfants et les vieillards déportés avaient disparu en 1945. Où étaient-ils passés ? Vous êtes bien incapables de me le dire et vous gardez un silence gêné. Eh bien moi, je vous le dis : ils avaient été réduits en cendres dans les crématoires. »

L’exterminationniste utilise l’enthymème et inverse la charge de la preuve


Dans un premier temps, je répondrai que l’exterminationniste utilise un procédé logique très pernicieux, l’enthymème, et qu’il inverse la charge de la preuve.

L’enthymème est un syllogisme dont on sous-entend une des prémisses. Exemple : « Paul est magnanime, donc Paul doit être respecté ». Le syllogisme complet est : « Paul est magnanime ; or, une personne magnanime doit être respectée, donc Paul doit être respecté ». Dans cet enthymème, j’ai omis la deuxième prémisse (une personne magnanime peut être respectée) parce qu’elle est évidente. Mais parfois, certains ont recours à ce procédé parce que la prémisse omise n’exprime pas une vérité absolue et qu’il est prudent de l’escamoter. C’est précisément le cas de l’exterminationniste. Il déclare : « Les juifs avaient disparu en 1945, donc les juifs ont été tués ». Le syllogisme complet est : « Des personnes disparues ont été tuées ; or, les juifs avaient disparu en 1945, donc les juif ont été tués ». Mais il est bien évident que l’affirmation : « Des personnes disparues ont été tuées » n’est pas toujours vraie, loin de là. Ceux dont on est sans nouvelles ne sont pas forcément morts, et s’ils le sont, ils n’ont pas forcément été assassinés (ou peut mourir d’accident, de maladie…). Cette vérité s’applique parfaitement aux juifs déportés : beaucoup d’entre eux (inaptes ou non) ont disparu ; mais on ne saurait en déduire qu’ils ont été assassinés. Nous avons vu que dans les derniers mois du conflit, les conditions apocalyptiques qui régnèrent en Allemagne furent la cause de nombreuses morts (typhus et autres maladies, froid, dénutrition…) qui ne peuvent en aucun cas être qualifiées d’assassinats. En outre, il faut ajouter tous les juifs qui, « libérés » par les Soviétiques, sont restés bloqués à l’Est (donc ne sont pas revenus) et tous les survivants qui, après 1945, sont partis d’Europe sans laisser d’adresse. Par conséquent, l’enthymème de l’exterminationniste est un syllogisme erroné, au motif qu’il qualifie de certaine une prémisse seulement possible. Dès lors, la conclusion ne saurait être acceptée[18].

Non content de recourir à un procédé logique pernicieux, l’exterminationniste inverse la charge de la preuve. C’est à lui de démontrer que les inaptes au travail ont été exterminés. En ce qui concerne plus particulièrement Auschwitz, c’est à lui de démontrer que les enfants, les femmes enceintes et les vieillards étaient immédiatement gazés. Ces preuves, nous les attendons toujours, et ce ne sont pas les manuels scolaires qui peuvent nous satisfaire.

De nombreux documents confirment que les « inaptes » n’étaient pas exterminés


Mais encore une fois, je sais que la personne pétrie par plus de cinquante ans de propagande refusera cette réponse. Cette personne est en effet contaminée par l’esprit de Nuremberg selon lequel un « nazi » est automatiquement un coupable, sans même qu’il soit nécessaire de prouver ses « crimes ». Je rappelle que l’article 21 du statut du TMI déclarait : « Le Tribunal n’exigera pas que soit apportée la preuve de faits de notoriété publique, mais les tiendra pour acquis » (TMI, I, 17). Aujourd’hui, ainsi, l’égalité « 1 juif disparu = 1 juif assassiné » est universellement admise, ou presque, donnant la fameuse réplique tant de fois entendue : « Les trains arrivaient pleins et repartaient vides, que répondez-vous à cela ? »
Je réponds que si, vraiment, les inaptes au travail avaient été exterminés immédiatement après la « sélection », sans même entrer dans le camp, aucun document ne devrait exister, qui en parlerait ensuite. Or, nous allons voir qu’il n’en est rien.

Le cas des prisonniers non immatriculés à Auschwitz


Prenons l’exemple des prisonniers non immatriculés d’Auschwitz. D’après la thèse officielle, seuls les déportés qui, lors de la « sélection », avaient été déclarés aptes au travail entraient dans le camps pour se faire immatriculer ; cette immatriculation leur était tatouée sur le bras. Les autres allaient directement aux crématoires sans entrer dans le camp et donc sans être immatriculés[19]. Or, l’ancienne déportée P. Lewinska écrit : « Il y avait également à cette époque [août 1944] dans une enceinte spéciale du camp 14 000 juives qui n’étaient pas tatouées ».
14 000 ! Ce n’est pas rien. Sachant qu’à cette époque, la grande déportation des juifs hongrois s’achevait, tout laisse penser qu’il s’agissait de juives hongroises. Elles avaient été admises au camp sans être immatriculées... Certes, je ne sais rien du destin qui leur a été réservé, mais l’ouvrage de P. Lewinska s’inscrit en faux contre la thèse selon laquelle les déportés non immatriculés n’entraient même pas au camp.

Le cas des femmes enceintes


Autre exemple : celui des femmes enceintes. Incapables de travailler, elles étaient gazées à l’arrivée nous dit-on. Mais alors, comment expliquer qu’une sage-femme polonaise, ancienne déportée à Auschwitz, ait déclaré plus tard :

Parmi les nombreux convois qui arrivaient sans cesse au camp, les femmes enceintes ne manquaient pas. J’ai exercé mes fonctions d’accoucheuse dans trois blocs successivement […]. J’ai pratiqué de la sorte plus de 3 000 accouchements[20].

Mensonges d’une femme en mal de reconnaissance ? Nullement. Une autre ancienne déportée à Auschwitz, P. Lewinska, raconte que « Au début, on se débarrassait d’elles [les femmes enceintes] par des moyens très rapides » — sans dire lesquels — mais qu’ensuite, tout changea et qu’il fut même question de les libérer[21]. Elle termine en écrivant :

J’ignore si les femmes enceintes ont réellement été libérées, mais je sais que jusqu’à la fin, elles accouchaient au camp [Ibid., p. 123].

Parmi ces déportées juives qui accouchèrent figure une certaine Mme Hanzel. Non seulement son bébé ne fut pas tué mais elle parvint même — par ruse et afin de ne pas en être séparée — à l’introduire dans la section réservée au femmes à Birkenau. « La surveillante SS ignorait qu’il était défendu d’amener des enfants lors d’un transport. Elle joua avec la petite. » Mais un responsable SS, Buntrock (qui s’occupait vraisemblablement de l’hôpital), s’aperçut de la disparition de l’enfant. Il convoqua la mère qui dut lui révéler la vérité. Fut-elle punie et son bébé tué comme le voudrait la thèse officielle ? Non :

Après l’avoir interrogée, [Buntrock] lui dit finalement qu’en vertu de son courage et de son amour maternel, elle pourrait rester avec son enfant au camp des femmes. Il n’y avait aucun doute : le SS Buntrock avait été ému[22].

Mentionnons également Ruth Iliav qui arriva à Auschwitz en décembre 1943. Alors qu’elle en était à son septième mois de grossesse, elle fut sélectionnée et partit à Hambourg pour y effectuer des travaux de déblaiements. Mais son état ayant été déclaré par la chef de chambre, un médecin SS l’envoya, ainsi qu’une autre, à Ravensbrück Nous recevons des vivres pour le voyage et quittons Hambourg pour […] Ravensbrück »). Là, on s’aperçut que leur numéro ne faisait pas partie du camp et on les renvoya à Auschwitz. Elle déclare : « La nouvelle arrive jusqu’aux oreilles du docteur Mengele. Et nous recevons bientôt sa visite ». Va-t-il les envoyer au crématoire comme le veut la thèse officielle ? Non :

Il nous ordonne d’aller au quartier réservé pour les malades et d’attendre là l’accouchement. J’attends pendant dix jours, pendant dix jours le docteur Mengele vient me voir. Les douleurs commencent. Une sage-femme détenue me met sur le sol et l’aide à accoucher. Mon premier enfant. Une petite fille. J’aurai bientôt vingt-et-un ans. Malgré la misère, j’éprouve pour la première fois le bonheur d’être mère[23].

R. Iliav n’eut toutefois pas la chance de Mme Hanzel : son enfant décéda au bout de huit jours[24].

Quoi qu’il en soit, j’y vois une confirmation qu’à Auschwitz, les femmes enceintes furent admises au camp et qu’elles y accouchèrent. Mais peut-être m’accusera-t-on de généraliser à partir de quelques témoignages personnels. Je soumets donc au lecteur le document F-274, qui se veut de portée plus générale. On lit :

A Ravensbrück et à Auschwitz, l’inhumanité des Allemands s’exerçait surtout sur les femmes enceintes. Beaucoup d’avortements par piqûre furent pratiqués. Celles auxquelles leurs enfants furent laissés durent travailler normalement (c’est-à-dire à des terrassements ou divers travaux de force) durant les premiers mois de leur grossesse. L’accouchement était pratiqué dans des conditions convenables par des sages-femmes détenues, mais une heure après, la mère devait elle-même regagner son block habituel. L’enfant ne recevait aucun soin, et nous avons le témoignage d’une jeune mère qui fit la toilette de son enfant, le lendemain de sa naissance, avec l’ersatz de café qu’elle avait reçu à son premier déjeuner (Doc RAV. M.D.)[25].

Bien que le document dépeigne la vie au camp sous un jour sombre, on y trouve une nouvelle confirmation que les femmes enceintes étaient admises à non seulement à Ravensbrück[26] mais aussi à Auschwitz, que certaines gardèrent leur enfant, qu’elles accouchèrent « dans des conditions convenables » et que, visiblement, leur enfant survécut.
Lorsqu’on sait cela, on n’est pas surpris d’apprendre qu’en 1983, un « Rassemblement américain des survivants juifs de l’Holocauste » fut organisé à Washington D.C., et qu’un des organisateurs brandissait l’écriteau suivant : « Les survivants qui sont nés ou ont vécu à Auschwitz (Oswiecim) se rencontreront à… »[27]. Ce fait confirme que des juifs sont nés à Auschwitz et qu’ils ont vécu et même survécu au camp. Dès lors, que reste-t-il de la thèse officielle ?

Le cas des enfants déportés


Venons-en maintenant aux enfants déportés. Le cas le plus intéressant reste de celui des petits juifs et des petites juives arrêtés lors de la rafle du Vel’ d’Hiv’ en juillet 1942. Comme nous l’avons vu, les Allemands n’en voulaient pas. Dans son étude déjà citée, E. Aynat écrit :

Eichmann avait décidé, en fin de compte, que l’on déporterait les enfants juifs arrêtés lors de la grande rafle des 16 et 17 juillet. Ceci étant dit, il est important de souligner que, d’après le document, les enfants juifs allaient être déportés dans le Gouvernement général, non à Auschwitz. Auschwitz fut en effet incorporé au territoire du Reich en septembre 1939 et ne fit jamais partie du Gouvernement général. Ce détail mérite d’être souligné car il montre qu’au moins jusqu’au 20 juillet 1942, A. Eichmann, le responsable le plus élevé de la déportation des juifs, n’avait pas envisagé d’exterminer les enfants juifs français à Auschwitz[28].

Dans son ouvrage, R. Hilberg confirme indirectement cette assertion lorsqu’il écrit :

Le programme de Himmler prévoyait que tous les juifs non productifs seraient déportés dans le Gouvernement général avant la fin de 1942[29].

Toutefois, les enfants juifs de France connurent un sort un peu différent de celui qui était prévu. Dans son étude, E. Aynat explique que le 11 août 1942, la police allemande de Paris envoya un télétype au RSHA afin de savoir comment la déportation aurait lieu. Il poursuit :

Deux jours après, le RSHA répondait par un autre télétype qui ordonnait d’envoyer les enfants juifs « progressivement » (nach und nach) avec les convois d’adultes prévus à Auschwitz. En « aucun cas » (keinesfalls) ne pouvaient être mis en route des convois composés exclusivement d’enfants. Ce télétype porte un en-tête semblable au premier : « Concerne : déportation de juifs à Auschwitz, là-bas évacuation des enfants juifs »[30].

Et Aynat d’expliquer :

A notre avis, il faut interpréter ces documents de la manière suivante : il était prévu au départ de déporter les enfants juifs dans le Gouvernement général, mais, comme il n’était pas conseillable — certainement pour des raisons de propagande — de faire rouler des convois composés en totalité d’enfants, on décida de les envoyer petit à petit, mêlés aux juifs adultes, dans les convois destinés à Auschwitz ? Une fois là-bas (dort hier), à Auschwitz, les enfants seraient déportés de nouveau, probablement vers le Gouvernement général. Cette interprétation respecte le texte des en-têtes des télétypes en même temps qu’elle est cohérente avec le contexte.
En somme, ce qui ressort de l’examen de ces documents est que le but principal des Allemands était de fournir de la main-d’œuvre juive à l’industrie de guerre située à Auschwitz. En ce qui concerne la déportation des enfants et des personnes inaptes au travail, l’intention était de les déporter vers le Gouvernement général. Néanmoins, en raison des circonstances, il furent également déportés à Auschwitz, même s’ils n’y furent probablement qu’en transit.
Cette version semble pouvoir s’accorder avec la thèse généralement acceptée de la déportation en vue de l’extermination. Si les Allemands avaient vraiment voulu anéantir tous les juifs, ils n’auraient pas pris la peine de réaliser de longs mémorandums sur les conditions que devaient réunir ceux qui étaient envoyés en déportation, ni n’auraient hésité à y inclure les enfants. La logique aurait voulu que, dès le départ, ils déportent tous les enfants qu’ils arrêtent [Ibid., pp. 18-9].

Le cas des enfants juifs raflés à Paris atteste qu’Auschwitz servit également de camp de transit, y compris pour les inaptes au travail. Ils y passaient mais n’y restaient qu’un temps, avant de partir ailleurs. Ce fait est capital, aussi vais-je y consacrer quelques développements.
 
Reply

Share


Thread
Display Modes


All times are GMT -5. The time now is 09:10 AM.
Page generated in 3.29213 seconds.